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Le « suivi renforcé » et ses déclinaisons sur le territoire

Dans la continuité d’une signature entre la ville de Denain et du Ministère public à Valenciennes relative au « Suivi renforcé » des délinquants en prise avec une addiction, une convention entre l’AJAR, Pôle Emploi, et l’association « La Clef du Permis » a été officialisée ce jeudi 04 juillet 2019 (visuel Mickael Bestelle et Patrick Beaudoin)

(Les coordinatrices de l’AJAR et de Pôle Emploi)

Patrick Beaudoin : « L’AJAR a répondu favorablement à la sollicitation du Parquet de Valenciennes »

La sanction judiciaire n’est pas une finalité en soi. Sans une perspective de réinsertion, elle ne conduit qu’à un sursis avant un retour devant les juges. Par essence, elle doit donc permettre à un individu de recouvrer un statut social, un avenir. C’est dans cet esprit que s’inscrit le dispositif de « suivi renforcé » initié par le Procureur de la République de Valenciennes, Jean-Pierre Vicentini. Cet outil vise les délinquants majeurs sous l’emprise d’une addiction (stupéfiants, alcool, médicaments etc.). On n’utilise pas le mot drogue uniquement pour le cannabis, cocaïne etc., car bien d’autres substances sont des drogues… !

Dans la suite de la contractualisation avec la ville de Denain https://www.va-infos.fr/2019/06/07/la-reinsertion-des-auteurs-dinfractions-avec-une-addiction/ où l’AJAR fut amenée à porter le projet via la création en 2019 de deux postes au sein de son association, l’association l’AJAR signe une convention aujourd’hui avec le Pôle Emploi.

« L’AJAR a répondu favorablement à la sollicitation du Parquet de Valenciennes. Nous abordons chaque cas d’une manière globale, problème de logement, de soins, de formations… C’est pourquoi, nous voulons collaborer étroitement avec le Pôle Emploi afin d’apporter des solutions aux personnes en voie de réinsertion », explique Patrick Beaudoin, le président de l’AJAR.

Le défi est évidemment un retour vers l’emploi. Pour arriver à bonne fin, l’employabilité de la personne constitue le moteur de toute cette démarche. « C’est une belle initiative. Nous sommes ravis de ce partenariat relatif à cette offre de service. Dans cette optique, nous mettons à disposition deux conseillères (Nadège Mortier et Marie Degrandart) travaillant de concert avec les deux conseillères de l’association AJAR ( Emeline Cornu et Jenny Hedbaut) », précise Mickael Bestelle, le directeur du Pôle Emploi sur le Valenciennois.

Dans les besoins de ce public, on retrouve certaines aspirations récurrentes. « Nous avons des  demandes dans la filière logistique, mais également une volonté de remise à niveau dans les matières de base », souligne Emeline Cornu de l’AJAR.

« L’alcool est (malheureusement) socialement plus acceptable », Agathe Routier

Patrick Beaudoin et Agathe Routier

Pour sa part, Agathe Routier, la substitut du Procureur de la République de Valenciennes souligne que « le Parquet de Valenciennes est très satisfait que cette convention puisse aboutir ». Ce prolongement de mise en oeuvre du « suivi renforcé » permet une analyse très fine de chaque dossier. Chaque délinquant a un parcours unique à repenser suivant son addiction, car elles sont différentes.

« Au niveau des addictions, l’alcool est socialement plus acceptable », ajoute Agathe Routier. Pour autant, le Ministère public constate chaque semaine les dégâts de la boisson alcoolisée, elle est tout autant dévastatrice socialement. Sur ce point, Emeline Cornu de l’AJAR, confirme « que les profils les plus compliqués sont liés à l’addiction à l’alcool ». Pourrait-on voir aujourd’hui ce vieux court-métrage de Bourvil sur l’eau ferrugineuse, un second degré délicieusement provocateur, mais sa perception fait sourire, alors que cette addiction et ses ravages ne prête plus du tout à cela.

La mobilité, une clef de la réinsertion

Une autre convention était signée ce jeudi 04 juillet. En effet, la mobilité est par essence, plus encore aujourd’hui qu’hier, une voie du retour vers l’emploi, un critère d’employabilité, le terme public d’une laideur infinie… !

Emilie Barbaut et Mickael Bestelle

Dans cette optique, Pôle Emploi conventionne avec l’association « La Clef du Permis ». Cette structure est spécialisée depuis 2011 dans le permis de conduire social. « Nous sommes subventionnés par des partenaires institutionnels, agglo, région et le Conseil départemental puisque notre public est essentiellement composé des personnes allocataires du RSA ou issus des quartiers prioritaires en politique de la ville », indique la directrice de l’association Emilie Barbaut.

Basée Avenue Desandrouin à Valenciennes, au pied de la station de tramway Saint-Waast, cette auto-école délivre les leçons pour le code comme pour la conduite. Avec une équipe de 7 personnes, la Clef du Permis « travaille avec 140 à 160 personnes par an », conclut Emilie Barbaut.

« Je vais mieux depuis mon implication dans ce dispositif », un bénéficiaire

Présent à cette signature collégiale, âgé de 52 ans, cet homme était sous l’emprise d’une addiction à la cocaïne. Il a intégré ce dispositif de « suivi renforcé » depuis six mois. «  Je vais mieux depuis mon implication dans ce dispositif. J’ai totalement décroché de la cocaïne. Bien sûr, je prends des substances de substitution pour l’instant », explique le bénéficiaire.

Ensuite, son voeu de retour vers l’emploi passe par l’obtention du permis de conduire. « Je veux élargir les possibilités de trouver un emploi. C’est pourquoi, je vais passer mon permis de conduire avec l’association La Clef du Permis », précise-t-il.

Déjà, le simple fait de s’exprimer sur son état de santé, et ses envies, constitue une avancée indéniable dans cette phase de reconstruction.

Daniel Carlier

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