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Clap de fin pour le centre de vaccination Jean Mineur à Valenciennes

Ouvert depuis le 18 janvier 2021, le centre de vaccination Jean Mineur à Valenciennes a fermé ses portes ce mercredi 30 mars 2022, une page sanitaire singulière est tournée. Retour sur cette période inédite avec le Dr Jacques Franzoni, Président du CPTS Grand Valenciennes, où une pandémie a incontestablement modifié le paysage organisationnel de la santé… de proximité.

Jacques Franzoni : « Le centre Jean Mineur a catalysé les acteurs de santé du territoire »

Avant de parler de cette évolution structurelle et organisationnelle pour la vaccination, il faut évoquer l’année 2020 et la sidération des professionnels de santé, notamment en milieu hospitalier. Installé sur Raismes depuis 2013, ancien médecin en réanimation, Jacques Franzoni explique « je suis venu aider les collèges dès mars, puis juin, et en novembre 2020 en réanimation au Centre Hospitalier de Valenciennes ». Très marqué sur le déroulement de cette tempête planétaire « où les gens mourraient tous seuls. Nous n’avions aucun recul sur le virus, c’était affreux. Nous avons appris dans les pratiques médicales face à la Covid. D’ailleurs, durant la 2ème vague, nous avons eu deux fois plus de cas avec deux fois moins de morts », ajoute-t-il.

Si aujourd’hui les infections au variant Omicron sont élevées, le milieu hospitalier n’est pas plus tendu qu’à l’ordinaire même si des patients meurent encore chaque jour de ce virus. Le professionnel rappelle une base à tous les anti-vaccins : « Le vaccin protège des formes graves de la Covid. Le meilleur exemple est qu’il n’y a pas eu de 3ème vague dans les EHPAD, car nous avions atteint presque 100% de vaccinés dans ces établissements ».

Attention, nous parlons bien de l’efficacité du vaccin, mais pas d’une immunité collective présumée. « Arrêtez de me parler de l’immunité collective, elle n’existe pas avec le nombre de variants. Par contre, nous parlons de l’efficacité d’un vaccin par rapport à un virus », commente-t-il.

Après la création de la CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé) Grand Valenciennes en juin 2020, cette expérience en période de guerre sanitaire « m’a motivé dans ma proposition d’un Centre de vaccination sur Valenciennes ». Le médecin s’empresse de préciser « qu’une CPTS n’est pas un syndicat. Aujourd’hui, nous sommes 150 professionnels de santé sur environ 1000 dans les 14 communes couvertes par le CPTS Grand Valenciennes ». A ce jour, il existe trois CPTS sur le Valenciennois, Denain, Saint-Amand-les-Eaux, et Valenciennes.

« Une collaboration sans faille de tous les acteurs », Jacques Franzoni

Transition idéale pour aborder la fermeture de ce centre Jean Mineur, car le bilan durant ces 14 mois et demi est éloquent. « Nous avons injecté 230 000 doses dont 90% de Pfizer, mais également tous les autres vaccins et même dernièrement le Novavax. Néanmoins, cette pandémie est un virage technologique vers l’ARN messager. La technique ARN a même évolué durant cette crise, on est passé d’une conservation à moins 80 degrés durant 4 semaines à moins 20° degrés durant 9 mois. Le seul bémol est que nous n’avons jamais bénéficié d’unidose », explique Jacques Franzoni.

Pour cette dernière journée, l’agenda de rendez-vous est assez léger « une soixantaine. Ces derniers jours (uniquement l’après-midi depuis début mars), nous avons essentiellement des 4ème dose, mais encore des primo-vaccinés », lance-t-il. Nous sommes bien loin des pics de vaccination, avec des pointes à plus de trois mille vaccinés par jour, sur ce Centre Jean Mineur durant l’année 2021, notamment « après le discours d’Emmanuel Macron le 12 juillet 2021 », précise-t-il. En effet, sous l’enveloppe d’une protection de l’économie via le Pass sanitaire, l’effet fut un blaast pour se faire vacciner « avec une population contrainte, pas contente, mais venant se faire vacciner. Cette initiative fut copiée par de nombreux pays européens », ajoute-t-il. Ensuite, tous les moyens furent mis en oeuvre « pour le Aller-vers à travers 127 opérations à l’UPHF, les collèges et lycées, les EHPAD, dans les collectivités locales, la précarité, le handicap, nous avons abordé tous les publics possibles », précise-t-il.

