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C’est la rentrée… du développement durable

La semaine où un changement de ministre de la Transition écologique et solidaire est intervenu, c’est également la rentrée pour les étudiants à l’ENTE. Retour sur la réforme du contenu pédagogique pour cette année 2018/2019 avec Virginie Dolique et Geneviève Joly.

(Visuel Virginie Dolique et Geneviève Joly)

La mise en valeur de la compétence individuelle

La mission régalienne de cette école d’Etat est la formation des fonctionnaires aux bonnes pratiques environnementales. Néanmoins, il est apparu impérieux aux services de l’Etat de se mettre en phase avec la décentralisation. En effet, la puissance publique a un rôle de conseil, voire de validation, certes essentiel, mais le projet est porté aujourd’hui par les collectivités locales. Et depuis la révolution administrative de la loi NoTRE, la compétence urbanisme est remontée aux intercommunalités. Mécaniquement, il est nécessaire de former des jeunes aux pratiques d’un aménagement du territoire respectueux du développement durable.

Dans cette optique, depuis 2013, l’ENTE (Ecole Nationale des Techniciens de l’Equipement) accueille des jeunes étudiants Post Bac dans le cadre d’un cursus BAC + 2, comme chargé de projet en aménagement durable des territoires. Pour cette rentrée 2018/2019, 19 étudiants sont en 1ère année, et 14 en seconde.

 « Nous sommes pour une double culture », Virginie Dolique

Virginie Dolique

Tout d’abord, la 1ère année repose sur un apport de données, de connaissances claires sur les notions incontournables en sciences de l’ingénieur, en sciences de l’environnement, en sciences humaines et sociales, et en communication etc. « Ces étudiants doivent être en capacité d’évaluer l’impact de l’homme sur un territoire, sur ses spécificités, que ce soit au niveau de la géologie, de l’hydrologie, de la sociologie, et des actions possibles en faveur du développement durable », indiquent Virginie Dolique et Geneviève Joly, formatrice, coordonnatrice du pôle des formations administratives et transversales.

En 2ème année, les étudiants commencent par des apports en connaissances « données, outils et méthodes » sur des notions transversales (foncier, budget, comptabilité, maitrise de commande publique (sujet clé), communication, conduite de projet, gestion de conflits et même initiation à la démarche qualité).

Ils poursuivent leur cursus pédagogique par la réalisation d’un diagnostic de territoire à partir de la Toussaint. Ensuite, c’est le temps du PCT (Projet Commun Territorialisé). Cette refonte pédagogique est également un apport supplémentaire en savoir faire et en savoir être, l’esprit de groupe et la faculté d’intégration sont devenues en quelques années une compétence humaine à part entière.

« Sur le PCT, nous sommes pour une double culture. Un étudiant partage un projet avec deux fonctionnaires en formation. Chaque année, nous changeons de territoire. L’année dernière, nous étions sur la commune d’Aniche (Douaisis). Ce diplôme se veut opérationnel pour ces étudiants qui vont se confronter aux offres d’emplois dans les collectivités locales, voire territoriales, mais également dans la sphère privée comme les bureaux d’étude en urbanisme… », souligne Virginie Dolique, référente étudiants pour les 1ère et 2ème années, chef de projet formation à Valenciennes.

Geneviève Joly

La présentation finale d’un PCT s’effectue avec la collectivité concernée, généralement sur un espace urbain ou rural d’environ 5 hectares. « C’est du gagnant-gagnant pour une collectivité qui n’a pas toujours le temps de réfléchir à une étude globale en termes d’aménagement durable », ajoute la chef de projet formation à Valenciennes.

La méthode de travail est précieuse pour la suite. « On leur apprend à ne pas travailler en chambre, mais à partager les compétences, les avis, les conseils », commente Geneviève Joly.

Sans doute un aspect pour le moins fondamental, on ne compte plus les catastrophes urbanistiques nées d’un travail en silo, le développement durable est à l’opposé d’un projet développé autour du nombril d’une majorité municipale.

Le PIA (Projet Individuel d’Aménagement), nouveauté 2018/2019

La nouveauté pédagogique est l’introduction d’un projet personnel en fin de 2ème année. Avant le stage en immersion du 01 avril au 15 juin, la dernière salve pédagogique réside dans la réalisation d’un projet individuel. « C’est une façon de valoriser le CV d’un candidat à travers un projet individuel en situation réelle. La capacité à piloter un dossier est très importante pour un futur employeur », ajoute Virginie Dolique. C’est même d’une cruelle réalité de terrain où des élus doivent se reposer sur les compétences des agents locaux, voire territoriaux, en lien direct avec leur promesse électorale. Le technicien doit appliquer un principe de réalité, faire passer les bonnes pratiques environnementales, des messages dans la gestion d’un projet d’aménagement du territoire.

Pour ce PIA, trois catégories sont possibles pour l’étudiant, environnement (dont insertion paysagère), Urbanisme (Habitat, bâtiment), et Infrastructure (Mobilité, transport). Ce projet individualisé constitue incontestablement une plus-value pour l’étudiant, un marqueur sur son CV observé avec un oeil attentif par un futur employeur.

Voilà en quelques traits une réforme pédagogique empreinte de pragmatisme, le développement durable doit s’imposer par sa capacité à associer la volonté politique d’une représentation démocratique locale, un pilier dans le principe de décentralisation, et son obligation à s’inscrire dans un cadre environnemental durable.

Pas simple (parfois) face à l’impatience des élus, et c’est pourquoi une compétence pointue, incontestée, devient le minimum requis afin de pouvoir intégrer le privé, comme le public, sur cette thématique moderne et responsable.

Ce bagage pédagogique est commun entre les sites d’Aix-en-Provence et de Valenciennes.

Et après…

Le constat des formateurs est intéressant sur ce cursus de deux ans, 5 ans après son lancement, car ils ont déjà un retour de vécu. « 50 % des étudiants poursuivent leurs études, ils veulent acquérir plus de compétences. Ensuite, 25% vont se frotter au marché de l’emploi. Voire pour certains étudiants, ils passent le concours de fonctionnaires », conclut Virginie Dolique.

La pédagogie sur le développement durable est vivante, les étudiants doivent de facto absorber un terreau durable, une éponge de savoir permettant de surfer sur toutes les nouveautés pléthoriques dans le domaine !

Daniel Carlier

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