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Les jardins ouvriers classés au Patrimoine du Valenciennois

Sur le site des jardins ouvriers à Marly, une visite symbolique de Fabien Thiémé, et des élus, a permis de valider une volonté politique de maintien de ces espaces maraîchers sur leur site d’origine, un lieu populaire au sens du partage social, de l’accessibilité, avec des produits alimentaires d’une qualité indiscutable.

(Visuel Jérôme Leman, Fabien Thiémé, et Nathalie Vasseur de l’ASJO)

L’échangeur A2/A23, l’électrification de la ligne ferroviaire Valenciennes/Mons, et l’extension du Golf de Valenciennes sur la commune de Marly, voilà trois des dossiers les plus anciens de cet arrondissement ; si le 1er est bouclé, le deuxième réalisé peut-être au 22ème siècle, le projet Golf est dans les tuyaux depuis début 2019.

Porté par le maire de Valenciennes, Laurent Degallaix répond sur ce projet à une vieille doléance du Club de Golf de Valenciennes, mais redoutée par ses prédécesseurs, trop ciblée, trop élitiste, etc., le dossier tabou ! Pour autant, cela semblait un très bon coup politique pour le premier magistrat de la ville de Valenciennes, même si ce dernier soulignait qu’il n’avait « aucun intérêt politique à le faire compte tenu qu’il n’y avait même pas de logements sur Valenciennes dans ce projet ». Par contre au niveau factuel, l’association du Golf de Valenciennes, 200 membres environ, est composée de nombreux électeurs sur la ville de Valenciennes, l’intérêt  politique est indéniable pour les prochaines municipales 2020.

Cerise sur le gâteau, ce dossier est transféré, puisqu’intercommunal, vers Valenciennes Métropole afin qu’il prenne en charge sur dix ans la totalité du volet financier. Là également, on peut s’interroger sur la définition de « l’intérêt communautaire ». Quel est son périmètre sociétal ? Un petit sondage sur le nombre de golf devenu d’intérêt communautaire en France serait intéressant, mais sans attendre avec les indicateurs sociaux économiques que nous connaissons sur le Valenciennois, aucun ! Plus grinçant encore, le timing est catastrophique au moment où la sidérurgie (ASCOVAL) se bat pour survivre, sans parler des Gilets Jaunes au niveau national. Politiquement, c’est un peu le principe de l’arroseur arrosé, le bon coup politique présumé se transforme en sparadrap très complexe à gérer pour l’édile de la commune de Valenciennes.

Bien sûr, pour cette extension, il fallait l’aval de la commune de Marly. Compte tenu du projet global, le maire et son Bureau ont accepté ce dossier sans passer par une consultation populaire. Dossier dans le dossier, la délocalisation potentielle des Jardins Ouvriers a déclenché une indignation de la population, des jardiniers concernés, mais plus largement encore. Avec l’Association de Sauvegarde des Jardins Ouvriers, lancé sur les fonts baptismaux par M. et Mme Vasseur, la mobilisation a pris une consistance suffisante pour que ce dossier soit clarifié. « Il n’y a jamais eu de projet de délocalisation. En venant ce matin, j’apporte mon soutien aux Jardins Ouvriers et à ses jardiniers. Cette agriculture en milieu urbain répond à des objectifs qui n’ont pas changé depuis la création en 1879, même si aujourd’hui ce projet revêt une nouvelle importance au regard des enjeux environnementaux », explique Fabien Thiémé.

Des Jardins Ouvriers classés au Patrimoine du Valenciennois

Pour graver dans le marbre ce chemin pavé de belles intentions politiques, une nouvelle étape sera franchie prochainement. « Nous avons rempli un dossier pour un classement au Patrimoine immatériel sur le Valenciennois », expliquent de concert Cédric Vasseur pour l’ASJO et Marc Duvivier pour le collectif « Valenciennois en transition et adaptation ».

Toutefois, précisons que sur les 120 hectares de ce projet couteau suisse, l’extension du Golf nécessite 40 hectares supplémentaires en plus des 9 trous existants. Mais surtout rappelons l’agenda précisé par Laurent Degallaix en Conseil communautaire de Valenciennes Métropole… « la réalisation des neuf trous supplémentaires dans un premier temps, puis la rénovation des neufs trous existants et du Club House de l’association, est prévue pour 2022/2023 ». En clair, le coeur du projet pris en charge intégralement par Valenciennes Métropole est le Golf, pas le supplétif très structurant au demeurant de l’ensemble du projet programmé sur dix ans, mais après le terrain de golf.

Sur l’initiative du jour, de manière concomitante, un dossier « sera déposé pour une classification au patrimoine immatériel auprès du Préfet de Région pour validation et transmission au Ministère concerné. Ensuite, la commune de Marly va voter une délibération en faveur du maintien des Jardins Ouvriers sur leur site actuel, et cette reconnaissance patrimoniale. Ensuite, Valenciennes Métropole fera de même pour cette classification des Jardins Ouvriers au titre du Patrimoine du Valenciennois », précise Nathalie Vasseur.

Dans cette optique, un comité « indépendant, hors de toute influence politique, sera mis en place afin de travailler sur ce dossier, ce projet de classification au Patrimoine du Valenciennois », précise Marc Duvivier.

Fabien Thiémé précise que « nous rédigerons cette délibération ensemble. De plus, je précise que Laurent Degallaix soutient cette démarche de classification au Patrimoine du Valenciennois », s’adressant aux associations. Il précise également que ce projet d’extension du golf est également « un vaste projet d’aménagement de notre territoire avec la création d’une base de loisirs, sentier de randonnée, pédestre et cycliste, skate-park, plan d’eau etc., mais aussi une zone d’expansion de crue, et le développement d’une ferme urbaine ». 

Pour les 230 parcelles, sur 6,41 hectares, les jardiniers occupants à 95% peuvent se rassurer tant l’affichage politique est public, et donc mémorisé par tous ! « Pour une somme de 8 à 12 euros annuel, nous bénéficions d’un espace vert entre 250 et 500 M2 », précise Cédric Vasseur.

Didier Taconné, jardinier depuis des lustres, témoigne de l’utilité sociale incontestable de ces espaces maraîchers. « Avec ces cultures, je fournis ma famille tout l’été, voire des préparations pour l’hiver, mais également les voisins, les amis et sans aucune contrepartie », précise-t-il. Si vous multipliez cet esprit communautaire largement partagé sur 230 parcelles, calculez le nombre de familles bénéficiant de denrées alimentaires, sans pesticides, de qualité, saines et variées, c’est impressionnant.

Pour une fois, il est important de mettre en exergue cette sortie par le haut dans ce conflit épidermique afin de sauver ces Jardins Ouvriers. Les associations à la fois de Sauvegarde des Jardins Ouvriers, mais également relatives à l’environnement (espèces protégées révélées à cette occasion), et les élus politiques ont sacralisé un lieu, une certaine idée du partage… !

Daniel Carlier

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