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Du confinement au déconfinement avec l’APEI du Valenciennois !

Après un confinement très organisé au sein de l’association de l’APEI du Valenciennois, le déconfinement traverse les différentes étapes, parfois complexes, vers un retour espéré à la normalité dans les prochains mois. Les enseignements sont nombreux suite à cette crise sanitaire. Faisons un retour à travers un 1er bilan à chaud de cette gestion du Covid-19 avec Georges Maillot, Président de l’APEI du Valenciennois, et David Leclercq, le Directeur général.

Georges Maillot : « Penser au déconfinement dès le 1er jour du confinement »

Dès le mois de février, les doutes sur une future épidémie en France ont gagné le Bureau de l’APEI du Valenciennois. « Je n’ai pas compris pourquoi nous faisions revenir des Français de la zone de Wuhan en Chine. Dès cet instant, je me suis dit que l’épidémie pouvait arriver en Europe », commente le Président de l’association. Le moins que l’on puisse dire est que la suite de cette pandémie a gagné l’Italie, première de cordée…, et les autres pays européens dans la foulée.

Dans cette optique, dès les vacances scolaires de février, la direction a pris des mesures strictes. « Toutes les personnes, résidents ou accompagnants, ayant réalisé un voyage dans des zones à risque (Asie et Italie à l’époque) ne devaient pas revenir sur un site physique de l’APEI du Valenciennois avant une quatorzaine. Nous avons eu un coup d’avance à ce moment là ! », commente le Directeur général.

La traduction de cette prudence de bon aloi sur le terrain « est qu’aucun cas de Covid-19 sur les sites de l’APEI du Valenciennois n’a été constaté. Il y a eu des suspicions avec des tests à la clé, mais au final pas de Covid-19 ni chez les résidents jeunes (environ 500 jeunes, 640 travailleurs adultes, et 460 adultes accueillis), ni chez les encadrants (800 personnes environ) », précise le Président de l’APEI.

« Nos choix ont été approuvés par les parents », Georges Maillot

Siège de l’APEI du Valenciennois sur Anzin

Bien sûr, la complexité de ce confinement est qu’il touche un public fragile en principal « dès le vendredi 13 mars pour les ESAT, puis le dimanche 15 mars pour les lieux d’accueil, nous avons fait ce choix difficile, mais nécessaire, d’un confinement pour cette population vulnérable », précise le Directeur général. A ce titre, l’internat au sein de l’APEI du Valenciennois a permis un accueil de 205 résidents, dont 08 enfants seulement, durant cette période de confinement. Les autres résidants retournèrent dans le milieu familial.

Rappelons que cette structure est d’abord « une association de parents d’enfants en situation de handicap intellectuel », précise le Président.

C’est pourquoi, il y avait deux scénarios bien distincts. Le premier était un retour d’enfants, pour la majorité, chez eux au sein de leur famille. Une option pas forcément évidente pour les parents qui ne voyaient leurs enfants que le week-end…, mais elle fut gérée sans problème majeur. « Nous avons eu très peu de cas nécessitant une intervention de notre part même si des retours en internat de répit ont été organisés avec une quatorzaine sur le site », indique le Directeur général.

Ensuite, l’option la plus complexe était le choix des parents de laisser leur enfant confiné dans un internat de l’APEI du Valenciennois sans possibilité de le voir pendant deux mois. « Pour certains parents dont nous savions qu’il serait très compliqué pour eux de récupérer 24H24 leur enfant, nous avons conseillé de le laisser chez nous dans un environnement sécurisé et accompagné. Bien sûr, il y avait des rencontres en visio organisées durant le confinement. Au final, nos choix ont été approuvés par les parents », précise Georges Maillot.

« Une grande solidarité des agents de l’APEI », David Leclercq

Pour mener à bonne fin ce confinement des sites de l’APEI, les agents de l’association se devaient d’être à ce rendez-vous sanitaire inédit. « Nous avons eu 30 % d’absentéisme pendant 15 jours, puis rapidement à 20% avec une mise en place du télétravail même si nous devions maintenir des encadrants sur certains sites comme l’internat. Aujourd’hui, notre ratio d’absence est tout juste au dessus des chiffres habituels », lance le Directeur général.

Mais surtout, la direction met en exergue des comportement solidaires. « Les encadrants des ESAT ont assuré les missions, en lieu et place des travailleurs de l’ESAT, comme la blanchisserie pour tous les sites de l’association. Nous avons même fabriqué des masques. Ensuite, nous avions organisé une plate-forme de l’emploi où, dans son métier, un salarié de l’association pouvait travailler au sein d’un autre site de notre structure. Nous avons eu d’excellents retours sur ce sujet », souligne David Leclercq. « Certains ont pratiqué le même métier, mais avec une autre façon de travailler. Ils ont vécu une expérience formidable », poursuit Georges Maillot.