Sur la collaboration globale, cette réalité opérationnelle fut possible grâce à une collégialité face à ce tsunami sanitaire. « Le centre Jean Mineur a catalysé les acteurs de santé du territoire tout comme la collaboration sans faille de la ville de Valenciennes. Toutes nos demandes logistiques étaient satisfaites dans les meilleurs délais. Nous sommes donc capables de solidarité interdisciplinaire. Je veux mettre en avant le travail de la Pharmacie hospitalière du CHV, elle a été incroyable de disponibilité et d’efficacité pour nous livrer les produits. Tout cela doit modifier nos rapports sur la durée », indique le Président du CPTS.

Bien sûr, rien ne fut simple notamment au lancement du Centre de vaccination « le 18 janvier 2021, cette date me marquera. Après le top départ du Premier ministre pour la vaccination ciblée, nous n’avions pas encore assez de doses. Je remercie le maire de Valenciennes pour son engagement afin de trouver des doses auprès de l’ARS », poursuit Jacques Franzoni.

Rappel important, dès ce jour les personnes souhaitant se faire vacciner le pourront toujours auprès de leur médecin traitant, leur infirmier, leur pharmacien, mais « également chez une dentiste, Le Dr Poulain, elle est au taquet sur ce sujet ! », précise Jacques Franzoni.

La Covid… et après !

Evidemment, la Covid laissera des traces, des pistes de réflexion, voire une nouvelle approche de l’hôpital public, mais déjà des lignes ont bougé dans un domaine tellement arc-bouté sur ses prérequis.

Durant le confinement 1, le pharmacien pouvait reconduire une ordonnance, demain un infirmier de pratiques avancées (IPA) pourrait réaliser des actes médicaux plus importants « même si des syndicats de médecins s’opposent à cette possibilité. Soyons lucides, la concurrence entre médecins n’existe plus comme avant, nous parlons aujourd’hui d’un patient sur un territoire. Je suis tout à fait favorable pour le transfert des compétences à d’autres professionnels de santé », explique Jacques Franzoni.

Effectivement, les déserts médicaux ont remplacé une surabondance de médecins libéraux. « On a encore 20 ans à attendre avant de revenir à un nombre de médecins suffisants. D’ici là, il faut des solutions face aux déserts médicaux. Nous sommes tous au service des patients », ajoute-t-il.

La CPTS s’articule sur un socle de missions : L’accès aux soins, la prévention, et le parcours de soins, mais également les soins non programmés. Sur ce point plus complexe, une initiative est en cours au sein de la CPTS Grand Valenciennes « avec un projet de régulation en semaine de 8h à 20H des soins non programmés. Chaque professionnel consacrerait 2 heures pour répondre à cette demande. Actuellement, nous avons 15 volontaires ce qui est insuffisant pour mettre ce dispositif en place, mais surtout la rémunération (additionnelle) n’est pas assez importante, car le professionnel doit élargir ces horaires de travail pour répondre à ces soins non programmés », indique Jacques Franzoni. En clair, la valorisation de ce travail supplémentaire, nécessaire face à une carence de professionnels de santé avérée, mérite des moyens financiers adaptés à l’urgence médicale.

Cette problématique remet un sujet au centre de la table, car le maintien à domicile des personnes âgées est une piste de progrès médical et social sans oublier une économie importante pour la santé publique, sachant que le lit d’hôpital demeure un gouffre financier. « En France, nous avons 2/3 des personnes âgées en EHPAD (ou résidences séniors), et 1/3 en maintien à domicile. C’est l’inverse dans plusieurs pays européens, mais pour y arriver, il faut mieux rémunérer les infirmiers et tous les acteurs de santé intervenant à domicile. A ce stade, ce n’est pas le cas », conclut Jacques Franzoni.

Les sujets sont parfaitement identifiés, mais les moyens pas encore mobilisés. D’évidence, la santé pour tous associée à une économie d’échelle au sein de la santé publique, donc des deniers de la Sécurité Sociale, passe par plus de moyens alloués aux professionnels de santé… sur le terrain au quotidien de leurs patients.

Daniel Carlier

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