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Vers un « enfouissement zéro » des déchets ménagers

Comité du suivi, comité syndical, la semaine dernière fut très chargée pour le SIAVED. Plusieurs grands items ont été abordés avec notamment l’avenir proche du CVE (Centre de Valorisation Energétique), le volet environnemental de l’exploitation des déchets, sans oublier des services additionnels proposés prochainement.

La gestion des déchets, le prochain défi sociétal des collectivités locales

Tout ce qui a trait à la gestion de l’eau (usée et potable), mais également des déchets ménagers, voire spéciaux, constitue le prochain casse-tête de nos élus républicains. Si à cette heure, la gestion est, certes contrainte, mais s’opère de façon assez libre avec le choix entre différents moyens. Demain, la méthode sera imposée et les collectivités qui n’anticiperont pas ce virage devront subir de plein fouet la douloureuse, et à travers eux les contribuables comme toujours.

La gestion du déchet, un acte politique !

Tout d’abord, commençons par les nouvelles par ordre décroissant. De manière verticale, le gouvernement met tout en oeuvre afin d’aboutir à une politique de zéro enfouissement ce qui serait incontestablement un progrès écologique de taille. En 2025, la fameuse TGAP va radicalement changer la donne. En effet, la tonne de déchets valorisée sera taxée à hauteur de 15 € contre 6 € aujourd’hui, mais par contre la tonne de déchets destinée à l’enfouissement sera imposée pour un montant vertigineux de 65 € la tonne. A savoir qu’actuellement, le SIAVED incinère environ 88 000 tonnes à l’année plus 20 000 tonnes en centre d’enfouissement, c’est un ratio de bon élève.

Toutefois, le SIAVED a voté en Conseil syndical une motion contre cette hausse drastique de la TGAP, car elle représente une augmentation de 1 700 000 millions d’euros par an. Cette décision du gouvernement veut favoriser le recyclage, sauf que « 1/3 des déchets ménagers sont impossible à recycler. On taxe au mauvais endroit », souligne Charles Lemoine

« Bien sûr, nous sommes favorables dans le temps à cette politique du zéro enfouissement. Nous travaillons sur ce sujet même si cela va prendre du temps », commente Charles Lemoine, le président du SIAVED. Par contre, les collectivités territoriales qui n’anticipent pas comme le Cambrésis, « où 100 % de leurs déchets vont en centre d’enfouissement », précise le président, se préparent à une grosse déconvenue. Dire que ce manque de clairvoyance politique sur ce sujet est de l’ordre de l’irresponsabilité n’est pas très éloignée de la réalité.

Certes, la philosophie de cette volonté politique est vertueuse, mais le virage est trop rude. Le coup de massue devrait se diriger vers les producteurs. L’interdiction des sachets en plastique a produit des effets. Il faudrait de fait inciter la production obligatoire avec des matériaux recyclables 100% !

C’est sûr, rien n’est gratuit, mais un jour ou l’autre le contribuable est sollicité pour la gestion de ses déchets. L’enfouissement n’est plus tolérable à moyen terme, de nombreux pays travaillent cette thématique. La valorisation, voire le recyclage des déchets, sont à la fois une perspective écologique, mais également un vecteur d’énergie via l’incinération, et le réseau de chaleur par le biais de la chaleur fatale. Plus les années vont passer, plus nous devons collectivement être à l’affût de toute énergie récupérable. En résumé, le tout enfouissement est une connerie* (* source d’énergie transmissible et inépuisable).

Charles Lemoine : « Cette augmentation de capacité (du CVE) a reçu un avis favorable de toutes les parties présentes »

Le dossier du moment au SIAVED est l’autorisation, éventuelle, d’une augmentation de la capacité d’incinération du CVE sur le site de Douchy-les-Mines. « Un dossier est en cours pour une autorisation passant de 88 000 tonnes à 120 000 tonnes en CVE. Nous travaillons parfaitement avec tous les services de l’Etat, la DREAL, la DDTM etc. Nous attendons la réponse pour une mise en oeuvre en 2019 », déclare le président.

Conformément à l’arrêté du 03 juin 2014, un CVE doit impérativement organiser un programme de surveillance de l’impact sur l’environnement et le voisinage. En clair, la mesure de la qualité de l’air et du sol est devenue le corollaire d’un développement, ou non, d’une capacité d’un CVE.

