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Ludovic Bouvier « il faut arrêter l’hypocrisie des politiques sur Vallourec »

4ème jour de grève à la Tuberie de Saint-Saulve, une réunion syndicale inter-sites industriels avait lieu au local de la CGT sur Valenciennes, l’heure n’est plus aux négociations, à l’écoute des discours… politiques !

(Emile Vendeville et Ludovic Bouvier)

La lente agonie de la production d’acier dans le Nord !

Avec la suppression de 164 emplois à la Tuberie, cette nouvelle claque sociale du 28 février dernier donne l’impression d’être le coup social de trop, celui qui fait déborder la marmite. « Encore en 2018, on nous a parlé d’avenir pour ce site, même si nous perdions de l’argent, il fallait continuer à croire dans cette entreprise. On pouvait sauver l’usine. Franchement, on se doutait d’une issue comme celle-ci en 2019, mais là, nous ne l’avons pas vu venir », explique Denis Delbeq, délégué syndical à la Tuberie de Saint-Saulve. Le point final est tout autre « on nous demande d’honorer la commande des clients. Vu le taux de retard… Heureusement, tout le monde est concerné par cette grève, cadres et ouvriers », poursuit-il !

Et en même temps, Ascoval juste à coté « la grève de la Tuberie bloque notre production, on ne peut plus transporter nos barres. Néanmoins, nous soutenons 100 % la grève de la Tuberie », explique Nacim Bardi, délégué syndical CGT chez Ascoval.

« Philippe Crouzet et le Groupe Vallourec veulent opposer les salariés entre eux, mais nous restons unis car tout le monde sait pour l’avenir de l’acier dans le Nord », ajoute Ludovic Bouvier, responsable CGT pour la Métallurgie. Un propos conforté d’un représentant de Vallourec sur Aulnoye-Aymeries « dans deux jours, nous ne serons plus alimentés non plus, mais nous sommes solidaires de la Tuberie ».

« Les politiques sont malhonnêtes », Ludovic Bouvier

Le 14 mars prochain, le Tribunal de Commerce de Strasbourg va donner sa réponse sur la validité de cette reprise pour l’entreprise Ascoval « dont on savait depuis le début qu’elle ne survivrait pas. Pour autant, les juges vont regarder les comptes, et si nous sommes en arrêt de production », souligne un représentant syndical.

Et en même temps… « la première réunion pour le PSE de la Tuberie est le 14 mars également », ajoute Denis Delbecq.

Cet enchevêtrement n’est pas un hasard «  il faut que les politiques disent la vérité sur Vallourec. Que ce soient les élus locaux, régionaux, nationaux, tout le monde sait. Il faut arrêter l’hypocrisie des politiques sur Vallourec ». Aucun n’élu ne trouve grâce à leurs yeux et ils vont même plus loin.

« Emmanuel Macron est venu rassurer les dirigeants de Toyota sur les futurs terrains pour leur zone de stockage », assène Emile Vendeville. Pour conforter ses dires, la conversation s’oriente sur le fameux Canal Seine Nord… « Lors d’une réunion au mois de janvier à la région, alors que nous étions là pour parler d’emplois, Valérie Létard nous a parlé pendant 30 minutes de 26 hectares de terrain bord à canal…, c’était hallucinant ! », précise Nacim Bardi d’Ascoval !

En clair, le futur Canal Seine Nord précipiterait la chute de l’acier dans le Valenciennois ? « Les charognards n’attendent même pas pour négocier les terrains, et demander des aides de l’Etat », ajoute Emile Vandeville.

Laurent Degallaix et Jean-Louis Borloo, en tête de gondole durant la venue d’Emmanuel Macron chez Toyota, ne sont pas épargnés « tout le monde savait, même en région, comment pouvaient-ils l’ignorer. Qu’ils le disent, de Dunkerque à Aulnoye-Aymeries, c’est la fin de l’acier. Les politiques sont malhonnêtes. Tous les élus disent qu’ils sont à nos cotés et personne ne dit la réalité, c’est devenu insupportable », poursuit Ludovic Bouvier.

« Les investisseurs se bousculent », a souligné Valérie Létard aux syndicats…, sauf que « jamais vous ne retrouverez le même nombre d’emplois dans la logistique que dans l’industrie », ajoute Ludovic Bouvier. Sur la reconversion vers d’autres métiers « chez Safran, 7 Vallourec sont en formation, et à ce jour, 5 sont retenus », commente Denis Delbeq.

Déjà programmé depuis longtemps

En remontant le fil industriel, on retrouve déjà les ingrédients de la fin de production de l’acier en France au profit de l’Allemagne, la Chine, l’Inde etc. « Les investissements au Brésil (2007) et aux USA (2010) ont coûté beaucoup plus cher que prévu. Au lieu de 1 milliard, ce fut 2 milliards au Brésil. On nous a dit, jamais un tube ne viendra en Europe. Pourtant, allez voir sur le port d’Anvers… », souligne un autre représentant syndical.

Plus concrètement, un autre représentant syndical précise « nous allons devenir une production test en petite quantité, un site recherche & développement (bénéficiant du Crédit impôts/recherche), mais il n’y aura plus de la production industrielle d’acier de masse en France ». Les produits dits prémium par Philippe Crouzet ne seront même plus l’apanage de la production française, seule la rémunération de Philippe Crouzet demeure prémium… ( https://www.va-infos.fr/2018/03/04/vallourec-remuneration-de-philippe-crouzet-ne-connait-ajustement-additionnel/

Le premier PSE en 2004, puis le deuxième en 2014 ont « déjà réduit de 50% les effectifs. L’orientation du Groupe Vallourec suite à des erreurs de choix industriels sont prévisibles. Rien ne nous surprend sur la stratégie du Groupe Vallourec, voire de l’Etat en faveur de l’Allemagne dans le domaine de l’acier », poursuit Ludovic Bouvier.

La conséquence de cette nouvelle saignée sociale et à venir sur les autres sites du Valenciennois sera terrible pour les populations sur un territoire déjà en souffrance !  Pour autant « nous ne résignons pas. Nous refusons cette nouvelle vague de fermeture. Une grande manifestation se déroulera le jeudi 15 mars prochain », souligne Ludovic Bouvier. Sous les fenêtres de Laurent Degallaix, Macroniste affiché déjà en cheville avec LREM pour les prochaines municipales, la foule risque de pousser le verbe haut le 15 mars prochain… !!

Et en même temps, la ville de Valenciennes réclame un loyer de 5 € du M2 à la CGT pour son local à Valenciennes, soit 24 000 € annuel… quel merveilleux timing !

Daniel Carlier

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