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Une élection municipale sans bilan

Plus les semaines avancent, plus l’enchaînement de l’élection européenne le 26 mai, puis de l’échéance municipale en mars 2020, imposent un nouveau logiciel de pensée pour cette élection locale dans la lignée de la présidentielle 2017.

EDITO

Grand débat national, chaque citoyen a son avis sur la question, sur le mouvement des Gilets Jaunes globalement, sur ses soucis du quotidien également qu’il met en perspective. Sur l’autre face de la pièce, les élus de proximité s’activent afin de remplir leur feuille de route du mandat, et plus encore. Parfois concentré sur un seul projet dans la ruralité, les communes les plus peuplées enclenchent la 5ème vitesse des travaux, les pages Facebook des maires surchauffent et rivalisent d’annonces avec des projets tangibles en cours ou en devenir.

Toute ceci colle à une pratique habituelle de l’exercice d’un mandat local, bien légitime par ailleurs compte tenu du délai de mise en place administrative d’un dossier, appel d’offres, délai de recours,  chantier… sauf que,  le sentiment politique s’inscrit sur  le temps long et changer celui-ci constitue une prouesse citoyenne !

Je t’aime moi non plus !

En effet, la campagne politique s’ouvrant sur cette joute européenne marquera un engagement inédit pour cette élection dans l’opinion publique, souvent boudée par la population, progressiste, populiste, l’imagination sera très intense à n’en point douter. Dix mois plus tard, un saut de puce, se profile une nouvelle échéance universelle, cette fois sur deux tours. C’est la fameuse reine des consultations, avec la présidentielle,  l’élection du maire demeure celle qui passionne les foules, le voisinage, les ragots, les alliances improbables, les promesses intenables, mais également les projets… !

Le climat actuel imposera peut-être une nouvelle donne. Fini le bilan et les programmes copieux pour le prochain mandat, l’électrice ou l’électeur se positionnera pour un(e) candidat(e) incarnant leur aspiration, leur sentiment sur la pratique politique d’un mandat de proximité, l’impression que sa voix sera écoutée, et que la décision ne va pas tomber telle la main divine, le jugement sur l’homme ou la femme sera majeur ! Sur le grill, la méthode, la sérénité palpable, la confiance dégagée même dans la difficulté, car rien n’est simple que ce soit au niveau local ou national. Un sondage en novembre 2018 au sein du Journal Le Monde mettait en exergue que 50% des maires (36 000 communes environ) ne se représenteraient pas en 2020, la critique quotidienne, les réseaux sociaux très agressifs, réduisent considérablement la motivation des maires en place.

Par voie de conséquence, le jugement sur la personne, maire en place ou candidat, sera le paramètre numéro un, rien d’autre pour certains. Le dégagisme de la campagne présidentielle en 2017 va se décliner au niveau local. Bizarrement, les investitures seront sans doute un baromètre de vote, compte tenu d’une aspérité des colères sur l’ensemble des municipalités, mais bien moins prépondérant que son avis personnel sur la tête couronnée, un climat de révolution (pacifique) dans les urnes transpire sur le terrain, c’est flagrant. Les maires sont très inquiets !

De facto, le changement de logiciel devrait s’imposer dans le choix d’un candidat, plus de mal aimé, trop de fois candidat, trop ou trop peu politisé, tout y passera. C’est un peu comme le sentiment d’insécurité, il est présent de manière indicible, c’est le sparadrap permanent. C’est exactement le ressentiment que certains édiles, voire candidat(e)s, vont subir de plein fouet.

En conclusion, cette élection sera celle d’une volonté accrue de démocratie participative, plus personnalisée que jamais, à l’image d’une commune rurale, mais cette fois dans des villes importantes ce qui concerne au moins une quinzaine de communes dans le Valenciennois. Le bilan ne serait donc pas l’élément constitutif majeur d’un choix de vote. Par contre,  l’assurance d’une écoute réelle par le pouvoir local et le délit de faciès seront les marqueurs d’une élection s’annonçant inédite sur ses fondamentaux à plus d’un titre.

Daniel Carlier

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