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L’ADILH : « Nous voulons travailler avec l’hôpital et pas pour l’hôpital ! »

L’ADILH (Association des Infirmiers Libéraux du Hainaut) poursuit sa mise en oeuvre d’un collectif de praticiens indépendants. Dans cette optique, cette association fraîchement née a convié des professionnels de santé indépendants à une réunion d’informations, mais surtout à une projection claire sur l’exercice médical à court terme… !

(Visuel Remi Kasprzyk)

Remi Kasprzyk : « L’infirmier libéral tout seul, c’est fini ! »

Au sein de la résidence services séniors, la Girandière à Valenciennes(proche du Théâtre le Phénix), l’ADILH a mobilisé une cinquantaine de professionnels de santé, mais également des entreprises dans le secteur de la santé venues au contact des hommes et des femmes de terrain (Novatex Médical, Bastide Médical, et Cica’Clic, visuel bas de page).

Cette manifestation s’inscrivait dans la continuité du lancement d’une MAI (Maison Association des Infirmiers) pour effectuer des tests Covid-19. Cette dernière, à coté de l’ancienne Clinique Teissier, fonctionne à plein régime. « Nous réalisons entre 30 et 40 tests PCR ou sérologiques par jour. Deux infirmiers libéraux sont présents quotidiennement au sein de cette MAI du lundi au samedi. A ce titre, le CHV joue le jeu puisque les tests prévus au sein de l’hôpital public sont transférés chez nous. C’est le premier pas vers une meilleure coopération entre la médecine de ville (et rurale), et l’hôpital public », commente le président de l’association, Remi Kasprzyk.

Cette première pierre doit rapidement faire sens, car « nous devons multiplier ces MAI. En effet, le Covid-19 est toujours là. Il faut être prêt au cas où une seconde vague interviendrait en septembre/octobre, la guerre sanitaire n’est pas finie ! », poursuit-il.

(article MAI/Avenue Desandrouin/https://www.va-infos.fr/2020/06/09/des-infirmiers-liberaux-creent-un-nouveau-centre-de-depistage-du-covid-19/)

« L’ADILH, c’est l’union », Remi Kasprzyk

Derrière cette coopération sanitaire en lutte contre le Covid-19, l’ADILH veut fédérer les infirmiers libéraux du Valenciennois face à la loi de Modernisation du Système de Santé, de 2016, dont les objectifs sont monumentaux. « En 2022, la loi modifiée prévoit l’installation de 1 000 CPTS ( Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) en France », précise Remi Kasprzyk.

Concrètement, la désertification médicale a poussé la puissance publique à trouver des solutions pour que chaque citoyen puisse bénéficier d’un médecin dans les années à venir. Le moins que l’on puisse dire est que ce défi est colossal. C’est pourquoi, il n’était pas surprenant de voir dans le public le nouveau maire de Marly, Jean-Noël Verfaillie, un adjoint de la ville de Valenciennes, Karim Gana, et le maire de Beuvrages, Ali Benyahia. Pourquoi ? Très simple, les  35 000 édiles en France ne pourront plus être un spectateur d’une carence médicale criante sur leur commune. Désormais, ils font partie de l’équation finale d’une santé accessible pour tous. Peu importe la manière, un local, un accompagnement, de la communication, la collectivité locale participe pleinement à l’accès aux soins pour ses administrées, les faux-fuyants ne sont plus possibles !

Déjà il y a presque 10 ans, l’ancien directeur du CHV, Philippe Jahan, parlait avec force du patient médical partagé. En clair, un individu doit intégrer que son dossier médical serait consulté par plusieurs praticiens. En effet, cette pratique médicale constitue la condition sine qua non pour bénéficier d’une consultation médicale sur le temps long. Oui, c’est une révolution dans notre conscience collective du rapport praticien/patient à la française, arc-bouté derrière un professionnel isolé, le secret médical chevillé au corps !

