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L’Escaut, des hommes, et l’oeil du photographe

Au sein de l’espace intergénérationnel à Prouvy, l’association « Travail et Culture » présente une exposition photographique sur les métiers du fluvial. Dans cette optique, François Bodart est le photographe d’une série de clichés sur les hommes et les métiers autour de l’Escaut.

(Visuel François Bodart)

Dans le cadre d’un projet sur « L’Escaut en devenir », l’association « Travail et Culture » avait contacté en 2016 le photographe François Bodart pour un travail sur les métiers du fluvial, en l’occurrence autour de l’Escaut, ce grand fleuve si méconnu en France hors de notre frontière régionale. « Je suis instituteur, ancien syndicaliste, et j’ai recommencé la photographie depuis 15 ans pour laquelle j’ai repris un cycle d’étude notamment dans les arts plastiques », entame François Bodart.

Cette étude sur l’avenir du fluvial avait également un caractère transfrontalier de Dunkerque au Valenciennois en passant par Anvers d’où une série de clichés sur un périmètre très large.

« A la même hauteur », François Bodart

Très loin de l’apprenti photographe avec son smartphone, lâché immédiatement sur les réseaux sociaux, on oublie que la photographie est un art consommé, un talent demandant en l’espèce du temps. « Ce reportage, voire documentaire photos, m’a pris dix-huit mois entre mars 2016 et 2017. J’ai pu rentrer dans des entreprises comme les Malteries, Vallourec, la GDE, Contargo, et VNF (Voies Navigables de France). Ainsi, j’ai pu prendre le temps nécessaire pour échanger avec les hommes, les apprivoiser, ne pas les interrompre dans leur tache, et surtout me faire accepter sans être au dessus d’eux, mais plutôt se mettre à la même hauteur. Il fallait impérativement installer un rapport de confiance », commente François Bodart.

Le temps était indispensable pour éveiller l’oeil du photographe face à un fleuve, des « containers » qui régissent toute la vie de l’Escaut, et des hommes à la tâche, parfois très dure. Cette exposition a déjà été accrochée à différentes occasions dans le Valenciennois « sur Condé-sur-l’Escaut, dans le Cambrésis, sur le site de VNF, et à la capitainerie durant les fêtes du port », commente Sukran Akinci, cheffe de projet au sein de l’association « Travail et Culture ».

Cette exposition est la résultante d’une sélection parmi « 450 clichés de 36 visuels dont certains sur le Valenciennois sont exposés ici à Prouvy. Notre volonté est mettre en avant la relation entre le travail et l’homme. En l’occurrence, l’Escaut attend le Canal Seine Nord (Europe) d’où la thématique choisie en 2016 », poursuit-elle. On touche du doigt le temps (très long) de ce dossier où les travaux devraient commencer en 2021 (retard Covid-19) dans l’Oise pour s’achever vers 2028/2029.

L’artiste durant le vernissage des clichés choisis pour cette exposition soulignait l’originalité du support. « J’ai proposé un cadre en acier en rappel des coques de bateaux. De cette manière, la photographie va évoluer dans un environnement qui va vieillir, rouillé avec le temps », précise-t-il. Expliquant l’histoire de chaque cliché, il pointe son préféré où un soudeur traverse un instant l’objectif du photographe « ce regard, il est à moi », dit-il avec fierté !

Outre des clichés sur le Valenciennois, certains proviennent d’une usine en Belgique. C’est l’ancienne entreprise navale « Plaquet » à Péronnes-lez-Antoing, elle est aujourd’hui fermée, mais « elle avait à l’époque une antenne sur la commune de Mortagne-du-Nord », précise Sukran Akinci. Rappelons que Mortagne-du-Nord fut un haut lieu de la batellerie au XXème siècle avec une activité foisonnante, 2ème tonnage en France après l’ïle de France.

Cette exposition est visible jusqu’au 11 septembre à l’Espace intergénérationnel Louis Joseph Faidherbe, 44 Rue de la Mairie, 59121 PROUVY. Entrée gratuite / Réservation indispensable/03 20 89 40 60 | info@travailetculture.org

« Continuité d’une collaboration », Isabelle Choain

Sukran Akinci et Isabelle Choain

La tenue de cette exposition à Prouvy n’est pas le fruit du hasard. « Nous collaborons ensemble depuis 2010. C’est Sukran qui est venue vers moi pour me proposer à l’époque un projet de l’association « Travail et Culture ». C’est tout naturellement que j’ai accepté cette exposition temporaire à Prouvy. Elle sera d’ailleurs complétée par un spectacle le vendredi 11 septembre prochain sur le site « Au fil de l’Eau » (40 rue de Liège à Prouvy) », commente Isabelle Choain, l’édile réélue au 1er tour le 15 mars dernier.

C’est un spectacle de danse verticale baptisé « Au fil et au rythme de l’eau », source de vie et d’énergie, le rythme de l’eau entre résonance, musique, et danse. Un poème sera lu par Thierry Jaskula avant un moment convivial. Le spectacle est prévu à 18H30 le vendredi 11 septembre.

Voilà, longtemps encore l’approche du monde du travail sera source d’intérêt tant il change, tant son retour dans son quotidien est perçu très différemment au fil du temps. Du travail pour vivre, pour survivre aussi, il apparaît aussi pour une frange de la population comme un supplétif, un prolongement d’une absence de vie autre qu’un univers corseté. Pour d’autres, il n’est qu’un moyen de profiter de son autre vie, celle qui a du sens, un travail comme un objet détaché de soi d’où les rapports de plus en plus conflictuels et instantanés, une dérive des réseaux sociaux, entre le chef d’entreprise et le salarié, voire l’apprenant.

Daniel Carlier

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