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La méthanisation présente un intérêt manifeste…

Mardi 20 septembre, une matinée/conférence s’est déroulée dans l’Arrageois sur la méthanisation. A cette occasion, un manifeste s’est signé pour cette production énergétique écologique dont le développement revêt un enjeu économique évident pour la région des Hauts-de-France…

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La méthanisation, écologique et économiquement durable

A l’initiative du CORBI (Comité d’Orientation Régional Biométhane Injection), une série de tables rondes autour de la méthanisation s’est tenue dans le très prisé Artois-Expo. Ses enjeux, ses axes de développement, ses difficultés etc., tous les sujets ont été abordés sans tabous avec une présence politique et économique de haut vol, Philippe Vasseur Commissaire spécial à la revitalisation et à la ré industrialisation des Hauts-de-France, Philippe Rapeneau Vice-président délégué au développement durable, à la Troisième Révolution Industrielle et à la transition énergétique Conseil Régional Hauts-de-France et Jean-Jacques DUBOIS Directeur clients -territoires Nord-Ouest GRDF.

Le principe de la méthanisation repose sur un procédé biologique, en aérobie, permettant de valoriser des matières organiques en produisant du biogaz, une source d’énergie renouvelable. Les agriculteurs sont en tête de liste de cette nouvelle énergie verte et au premier rang pour l’utilisation des matières premières. Tout converge vers des collectifs d’agriculteurs afin de porter des projets d’unité de méthanisation, voilà pour le décor visible de cette nouvelle économie.

Certes, c’est un projet chargé de valeurs car la vulgarisation d’unité de traitement de biogaz injecté chez les agriculteurs conduirait à leur apporter un revenu complémentaire, voire plus, avec une activité supplémentaire et de fait de l’emploi local. Pour autant, quel est son avenir car comme pour toute innovation, c’est l’usage qui détermine sa percée ou son échec.

Etat de l’art

En France, il existe 22 unités de méthanisation dont 5 dans la région des Hauts-de-France mais surtout 40 dans les cartons régionaux. L’ambition affichée du CORBI est de devenir la première région européenne d’injection de biométhane d’ici 2020. La fusion de la région picarde apporte un souffle nouveau avec plusieurs projets sur le point d’aboutir. Même si le CORBI est une construction purement nordiste » la Picardie rattrape le Nord Pas-de-Calais« , acquiesce Didier Cousin, le directeur nord GRDF.

Avant ce débat, Philippe Vasseur, en propos liminaires, a confirmé l’intention et le soutien du Conseil régional des Hauts-de-France « le déchet est une future source d’énergie. C’est également un enjeu économique car ce sont des emplois locaux, non délocalisables. Dans cette région, on y croit« . Un institutionnel très influent dans l’orientation des fonds européens qui serait prêt à flécher « la réalisation d’unité de méthanisation voire d’un technocentre« , ajoute le vice-président de la région des Hauts-de-France.

Les dérivés

Le biogaz injecté, ou biométhane, peut se décliner en bio GNV (Gaz Naturel Véhicule), c’est une autre filière extrêmement porteuse en terme de développement car chose rare, le marché est là sous nos yeux, les transports collectifs, les flottes de poids lourds etc., il devient assez rare de cerner un panel de clients conquis d’avance sauf que…

La problématique demeure la distribution, il n’existe qu’une seule station de distribution de GNV dans les Hauts-de-France, elle est située sur Valenciennes (à ne pas confondre avec la GPL). Clairement, ce développement économique et écologique pâtit d’un attentisme inquiétant. Toutefois, des fenêtres s’ouvrent avec, à titre d’exemple, le témoignage des exploitants du Port de Lille très intéressés par cette démarche « nous avons été questionnés par des transporteurs des pays du nord sur voie d’eau« . Gros contenant, forte capacité de consommation, c’est une évidence les barges de containers au carburant GNV constituent un marché naturel.

