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Ségolène Neuville : « Le handicap est au coeur du mieux-vivre ensemble »

Outre la présence de la Secrétaire d’Etat, Ségolène Neuville, l’inauguration officielle, sur Marly, d’un établissement pour autistes adultes d’une part, et pour des personnes déficientes intellectuelles de plus de 18 ans d’autre part, fut l’occasion d’exposer la direction d’une politique du handicap revisitée (personnalités et personnel d’encadrement).

(de gauche à droite, Jean-Marc Borello, Geneviève Mannarino, Ségolène Neuville, Fabien Thiémé et Didier Knauss)

Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS : «  Une civilisation se mesure dans la manière dont on traite les plus fragiles ».

Cette structure, comprenant 30 lits pour adultes autistes, et 30 lits pour adultes souffrant d’une déficience cognitive lourde, est opérationnelle depuis avril 2016. Sous la houlette de son directeur Eric Knaus, elle répond à un besoin sur ce territoire « la liste d’attente sur le Valenciennois est encore très longue », ajoute Guy Sebbah, médecin délégué général pour le groupe SOS.

La venue de la Secrétaire d’Etat, Ségolène Neuville, en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, est symptomatique sur les besoins, mais également sur une nouvelle philosophie politique concernant la personne handicapée. En effet, les premières lois sur le handicap, dès 1975, puis en 2005 n’ont pas imprimé dans la prise en charge le fait qu’une personne souffrant d’un handicap, en l’occurrence intellectuelle, puisse devenir un sénior. On n’a pas réfléchi à cette nouvelle longévité en amont et les problématiques s’imposent, l’espérance de vie a gagné 30 ans, en quelques décennies à peine, pour ces citoyens à part entière, contre 30 ans sur un siècle pour les personnes valides. Aujourd’hui, la réaction politique doit être à la mesure de cet enjeu de société.

Le site de Marly

Jean-Marc Borello, Eric Knauss et Segolène Neuville
Eric Knauss, Guy Sebbah et Segolène Neuville

Dès son arrivée, la Secrétaire d’Etat souligne « je ne suis pas le ministre du logement, les bâtiments, d’une grande qualité comme celui-ci, c’est bien, mais… Par contre, moi, je viens voir les résidents et les professionnels qui y travaillent ».

Aux portes de la ville de Marly, Avenue Henri Barbusse,  un FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé) est opérationnel avec 24 résidents en internat et 6 en accueil de jour de 18 à 27 ans, puis un FAS (Foyer d’Accueil Spécialisé) de 30 lits destiné à des personnes adultes de 18 à 55 ans, souffrant d’un handicap intellectuel (schizophrène, etc.)

Un projet structurant attendu, mais qui revient de loin. En effet, l’autorisation d’installation d’un établissement a été octroyée à l’association « Hospitalor »  sous le mandat de Philippe Duée. Malheureusement, les difficultés de cette entité associative ont laissé ce dossier au fond d’un carton. «  Nous avons repris cette association, sauvé 4000 emplois au passage, et dans le même temps remonté à la surface des vieux dossiers. Clairement, c’est l’accueil et la volonté du maire de Marly qui a joué en faveur de ce projet », explique Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS.

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Pour attirer cette association SOS, la commune de Marly n’a pas lésiné. En effet, après l’acquisition du foncier pour un montant de 300 000 € auprès de l’hôpital public de Valenciennes, la ville «  a cédé pour l’euro symbolique le terrain ai Groupe SOS », précise Fabien Thiémé, le maire de Marly. Cette association Groupe SOS est d’une envergure imposante, une véritable entreprise avec 15 000 salariés, dont 1 000 dans les DOM (Départements d’Outre-Mer), sur 405 établissements «  nous sommes même sollicités pour une création sur St-Pierre et Miquelon (TOM) », précise Jean-Marc Borello.

Cet établissement est dans la cité, physiquement, mais aussi à travers un partenariat collaboratif. «  Nous organisons une chorale, un atelier de percussion, l’accès à la ludothèque, à la salle des sports, au club de gym, une collaboration dans le cadre d’un jardin partagé etc. », précise Fabien Thiémé.

« Je lance un appel à candidature pour un médecin coordonateur (1 journée par semaine) devant traiter les admissions », Guy Sebbah

Salon et espace télé dans le FAM
Salon et espace télé dans le FAM

Au niveau de l’équipement, le FAM est en rez-de-chaussée, lumineux, avec un espace d’accueil, ou de transition, 3 ailes distinctes avec de 8 à 9 chambres ; puis un véritable salon avec espace télé ; le mobilier est adapté afin d’éviter toutes dégradations. Bien sûr, vous avez une salle de retrait ou d’apaisement. « Une fois par semaine, un résident en crise doit intégrer cette salle durant 2 heures afin de ne pas se blesser », précise le directeur Eric Knauss. Ces jeunes adultes sont accompagnés par des aides-soignants, des infirmières, « cela représente 58 emplois sur les deux structures (FAM/FAS) », précise  Jean-Marc Borello.

Evidemment, la prise en charge d’adultes autistes, parfois avec des troubles associés, nécessite un accompagnement éducatif, mais également un niveau de soins  optimal. « Au niveau somatique, nous avons d’excellentes relations avec le CHV (Centre Hospitalier de Valenciennes). Nous demandons également aux familles des résidents de solliciter les médecins traitants. De plus, les trois infirmières présentes sur ce FAM sont très implantées sur le secteur, elles obtiennent des rendez-vous rapidement.  Je lance un appel à candidature pour un médecin coordonateur (1 journée par semaine) devant traiter les admissions », souligne Guy Sebbah. Ensuite, le rapport avec l’hôpital psychiatrique, encore sur St Saulve, est en construction : « Nous apprenons à nous connaître depuis un an. Il est nécessaire que le pôle psychiatrique fasse confiance au personnel du FAM, sans attendre une validation d’un médecin », précise Eric Knauss.

