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Les dysfonctionnements autour de l’école inclusive !

A l’initiative de la député Béatrice Descamps, une réunion sur l’inclusion en milieu scolaire ordinaire des enfants en situation de handicap s’est déroulée mardi soir au sein du Café at Work, avenue du Sénateur Girard à Valenciennes. Beaucoup de témoignages, beaucoup de questions… !

Béatrice Descamps : « Ecole inclusive, de quoi parle-t-on ? »

En présence de Geneviève Mannarino, la vice-présidente du Conseil départemental en charge du handicap, la député de la 21ème circonscription avait convié pour cette soirée d’échanges, des parents, des enseignants, des AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire), des responsables d’associations, des chefs d’établissements scolaires, en fait tous les acteurs intervenant dans la vie de l’enfant en situation de handicap.

Un regard croisé entre ces acteurs du quotidien a fait apparaître de multiples questionnements sur la méthode… ! Bien sûr, il faut déjà partir du constat que certains enfants au handicap plus conséquent ne pourront jamais se diriger vers le chemin de l’inclusion. « Des structures d’accueil pour ces jeunes (et moins jeunes) en situation de handicap lourd sont indispensables. 80 % des enfants en IME (Institut Médico-Educatif) ne sont pas scolarisés », souligne Georges Maillot, le président de l’APEI du Valenciennois.

« Personne n’a la vérité absolue, ni les parents, ni les professionnels autour de l’enfant ! », commente Béatrice Descamps

Fort de ce postulat d’une inclusion pour certains enfants, la question se pose sur la conduite de la meilleure inclusion possible des enfants en situation de l’être. C’est pourquoi la juste conjugaison des acteurs pour le bien de l’enfant est fondamental. « Les AVS n’ont pas le droit de parler aux parents, nous devons rapporter à l’enseignant la situation de la journée, à sa charge de restituer aux parents. Nous ne comprenons pas, car nous sommes au contact de l’enfant, et en capacité de communiquer avec les parents », explique une AVS particulièrement dépitée par cette organisation.

Dans la même lignée, à une certain époque « les AVS restaient plusieurs années avec les enfants, un temps de scolarité important balisant des précieux repères pour l’enfant. Aujourd’hui, c’est fini, le choix est de changer chaque année pour éviter le volet affectif. Les AVS partagent leur temps de travail entre 4, 5 voire 6 enfants en situation de handicap. De plus, on change d’enfants tous les ans », explique la député de la XXIème circonscription. Bien sûr, ce choix n’est pas tombé du ciel, un argumentaire solide s’est construit autour de cette démarche, mais il est troublant pour les acteurs autour de l’enfant. « Personne n’a la vérité absolue, ni les parents, ni les professionnels autour de l’enfant ! », commente Béatrice Descamps.

Ensuite, d’un point de vue purement opérationnel, un(e) AVS malade n’est quasi jamais remplacé(e) !

Histoire de protocole

Une enseignante présente à cette réunion souligne le volet règlementaire dans la gestion des enfants avec une spécificité. Dans une classe, vous pouvez avoir des enfants relevant d’un PAI (Projet d’Accueil Individualisé), les PPRE (programme personnalisé de réussite éducative), et les PPS (projet personnalisé de scolarisation) dans le champ du handicap pour ce dernier. Cela permet un encadrement affiné dans le cadre d’une scolarisation inclusive des enfants malades et autres spécificités. Pour autant, « cela peut atteindre 1/3, voire 50%, d’enfants à gérer par classe avec un protocole suivant sa particularité, maladie, autiste, comportement, etc., et par suite un réunion de situation toutes les six semaines… », précise l’enseignante. Autant le dire sans tabou, c’est ingérable en terme de proximité et d’efficacité pour l’enfant !

Lever le secret médical

Autre point relevé durant cette soirée captivante, la problématique du secret médical s’invite de plein droit dans l’inclusion en milieu scolaire ordinaire de l’enfant en situation de handicap. « Comme chef d’établissement, je ne connais pas les éléments de santé d’un enfant en situation de handicap intégrant mon établissement en septembre, ses allergies, ses incompatibilités, ses affections etc., nous sommes barrés par le secret médical. Même la psychologue scolaire ne nous transmet aucun élément. Aucune information ne peut filtrer ! Heureusement, nous arrivons parfois à discuter avec les parents ce qui nous permet de collecter des informations, et de nous adapter », explique un proviseur. La notion de secret médical, et des droits qui en découlent, est très ancré dans le droit français. C’est un exemple typique de la lettre et de l’esprit de la loi !

Voilà, ceci est un résumé très incomplet des multiples problématiques de l’inclusion d’un enfant en situation de handicap en milieu scolaire. Les questionnements sont multiples à plusieurs niveaux. Il faut construire un nouveau modèle d’une inclusion partagée entre tous les acteurs, faire sauter les verrous de protection où chacun se réfugie derrière sa mission sans savoir si cette dernière est connue des autres personnes proches de l’enfant. A juste titre, Béatrice Descamps conclut cette soirée par ce propos : « Il serait nécéssaire que tous les acteurs se mettent au tour d’une table afin d’échanger. Il faut remettre l’enfant au centre de son projet d’inclusion scolaire ».

Ne ratez pas toute la semaine prochaine le programme de la 5ème édition « Handi’Week » au sein de l’Université Polytechnique Hauts de France

Daniel Carlier

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