Acceptabilité…

C’est le fil rouge, l’écueil rencontré pour toute installation d’une unité de méthanisation. L’odeur, et notamment pour les sites alimentés par des déchets alimentaires, amène une inquiétude populaire, une levée de bouclier local… la résolution de cette problématique est vitale.

Bien sûr, chaque unité a ses propres motifs, ses propres solutions, du groupe d’agriculteurs dont l’objectif premier est la production d’engrais, d’une unité de biogaz injecté pour la revente d’énergie etc.  » Souvent, une fois que vous montrez à la population votre projet et mieux encore votre installation, l’acceptabilité est plus rapide« , souligne un exploitant d’une unité de biogaz injecté.

… financière !

méthanisationAutre fossé de taille, l’acceptabilité financière car les organismes financiers sont d’une frilosité extrême. Endettement trop important, masse salariale significative, rentabilité trop lente…, dans le rêve du banquier, il faudrait une rentabilité à deux chiffres, sans emprunter trop et surtout avec le minimum de charges salariales. Cette vision scolastique de l’économie paralyse l’initiative et l’engagement parfois visionnaire de chefs d’entreprises audacieux et perspicaces. Durant cette matinée, les témoignages des porteurs de projets furent édifiants à cet effet comme celui de l’entreprise Chaumeca.

Un jour, il faudrait que la verticalité de la rentabilité fasse place à l’horizontalité de l’économie de terrain, c’est d’ailleurs le seul moyen de développement pour la méthanisation. En effet, il faut soutenir une idée économique et écologique, pas pour générer un haut de bilan à se pâmer mais une énergie propre, autour d’emplois locaux et c’est déjà énorme en terme sociétal. Le même banquier viendra se plaindre en voyant des industriels étrangers arrivés avec des projets clés en main et de fait occulter toute opération locale.

Bien sûr et fort heureusement, il y a l’ADEME, la CCI régionale, le CERDD etc. prêt à soutenir une filière en évolution permanente et d’avenir.

Un manifeste

Un collectif de professionnels de toute la chaîne de la méthanisation s’est constitué dans cette région. Il s’appelle « METHANIA « , son objet est une lisibilité pour les acteurs institutionnels, économiques mais également une chaîne de qualité régionale dans le process de méthanisation car la concurrence, outre-Rhin notamment, est déjà vive dans le domaine www.methania.fr

Autour de ce collectif de progrès se glisse un projet régional. En effet, un appel d’offres va être lancé dans le cadre de la réalisation d’un technocentre « à la fois vitrine technologique, centre de recherche et développement voire une plateforme de rendez-vous industriel. Nous voulons aller assez vite« , souligne Philippe Vasseur. Les territoires postulants seront nombreux pour accueillir ce technocentre, véritable tête de pont d’une politique énergétique tournée vers la méthanisation.

Cette matinée d’échanges autour de la méthanisation fut l’occasion de signer un manifeste pour le développement de cette énergie renouvelable avec tous les acteurs, région, haut-commissaire, Chambre d’agriculture et GRDF.

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Christophe BUISSET, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture Hauts de France / Philippe Rapeneau Vice-président délégué au développement durable, à la Troisième Révolution Industrielle et à la transition énergétique Conseil Régional Hauts-de-France ( debout : Marie -Sophie LESNE) Vice-Présidente déléguée à l’agriculture et l’agro-alimentaire / Philippe VASSEUR Philippe Vasseur Commissaire spécial à la revitalisation et à la ré industrialisation des Hauts-de-France/ Jean-Jacques DUBOIS Directeur clients – territoires Nord-Ouest GRDF)

Qu’on se le dise, si le développement de la méthanisation ne se fait pas sur ce territoire, il se fera ailleurs voire à l’étranger et la France achètera du biogaz tôt ou tard en cas d’échec sur notre sol. Une erreur politique et économique un jour se paye cash un autre jour. L’abandon de l’Eco-Taxe pour le soutien au développement des autres transports, et notamment du fret ferroviaire, a été le lisier de la crise à Belfort. Ne rejouons pas ce scénario, il est temps d’embrayer biogaz injecté !!!

 

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