Néanmoins, deux mois de confinement constitue une période très très longue pour toute la population. « Nous avons traversé plusieurs phases, celle spontanée, puis celle de l’inquiétude sur la durée de celui-ci et l’étendue de l’épidémie, et une réelle lassitude en fin de confinement », explique le Président de l’association.

« Le déconfinement est plus complexe que le confinement », Georges Maillot

Malgré la sidération du confinement, dès que « l’organisation est au rendez-vous, c’est simple. Par contre, le déconfinement est plus complexe que le confinement », commente David Leclercq.

Au sein de l’APEI du Valenciennois, comme dans de nombreuses structures du médico-social, l’association était de fait très autonome vis vis à de l’ARS (Agence Régional de Santé) très focalisé sur les établissements de santé et l’évolution du nombre de personnes affectées par le Covid-19. « Ils nous font confiance pour les choix de gestion durant le confinement et la méthode de déconfinement même si comme toute le monde, nous étions inquiets face à ce saut dans l’inconnue », mentionne le Président.

D’ailleurs, le meilleur vecteur du bon choix est l’information partagée par le plus grand nombre. « Dès la 1ère semaine, un Bureau politique se réunissait, en distanciel, toutes les semaines, mais également un comité de crise technique avec l’ensemble des directeurs de site, puis un CSE central. Donc durant 10 semaines, tout le monde a eu le même niveau d’informations », indique David Leclercq.

Techniquement, compte tenu de l’exigence de 4 m2 en terme de distance sanitaire, il fut très compliqué d’adapter ce déconfinement. « Nos différents locaux étaient trop petits. Nous pouvions accueillir 30 à 40% de nos résidents habituels », précise-t-il.

Pour autant, faute de vécu en la matière, la prudence fut jugée « un peu excessive ce qui a freiné un peu notre déconfinement. Aujourd’hui, nous pouvons accueillir de nouveau tous les résidents. La leçon majeure de cette crise sanitaire (pas achevée), il faut penser au déconfinement dès le 1er jour du confinement », déclare Georges Maillot.

« Une citoyenneté comme les autres », David Leclercq

D’ailleurs, ce déconfinement national s’est traduit de manière différente suivant les structures, parfois à l’encontre des recommandations sanitaires. « On nous recommandait de ne pas laisser nos résidents emprunter un transport public. Pourquoi serait-il moins citoyen que les autres ? Non, nous avons fait une formation spécifique sur les gestes barrières dans les transports publics etc. Puis, lorsque cela était possible, les résidents ont voyagé dans les transports publics comme le reste de la population. Ils ont droit à une citoyenneté comme les autres », précise David Leclercq. Rappelons que les personnes en situation de handicap ont un droit de vote, sans tutelle, depuis mars 2019. Ce fut un pas de plus vers cette citoyenneté.

D’ailleurs, sur le respect des consignes « ce public est particulièrement réceptif aux consignes. Elle sont appliquées à la lettre, pas de triche, pas de relâchement », précise un cadre de l’association.

Une solidarité à plusieurs niveaux

L’APEI du Valenciennois fait partie intégralement de ce maillon médico-social durant cette gestion de crise. « Suite à une sollicitation du Département du Nord, nous avons prêté le site de la Tourelle sur Anzin pour des enfants pris en charge par les services de la Protection de l’Enfance », explique le Directeur général.

Enfin, la compétence d’organisation logistique de cette association est éprouvée chaque semaine. En effet, elle livre depuis 11 semaines des masques, des visières, des gants, des charlottes, etc., aux EHPAD, aux résidences autonomie, aux personnes en situation de handicap dans les différents foyers, et aux Kiné. « C’est le stock de l’ARS et du Conseil départemental du Nord que nous livrons toutes les semaines sur l’ensemble du Valenciennois. Il représente 85 000 masques distribués par semaine », précise un cadre.

Une solidarité qui n’est pas unilatérale puisque dans l’autre sens « nous allons bénéficier dès cette semaine des bâtiments de l’Etang d’Amaury prêté par le PNR Scarpe Escaut (président Grégory Lelong, maire de Condé-sur-l’Escaut) pour les activités de nos résidents », conclut David Leclercq.

La conclusion de concert des intervenants est simple : « Nous espérons un retour à la normale pour le mois de septembre, nous avons confiance. Nous sortirons de cette crise sanitaire ! ».

Daniel Carlier

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