 « Les mutuelles (etc.) veulent Uberiser notre profession ! », Président de l’association

Le gouvernement a fait des choix drastiques pour remédier à ce cataclysme médical. D’abord, il a supprimé le Numérus clausus dans le cursus des études médicales, mais les effets seront visibles d’ici 10 ans dans le meilleur des cas. C’est pourquoi, le choix fut porté sur la première ligne médicale, le 1er front de la chaîne de soin. « La Loi a lancé les CPTS ( Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) avec un objectif de 1 000 CPTS en 2022. Il existe déjà des CPTS sur Maubeuge, Douai, Lens, mais pas encore sur Valenciennes. Les dits professionnels regroupés collaboreront sur un territoire, on ne résonne plus du tout par patient. De fait, sur un territoire, vous pouvez soigner les patients d’un autre praticien. En soi, c’est déjà un profond changement dans notre mode de fonctionnement », commente le Docteur Jacques Franzoni.

L’objectif est limpide. Certaines mutuelles, voire structure affiliées, commencent à grossir au point d’imposer à ses patients adhérents leur choix de professionnels de santé. « Ce sera une démarché verticale contre laquelle nous ne pourrons rien faire. Les Mutuelles (etc.) veulent Uberiser notre profession. Nous devons de fait nous fédérer pour coopérer avec le Centre Hospitalier de Valenciennes (voire autres établissements publics de santé sur le Hainaut) afin de continuer notre métier.  L’infirmier libéral tout seul, c’est fini ! », résume clairement le Président de l’association.

« Cette coïncidence est devenue un projet », Alain Lecherf

Au pupitre Alain Lecherf, et assis, Docteur Jacques Franzoni, Dalila Bellouni, vice-présidente de l’association, et David Payen, trésorier

Alain Lecherf, le Directeur général adjoint du CHV, était présent à cette réunion d’informations. Il fait un retour rapide sur la période Covid-19 où « sans les moyens, mais devant nos responsabilités, nous avons traité 1 300 patients positifs au Covid-19. Cela s’est bien passé grâce à l’engagement de toutes les équipes ».

Le Docteur Jacques Franzoni témoigne de cet « engagement extraordinaire de tous les services du CHV pendant le Covid-19. Des professionnels effectuaient des actes médicaux dont il n’avaient pas l’habitude, il y a eu une grande solidarité entre les praticiens ».

Ensuite, le DGA brosse le futur médical dans les coulisses. « On se dirige vers une régionalisation de la santé publique. Certes, nous n’aurions plus l’Etat en face, incarné par l’ARS, mais il faut se méfier des roitelets en région… », commente-t-il. Là également, l’amnésie est cocasse. Que de critiques à l’endroit de l’historique ARH (agences régionales de l’hospitalisation) où le tout hôpital fut vilipendé par les mêmes ne supportant plus le bras armé de l’Etat, en l’occurrence l’ARS (Agence Régionale de Santé) issue de la loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires) en 2009, et traduit sur le terrain par une installation le 01 avril 2010 des dites ARS. Oui, l’hôpital public peut craindre les distorsions de prise en charge médicale entre deux régions…, à suivre de près ! Il faudrait de nouveau consulter Roselyne Bachelot, auteure de la loi HPST, et revenue aux affaires gouvernementales… !

Néanmoins, sur ce territoire, Alain Lecherf a loué les premiers rapprochements d’une coopération plus large entre l’hôpital public et les infirmiers libéraux avec l’ADILH, mais plus largement avec les praticiens médicaux. Ensuite, il a évoqué des projets relatifs au CHV « il est probable que nous nous dirigions vers un abandon du site « Monaco » pour une extension de l’Hôpital Jean Bernard ».

« Pourquoi ne pas tester tous les acteurs de santé ? », Remi Kasprzyk

Après le tissu des MAI en devenir, l’association lance (déjà) une deuxième idée emprunte de bon sens. « Un décret est passé pour rembourser uniquement le test (PCR et/ou sérologique) des professionnels de santé. Néanmoins, pourquoi les professionnels des EHPAD, les encadrants dans les IME, les préparatrices en pharmacie, etc., ne pourraient pas se faire dépister (gratuitement) comme les autres acteurs de santé. Nous voulons porter cette idée dans les meilleurs délais », indique le Président de l’ADILH.

En conclusion de cette réunion, il se dégage que l’ADILH constitue « un rempart pour les infirmiers libéraux. Nous voulons être un facilitateur pour la mise en oeuvre des CPTS d’ici 2022.  Nous voulons travailler avec l’hôpital et pas pour l’hôpital ! », conclut Remi Kasprzyk.

Daniel Carlier

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