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(Refiff) De l’Hôpital Général au Royal Hainaut/Resort Hôtel à Valenciennes

Le Grand Hôtel du Hainaut (ou plutôt le Royal Hainaut Spa & Resort Hotel) devrait être opérationnel en avril 2019 sur la ville de Valenciennes. Un achèvement sur le bâtiment le plus important, en terme de volume notamment, de la ville de Valenciennes. Sa résilience, magnifique autant qu’inespérée, sera sans aucun doute l’événement de cette année 2019, retour sur l’histoire d’un bâtiment hors-norme (1er visuel, bâtiment après restauration).

(Visuel du bâtiment avant restauration)

Un monument classé depuis 1945

La 1ère difficulté de cette transformation fut de trouver un financement. Propriété du Centre Hospitalier de Valenciennes, les derniers malades ont quitté l’Hôtel Dieu en 2009 dans un état de vétusté indécent, voire indigne. D’ailleurs, de 2009 à la vente définitive, cet équipement de santé fut un gouffre financier pour l’hôpital public de Valenciennes.

Xavier Lucas à la présentation de l’appartement témoin de la Résidence du Nouvel Art

Bien sûr, compte tenu de l’importance de cet édifice, la ville de Valenciennes a cherché des solutions, mais au final a mis en vente ce bâtiment. Après de longues tribulations, Dominique Riquet, alors maire de Valenciennes, s’est réjoui de la signature d’un compromis de vente en 2011 entre le CHV et un investisseur belge, la financière Vauban avec à sa tête Xavier Lucas.

Classé monument historique depuis 1945, le ministère de la culture de l’époque n’était pas mécontent de voir ce site, impossible à financer par les deniers publics sauf mécénat, se projeter vers une réhabilitation totale.

Le 26 janvier 2012, Dominique Riquet se fit une joie de signer ce permis de construire de ce bâtiment du XVIIème siècle gigantesque sur près de 40 000 M2, plus d’un hectare de toiture à refaire, 300 hautes fenêtres, 450 voûtes, 150 mètres de couloirs..  ! Un an plus tard, la cérémonie du 1er cylindre s’est déroulée le 15 mars 2013, en présence de Jean-Louis Borloo et bien sûr de Xavier Lucas pour la Financière Vauban.

Retour sur histoire

La genèse de ce bâtiment fut assez longue, comme quoi, les dossiers interminables ne sont pas nés au XXIème siècle. En effet, la décision définitive de construire un Hôpital Général fut prise en 1751. Une décision mûrement réfléchie, car elle reposait sur la réflexion des élus municipaux de l’époque projetant « un hostel pour les pauvres du Valenciennois ». Divers projets furent sur la table en 1738, 1747, 1749, mais celui enfin retenu fut celui de 1751.

Maquette présentée durant la cérémonie de la 1ère Pierre

Dans la foulée, suite à la demande présentée au roi de France, Louis XV, par l’intendant du Hainaut Jacques Pineau, baron de Lucé, le parlement de Flandre fonde l’Hôpital du Hainaut sous le nom « d’Hôpital Général de la Charité »… » et ceci pour bannir la mendicité, et réprimer des désordres qui en sont la suite « . Certes, en 2019, cette ouverture marquera l’entrée dans une autre ère, on peut parler stricto sensu d’un changement de destination.

Les travaux commencèrent en 1752, ils furent réalisés par l’entreprise Coquelet, selon les plans établis par Charles-Toussaint Havez, ingénieur des Ponts et Chaussées. La durée de ce chantier est à l’image de cet édifice, colossal. En effet, cette édification a pris 15 ans jusqu’à son inauguration le 01 juillet 1767, voire une période plus longue pour sa fameuse chapelle, achevée en 1774. Cette dernière a fait l’objet de toutes les attentions dans cette nouvelle version bätimentaire, elle est composée d’une nef voûtée nervurée dans la tradition gothique, et elle est classée à l’inventaire des Monuments Historiques.

La vie de l’Hôpital Général

Sa fonction première assignée par le roi Louis XV était l’accueil, voire le renfermement des mendiants et vagabonds. Dans la foulée, les malades chroniques qui ne pouvaient être soignés à l’Hôtel-Dieu, les infirmes, les nouveaux nés abandonnés, les femmes de mauvaise vie, les aliénés… ! Une activité abondante pour lequel cet Hôpital Général n’était pas préparé, il est vite débordé, connait une situation financière désastreuse. A tel point que la ville de Valenciennes doit l’exonérer de toutes taxes sur les bâtiments.

En 1798, la situation budgétaire est si catastrophique que l’Hôpital Général renvoie les pauvres, voire rationne les pensionnaires restants. Durant cette période compliquée, le bâtiment a connu deux bombardements  De gros dégâts furent subis en 1793 durant le siège autrichien, au cours duquel de nombreux valenciennois vinrent se réfugier dans les sous-sols, où il partagèrent la vie des pensionnaires.

Sous l’empire de Napoléon 1er, puis occupé par les Anglais après sa déchéance, cet édifice demeure toujours extrêmement dégradé. Ce n’est que sous la Restauration que l’Hôpital Général répare les dégâts et revient à son activité moteur, l’accueil des pauvres, des vieillards, et des malades.

Joie de courte durée, car dès 1831 toute l’aile gauche est transformée en hôpital militaire, situation en l’état jusqu’en 1894.

En 1914, Valenciennes est occupée par les Allemands. Ils se serviront de cet hôpital pour enfermer les prisonniers civils jusqu’en. 1918.

Après cette première guerre mondiale, c’est un retour aux sources avec sa vocation primitive, celle d’un hospice pour personnes âgées.

En 1939, c’est la seconde guerre mondiale où Valenciennes subit de nouveaux bombardements. Durant cette période, le bâtiment connait un incendie en 1940 qui ravagea toute sa toiture. Malgré cela, à la fin de la guerre, il est classé monument historique le 18 juin 1945, tout un symbole !

Sa fin de vie fut celle d’un Hôpital gériatrique trop vétuste dans les dernières années. A partir de 2002, Valenciennes Métropole a investi une partie des locaux qu’elle a magnifiquement restauré pour 11 millions d’euros. Grâce à la mobilisation des élus, le patrimoine de cet édifice a pu être sauvé, malgré des tentatives de vente à l’Hôtel Drouot, 80 pièces notamment.

Voilà un bref portrait de l’histoire tumultueuse de cet édifice colossal pour la ville de Valenciennes. Sous l’apparence d’un hôtel de luxe avec une prestation 4 étoiles plus, restaurants, appartements, etc., ce bâtiment va connaitre une seconde vie bien loin de sa destination d’origine. Gageons que cette seconde vie sera porteuse sur le plan touristique, économique, et en même temps que chaque Valenciennois puisse profiter des lieux, de la visite de la chapelle, et de ce bâtiment devenu privé.

Enfin, comme pour un nouveau départ après quelques difficultés dans la prise en main de l’exploitation, le nom de cet nouvel établissement hôtelier est Royal Hainaut Spa & Resort Hotel.

Daniel Carlier

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