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Jean-Michel Despres : «Parler de l’amiante reste un tabou»

La reconnaissance d’une victime de l’amiante demeure un processus complexe, un parcours du combattant pour la victime. La CAPER fait partie de ces associations engagées pour soutenir les personnes atteintes de cette pathologie. Interview croisée avec Michel Lefebvre, maire de Douchy-les-Mines, et Jean-Michel Despres, président de la CAPER (Comité Amiante Prévenir et Réparer).

(Visuel Michel Lefebvre, maire de Douchy-les-Mines)

Michel Lefebvre : « Cette maladie n’est pas jugée prioritaire par le Conseil départemental »

Le 01 janvier 1997, le produit amiante est interdit en France, mais aujourd’hui encore… vous avez des pathologies liées à une exposition régulière à l’amiante qui se déclarent au fil des années. «  Tout le monde a cru qu’une fois l’interdiction officielle, le problème était réglé, alors que cette pathologie a une latence très longue, 10,15, 20 voire 50 après », souligne Jean-Michel Despres.

Pour aider les victimes dans leur démarche administrative, l’association CAPER s’est constituée en 1995 «  sous la forme de réunion d’informations publiques. Puis en 2002, nous avons commencé à traiter et archiver nos dossiers. Depuis cette date, nous avons traité 1 800 dossiers », ajoute le président de l’association CAPER.

Dans cette optique, Michel Lefebvre, ancien Conseiller départemental en charge de la santé, a fait voter une subvention «  de 100 000 €/an afin de soutenir les 4 à 5 associations dédiées à cette cause dans la région (Hauts de France aujourd’hui) », explique le maire de Douchy-les-Mines (SP 16 10 12 – délib cadre amiante (2)). Cette subvention votée, en 2012, a permis pour les budgets, 2012, 2013, mais également celui de 2014, de faciliter la vie associative de ces défenseurs des victimes de l’amiante.

Pourtant, la vue d’ensemble de ces malades a changé : « La nouvelle majorité du Conseil départemental, sous la houlette de Jean-René Lecerf, a refusé de prolonger ce soutien financier. Cette maladie a été écartée du budget », poursuit-il, intervention de Michel Lefebvre au Conseil départemental (ML – JRL associations de défense des victimes de l’amiante1) et (ML – JRL associations de défense des victimes de l’amiante2)

La pathologie de cette affection se déclare sur le long terme et elle « tue encore 40 personnes par an dont nous avons soutenu les dossiers. Au niveau national, c’est 4 000 morts chaque année », souligne Jean-Michel Despres. Bien évidemment, cette maladie n’est pas l’exclusivité de l’ex entreprise Eternit «  il y a des anciens salariés d’Usinor ou Vallourec, car si l’interdiction est intervenue en 1997, les alertes sur le sujet ne furent que quelques années avant, mais très peu alors que le danger de cette matière était connue depuis le début du XXème siècle. Le constat est limpide, parler de l’amiante reste un tabou. Tout le monde a peur d’en parler, la presse comprise », ajoute-t-il.

Et l’amiante aujourd’hui…

La réalité du terrain est simple, le quotidien du patient pour faire reconnaitre sa maladie est extraordinairement pesant, lourd, et contraignant. Il faut toute la volonté de certaines associations à la volonté insubmersible, comme la CAPER, pour porter ces dossiers. « Mais, aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’obtenir une reconnaissance médicale, elle est délivrée au compte-gouttes par la CPAM. J’ai le sentiment, mais ce n’est qu’une impression, qu’il y a des quotas à la CPAM et qu’une fois dépassé, c’est fini ! », ajoute Jean-Michel Despres. Ensuite, la volonté de la CAPER est de faire reconnaître cette pathologie comme maladie professionnelle. « Et là également, c’est de plus en plus compliqué auprès du TASS (Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale). J’ai peur que nous restions avec seulement la FIVA (Fonds d’Etat) pour seule indemnisation », poursuit Jean-Michel Despres.

Même la matière, si elle n’est plus autorisée, reste « très présente. Cela représente 60 kg par personne. L’amiante restante part dans des sites d’enfouissement, mais il n’y a aucune politique d’éradication définitive de l’amiante », conclut Jean-Michel Despres.

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