Concernant le FAS, ce public est potentiellement moins agité, même avec une déficience cognitive lourde, mais répond à un besoin important sur le Valenciennois. Ce FAS est situé à l’étage, salles communes, chambres individuelles, activités multiples, tout est mis en oeuvre pour une qualité de prise en charge, de vie car c’est bien l’objet de ces équipements.

«  La liberté de choix pour les personnes handicapées », Ségolène Neuville.

Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS : «  Une civilisation se mesure dans la manière dont on traite les plus fragiles ». Voilà pour poser le débat et la philosophie générale de la prise en charge des personnes souffrant d’un handicap.

En présence de Geneviève Mannarino, conseillère départementale en charge du handicap, de la directrice de l’ARS, la Secrétaire d’Etat expose les nouvelles orientations pour la prise en charge des personnes handicapées.

Premièrement, le pratico-pratique n’est pas superflu. Hier, une personne handicapée avait une carte pour le stationnement, une autre comme justificatif de son statut… Aujourd’hui, une nouvelle carte unique, et numérique, dite « mobilité inclusion » est en place, depuis le 01 janvier 2017, au bénéfice des personnes handicapées. La secrétaire d’Etat a, d’ailleurs, visiter l’imprimerie nationale émettrice de cette nouvelle carte à puce sur Flers-en-Escrebieux (nord).

Ensuite, la nouvelle donne politique est « la liberté de choix pour la personne handicapée à travers la loi dite de- l’accompagnement pour tous- », explique Ségolène Neuville. «  Je ne peux pas en venant dans le Valenciennois occulter la proximité de la Belgique. L’objectif de la loi Touraine est d’éviter des départs supplémentaires vers la Belgique. Il faut stabiliser les adultes et enfants que nous évaluons à 6 000 environ dans ce pays », précise la Secrétaire d’Etat.

Pour atteindre cet objectif ambitieux « pour une société inclusive, nous avons construit 23 000 places pour ces publics en France. Même si les établissements ne sont pas toutes les réponses, c’est une solution proposée », précise la Secrétaire d’Etat.

Ensuite, la nouvelle loi change l’approche de la personne handicapée. « Avant, elle bénéficiait d’un diagnostic de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), et puis elle était laissée dans la nature. Aujourd’hui, elle peut demander à la MDPH de réunir tous les acteurs concernés pour lui trouver une solution adéquate, la loi l’impose », indique Ségolène Neuville. Par delà cette approche, l’Etat veut «  redonner son rôle premier aux MDPH, celui de l’orientation de la personne handicapée. Pour y arriver, des outils numériques sont en cours déploiement », ajoute-t-elle. C’est clair, le délai de traitement des dossiers par la MDPH constitue (encore) un véritable problème. La loi de modernisation de l’Etat, et sa dématérialisation tous azimuts, devrait accélérer le processus.

En tout état de cause, un choix serait possible pour les familles des personnes handicapées «  et surtout, la loi veut assouplir le système des autorisations. Parfois, une personne handicapée habite à proximité d’un établissement comme celui d’aujourd’hui, et ne peut y accéder car elle ne remplit pas les bonnes cases », explique Ségolène Neuville. On ne peut que souscrire à cette volonté de lutter contre notre système normatif paralysant la fluidité des admissions de bon sens !

Le 4ème plan autisme

Toute cela s’articule autour d’une ligne politique générale «  le 3ème plan autisme 2013-2017 (influencée par Pénélope Fillon sous-entendait les médias à l’époque) a permis la scolarisation en milieu ordinaire de 30% d’enfants autistes supplémentaires. Par contre, ce 4ème plan est plutôt tourné vers les autistes adultes », ajoute la Secrétaire d’Etat. On le subodore ici, le changement de gouvernement n’impacte pas trop la philosophie générale. Parfois, les fonds promis s’envolent, mais en l’occurrence la rationalisation des procédures, plus de souplesse, via des nouveaux outils numériques, est inarrêtable. D’autres pistes sont expérimentés pour «  le maintien à domicile, comme dans les habitats partagés », ajoute-t-elle.

Bien sûr, le Conseil départemental demeure un acteur incontournable dans la prise en charge de la personne handicapée. Pour rappel, l’enfant autiste, ou déficience intellectuelle, est pris en charge 100% par la CPAM, et parfois en Belgique. Par contre, pour les adultes, le département cofinance  avec l’ARS les FAM, et subventionne à 100 % les FAS.  Dans cette optique, le Conseil départemental «  a mis en place des CEPOM (plans de financement sur plusieurs années) pour toutes les structures, une initiative permettant une meilleure lisibilité sur la durée », argumente Geneviève Mannarino, mais il faut préciser qu’une diminution budget était assortie à l’enveloppe globale, réduction de déficit oblige… !

Enfin, simultanément, la Secrétaire d’Etat, et la Conseillère départementale, ont regretté « que l’on ne parle passez du handicap dans cette présidentielle », mentionne Geneviève Mannarino, car celui-ci «  est un sujet majeur, c’est un projet de société. Le handicap est au coeur du mieux-vivre ensemble », ajoute la Secrétaire d’Etat.

Plus d’infos sur http://www.groupe-sos.org/structures/1156/FAM_FAS_Marly

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