Effectué par un expert indépendant, Kali’Air, les mesures ont été présentées à ce comité de suivi « qui n’a pas un encadrement légal, c’est un avis consultatif, mais nous présentons nos mesures (obligatoires) », souligne Charles Lemoine.

Le Comité de Suivi est composé d’associations locales, de la population, des salariés du SIAVED etc., un panel concerné au premier chef par cette augmentation potentielle du CVE. Concernant les résultats, ils sont issus de la mise en place de capteurs d’air, 8 en l’occurrence, chez les particuliers notamment sur différents points du territoire. Plusieurs données sont collectées : Le Dioxines-Furanes, les Poussières, et les Métaux. Deux campagnes de mesures ont été activées en  2017 avec une évaluation de cette augmentation d’incinération au sein du CVE. La conclusion de l’étude est claire : « Les deux campagnes de mesures réalisées ne montrent pas un impact significatif du site sur son environnement ».

Plus concrètement, les points de mesure plus sensibles sont les 2 capteurs situés au plus près de l’usine de Douchy-les-Mines, et notamment sur les dioxines/furanes, pas de différence particulière sur les métaux, et les poussières. Concernant le sol, pas de changement, le SIAVED est malheureusement proche de l’ancien site d’Usinor avec un sol à dépolluer dans les grandes largeurs.

 « Cette augmentation de capacité (du CVE) a reçu un avis favorable de toutes les parties présentes. Aucun paramètre défavorable au regard des analyses environnementales », précise le président. Toutefois, la qualité de l’air de l’’arrondissement est déjà polluée, mais ce n’est pas cette nouvelle donne du CVE qui modifierait l’analyse globale. C’est le point important à retenir.

Néanmoins, des axes de progrès sont clairement identifiés à travers des travaux comme une régulation de combustion, la mise en place de caméras thermiques « qui vont améliorer la qualité de travail des intervenants sur les déchets ménagers », précise-t-il. Ensuite, le SIAVED va procéder au remplacement de l’extracteur de la ligne & et 2, une amélioration de la chaîne DASRI, mais également un autre volet très important pour un meilleur fonctionnement du CVE. « Nous voulons une réorganisation des flux sur le site afin que les camions n’attendent pas, installer un second pont de pesage, mais également réaliser l’agrandissement de la fosse », explique Charles Lemoine.

L’ensemble de ces améliorations s’inscrit dans la certification ISO 50001.

Nouveau bâtiment administratif

Les travaux du nouveau siège administratif sont démarrés, sur le même site, en remplacement des préfabriqués vétustes. Provisoirement, le SIAVED est hébergé en face dans les locaux d’une ancienne entreprise. « Ce bâtiment sera achevé pour l’été 2019. Il nous permettra de bénéficier de salle de réunions, d’espaces pédagogiques, mais surtout d’un meilleur confort au travail pour l’ensemble des collaborateurs du SIAVED », explique le président du syndicat.

Les déchetteries

Afin de résister aux dégradations des déchetteries, la poursuite de l’électrification des sites est en route : Aniche, Douchy-les-Mines, Denain, Hérin. Enfin, l’ambitieux projet d’une nouvelle déchetterie sur Saint-Amand-les-Eaux est en stand-by. En effet, le remplacement de l’historique déchetterie Malaquin se heurte à des problématiques de voisinage. Il faudra trouver une solution pour ce service aux habitants.

Nouveau service

Enfin, le SIAVED va assurer un ramassage pour les particuliers de l’amiante sur appel téléphonique préalable. Précédemment, un projet était envisagé avec un intervenant spécialisé dans le domaine sur les déchetteries . Trop coûteux, trop complexe, une solution nettement plus rationnelle a été choisie puisque l’entreprise experte passera dans les conditions de sécurité maximale chez le particulier afin d’extraire l’amiante. A noter que sur les communes de Valenciennes Métropole, aucun service n’est en place sur le sujet… Quand on examine le nombre de toitures de garages, de cabanons… en Eternit, il ne faut pas s’étonner de voir des dépôts sauvages ici et là.

Daniel Carlier

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