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Marie Pierre Dion n’est plus la conservatrice de la Médiathèque de Valenciennes

Marie Pierre Dion a été remerciée à la fin de la semaine dernière par la ville de Valenciennes. Dire que c’est un événement de l’histoire patrimoniale, c’est bien peu car Marie-Pierre Dion était en fonction depuis 1985 comme conservatrice de la médiathèque de Valenciennes. Le ministère de la Culture est informé… de l’incident !

Une page de l’histoire patrimoniale de Valenciennes

Marie-Pierre Dion avait un statut un peu particulier. En effet, son poste était directement rattaché à l’Etat puisqu’elle bénéficiait d’une convention de mise à disposition, par l’Etat, auprès de la ville de Valenciennes. Cette convention triennale courait depuis 32 ans. Un renouvellement était opéré tous les 3 ans même « si les missions étaient parfois changées », indique une source proche du dossier. Cette rupture de convention est actée par un courrier du 20 mai 2017.

Marie-Pierre Dion est arrivée avant l’avénement de Jean-Louis Borloo, les archives de presse mentionnent parfaitement son implication dans le projet, une coconstruction de la rénovation de la nouvelle médiathèque de Valenciennes, réouverte en 1994, soit une année avant celle du Musée de Valenciennes en 1995.

Ensuite, dans le milieu des années 90, la médiathèque de Valenciennes obtient une reconnaissance nationale, voire mondiale, car la Cantilène de Sainte Eulalie fut le premier document numérisé en France.  De facto, mis à disposition sur les réseaux numériques, et consultable partout sur la planète, une révolution avec à la baguette Marie-Pierre Dion. Les initiés de l’époque peuvent témoigner de l’innovation de cette démarche, les universités américaines consultaient cette Cantilène etc. , un sacré coup de publicité pour le Valenciennois à l’époque.

La vie de la Médiathèque s’est poursuivie à travers une numérisation massive du patrimoine livresque. Un chantier au long cours promeut par Patrick Roussies, ancien adjoint à la culture, et bien sûr par Geneviève Mannarino, nouvelle à cette fonction depuis avril 2014. Marie-Pierre Dion, très discrète hors de sa mission, avec sa voix fluette faisait partie du décor culturel de la ville de Valenciennes. Elle avait su s’imposer avec le temps et mener à bien ses missions. Dans le cas contraire, ses conventions avec l’Etat n’auraient pas été reconduites onze fois de suite par la ville-centre… !

Une fin anticipée de la convention de mise à disposition ?

mariepeiieAujourd’hui, l’étonnement vient de l’initiative de la majorité municipale souhaitant une fin anticipée de la dite convention de mise à disposition de Marie-Pierre Dion, par l’Etat, au profit de la ville de Valenciennes. En effet, la dite convention avait redémarré en 2016, pour 3 ans. Elle est de fait rompue par anticipation. « Il n’y a pas de faute grave », précise une source proche du dossier. Par voie de conséquence, l’ancienne directrice de la Médiathèque bénéficie de 3 mois de préavis… point final après 32 ans en fonction au sein de la ville de Valenciennes.

La raison première serait un engagement plus fort de la ville de Valenciennes en faveur de la lecture publique, ô combien vertueuse, mais moins vers le patrimoine !  Certes, beau challenge, mais cela nécessite-t-il de congédier manu militari une actrice majeure en terme patrimonial et culturel ? C’est une démarche un peu cavalière.. n’est-il pas !

A tout égard, l’inspection générale des bibliothèques est saisie suite à cet incident, une instance pilotée par le Ministère de la Culture… le nouveau ministre va pouvoir se pencher sur ce dossier !

Perte d’identité… ?

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAvec un peu de recul, on se rappelle que Jean-Louis Borloo est arrivé e 1989 avec un item central pour faire redémarrer la ville centre, la culture ! Sans refaire l’histoire , on se rappelle de la fameuse « Bataille des épouses » pour inciter les grands investisseurs, et les cadres à venir sur Valenciennes. On se souvient aussi que Dominique Riquet a octroyé durant des années un budget conséquent, presque inégalé en France pour des villes de même strate, sur cette thématique. Son alter ego, adjoint à la culture, Patrick Roussiès, a conduit de main de maître cette politique ambitieuse à plus d’un titre.

Dans le même temps, le programme du candidat Laurent Degallaix faisait office d’un Musée de la dentelle afin de sauver l’épineux cas du Mont de Piété. Que nenni, le Mont de Piété a été vendu à un promoteur privé avec comme résultante un rez-de-chaussée occupé en partie par l’Office de Tourisme, et un Musée de la dentelle au sein de la Maison espagnole dans le temps. Ensuite, les 2/3 du Mont de Piété sont réservés à des logements privés, et par suite plus accessible au public.

Ensuite, l’hippodrome pour lequel la ville de Valenciennes avait investi sur le clos et le couvert, mais avait également porté un projet public, pour ce site, par Dominique Riquet. Là encore, cette pépite patrimoniale, rare en France, a été vendue à un opérateur immobilier privé dans le cadre de la création d’un marché, couvert privé, avec 19 cellules individuelles destinés à des commerçants indépendants dans l’alimentaire. Par contre, ce site revient à ces origines car c’était déjà un marché couvert extrêmement prisé à une époque lointaine. Toutefois, certains professionnels de proximité craignent déjà l’arrivée d’une nouvelle concurrence, et se sont exprimés sur le sujet durant l’Assemblée générale des Boutiques de Valenciennes.

Enfin, ce remerciement anticipé d’une personnalité du patrimoine de Valenciennes, deux ans avant le terme de la fin de sa convention est bizarre autant qu’étrange. L’ère de la culture et du patrimoine serait-il en fin de parcours sur la ville de Valenciennes ? Certes, le conservatoire a connu une magnifique réhabilitation, mais c’était un dossier initié par Dominique Riquet, le Musée de Valenciennes a connu un lifting intérieur intéressant, mais incontournable, on procède actuellement au nettoyage des magnifiques sculptures cheminant le centre-ville, installées sous l’ère Dominique Riquet, mais doit-on se passer des hommes et des femmes qui incarnent cette culture à Valenciennes, sans passage de témoin, et avec rudesse ?

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