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(CHV) Rodolphe Bourret : « La vague épidémique s’abat sur le Nord »

La montée en flèche des indices sanitaires sur le Grand Hainaut impose des mesures hospitalières au sein du Centre Hospitalier de Valenciennes. Rodolphe Bourret, Directeur général du CHV, et Claude Meurisse, président du Comité Médical d’établissement, détaillent les contours locaux de cette deuxième vague du Covid-19, et les décisions à la clé comme la fermeture du CHV au public, mais également la mise en oeuvre des prochains tests antigéniques.

Claude Meurisse : « Des patients plus graves immédiatement »

En propos liminaire, le Directeur du CHV ne tergiverse pas sur l’état des lieux : « La vague épidémique s’abat sur la région des Hauts-de-France, et notamment sur le Nord. Le Hainaut-Cambrésis est fortement touché. Au 19 octobre, il y avait 232 clusters dans la région, un taux d’incidence de 272,56 pour 100 000 habitants, et un taux de positivité de 14,3. A cette date, il y avait 500 patients Covid-19 hospitalisés dans les Hauts-de-France dont 150 en réanimation ».

Plus spécifiquement sur le CHV, en date du 21 octobre à 12H, le CHV accueillait « 70 patients Covid. Sur les 70 patients, 17 sont en réanimation et 6 dans une unité de soins aiguë. Comparativement, nous étions à 35 cas Covid le 13 octobre, et 17 cas le 02 octobre », poursuit Rodolphe Bourret.

La tranche d’âge atteinte sur le CHV s’articule au 21 octobre « sur 70 patients, 15 avec moins de 60 ans, et 55 plus de soixante ans, un enfant de 10 ans et un patient de 99 ans. Malheureusement, nous enregistrons de nouveau des décès COVID depuis septembre. La moyenne d’âge en réanimation COVID est de 69 ans, et de 41 ans toutes pathologies au CHV », souligne le DG.

Par ailleurs, le président du CME indique un phénomène singulier : « Les patients arrivent plus souvent avec un cas positif, des symptômes, et immédiatement une aggravation de la pathologie. On dirait que les personnes attendent chez eux, essayent de passer à travers (voire automédication) ».

« Nous devons gérer les deux flux de patients, Covid et non Covid », Claude Meurisse

La différence entre la 1ère vague et cette deuxième vague est palpable pour les acteurs de santé. « Nous avions une hausse très brutale en une semaine au printemps dernier. Là, c’est une hausse continue depuis septembre avec une forte accélération depuis 15 jours. C’est pourquoi, l’ARS a pris en charge la coordination des lits COVID sur les Hauts-de-France. A ce titre, nous travaillons avec le CH de Maubeuge, Cambrai, Denain et Fourmies », indique le DG du CHV.

En terme d’affluence, la grande différence avec la 1ère vague est le double défi médical. « Nous avions tout déprogrammé en mars et avril denier. Aujourd’hui, nous avons (seulement) déprogrammé à 45%, notamment les opérations non urgentes. Nous comptions rattraper le retard avec une reprogrammation générale fin novembre… », ajoute-t-il.

En effet, les hôpitaux publics et privés, dans leurs compétences respectives, doivent gérer une double filière. « Nous devons gérer les deux flux de patients, Covid et non Covid. Il est impératif de traiter des pathologies chroniques. C’était plus simple lors de la 1ère vague. Pour les déprogrammations, il est essentiel de bien expliquer au patient la cause de ce report », indique Claude Meurisse.

La coopération s’avère indispensable, car ce double flux atteint déjà un pic « nos 15 lits de réanimation plus les 6 lits de soins aigus sont occupés au CHV. Nous sommes complets partout. Nous collaborons avec le CH de Maubeuge qui passe de 6 à 10 lits en réanimation, de Cambrai qui passe de 3 à 5 lits en réanimation, de Denain qui installe 6 lits en soins aigus Covid, et Fourmies avec 6 lits en soins aigus. De leur coté, sur le Valenciennois, on travaille également avec le privé, Clinique Teissier, du Parc et Vauban pour les cas Covid plus légers », précise Rodolphe Bourret.

« Fermé au public depuis le 21 octobre minuit », Rodolphe Bourret

Dans les projections à venir, il est clairement compliqué de penser à long terme. « A 15 jours, nous savons que le flux sera deux fois supérieur. Après, nous ne pouvons rien dire à plusieurs mois », indique Claude Meurisse.

Pour sa part, le Directeur Générale du CHV mentionne la situation géographique pas anodine « ou le Hainaut se situe entre la MEL (très impactée) et la Belgique (le plus fort taux en Europe Covid par habitant). Notre courbe suit celle de la Région Hauts-de-France ».

Il va s’en dire que des mesures hospitalières sont actées dès ce jour. « Le CHV est fermé au public depuis le mercredi 21 octobre minuit. Les familles des patients en soin palliatif et les conjoints au sein de la maternité feront l’exception », indique Rodolphe Bourret.

« On gère au jour le jour le personnel soignant », Rodolphe Bourret

A travers ce rebond de la pandémie, en Europe notamment, les acteurs de santé au front chaque jour constituent un maillon indispensable à cette gestion du Covid-19. « On gère au jour le jour le personnel soignant. Par contre, nous tenons à maintenir les congés des soignants qui ont besoin de repos. Nous savons que c’est parti pour durer », souligne Rodolphe Bourret.

Pas simple cette gestion en milieu hospitalier où « les soignants étaient bien fatigués après la 1ère vague. Là, cela fait beaucoup. Par contre, nous restons très mobilisés », ajoute Claude Meurisse.

Des tests antigéniques dès novembre dans le Valenciennois

La grande nouveauté médicale est la validation par la HAS (Haute Autorité Sanitaire) des tests antigéniques. « Nous avons reçu une dotation importante de tests antagoniques (les pharmacies également). Dans ce cadre, nous prenons contact avec les maires afin de bénéficier de salles (Fêtes, sports, culture) afin de mettre en place un dépistage massif. Nous faisons de même avec l’UPHF pour dépister les étudiants. A ce titre, nous avons demandé aux étudiants de ne pas rentrer chez eux pour les vacances de Toussaint », explique le Directeur Général Adjoint du CHV.

Le principe du test antigénique est simple, c’est un test réalisé toujours avec un écouvillon dans le nez, mais le résultat sera connu entre 15 et 20 minutes après. Cela change beaucoup de choses dans un plan de dépistage massif à l’échelle d’un pays. « Ce test est fiable à 65 % environ », précise le DGA. « Aucun test n’est fiable à 100%. C’est une première indication, nous passons à autre chose suivant le résultat », conclut Claude Meurisse.

Voilà, en attendant les mesures citoyennes, comme un couvre-feu potentiel dans le Nord, indiquées vers 17h par le Premier ministre et Ministre de la Santé, les mesures hospitalières sont actives avec une ligne d’horizon courte sur les mesures additionnelles à prendre, mais longue sur la perspective d’un retour à la normale d’un après COVID-19, c’est pas demain !!!

Daniel Carlier

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