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Le Groupe Vallourec dépèce la métallurgie sur Saint-Saulve

Chaque mois apporte une nouvelle pièce du puzzle Vallourec dont chacun connaît le rendu final, la fin de la métallurgie dans le département du Nord, et notoirement sur la commune de Saint-Saulve. Cette fois, c’est un partenariat avec une entreprise en Ukraine très révélateur sur l’intention industrielle du PDG du Groupe Vallourec. Fabien Roussel monte une fois de plus au créneau.

Fabien Roussel « Vallourec, c’est de la vente à la découpe »

Le député Fabien Roussel dénonce depuis longtemps la stratégie industrielle du Groupe Vallourec. Force est de constater que petit à petit ses craintes s’avèrent être fondées : « Cela fait deux ans que je dénonce l’intention du Groupe Vallourec de supprimer la métallurgie sur Saint-Saulve, et plus largement dans le Nord de la France ».

Nous étions restés sur un communiqué du 28 février 2018 du Groupe Vallourec indiquant la fin de la ligne « Chaudière » sur la Tuberie de Saint-Saulve avec 164 licenciements à la clé. : « Le Groupe a pris la décision de procéder à certains ajustements additionnels parmi lesquels la fermeture de sa ligne dédiée à la finition de tubes chaudières de petits diamètres sur le site de Saint-Saulve. Cette activité subit de plein fouet la baisse continue des volumes dans l’énergie électrique conventionnelle ». Cette information verticale est encore dénoncée aujourd’hui par les salariés de la Tuberie en grève.

La recette du dépeçage, simple et accessible… !

Bien sûr, Philippe Crouzet avance tel un joueur d’échec avec méthode, sans oublier sa propre rémunération ( voire article du https://www.va-infos.fr/2018/03/04/vallourec-remuneration-de-philippe-crouzet-ne-connait-ajustement-additionnel/, ), mais avec une cruelle ténacité dans ce schéma de délocalisation pure et simple.

Dernier fait enrégistré, un communiqué du Groupe Vallourec, daté du 18 avril dernier, explique qu’un partenariat a été noué avec une entreprise ukrainienne de tubes sans soudure. « Ce futur accord prévoit la production à Nikopol, au sein de l’une des usines ukrainiennes d’Interpipe, de tubes sans soudure en carbone non-OCTG, destinés au marché européen. Autrement dit, les mêmes produits que ceux fabriqués par la ligne chaudière de Saint-Saulve, de diamètre identique et selon une nuance d’acier semblable », souligne Fabien Roussel dans un courrier adressé au ministre de l’économie Bruno Lemaire.

D’évidence, on ne parle pas d’un manque de rentabilité en France, mais de plus de rentabilité en Europe de l’Est, il faut dire les mots parfois pour fixer les esprits. « C’est de la vente à la découpe, c’est moins douloureux. Il compte sur la division des syndicats, des salariés, petit bout par petit bout. Que va inventer Philippe Crouzet pour justifier cette initiative, cela sera tellement facile pour lui de dire – ce n’est plus rentable-. Pour ce partenariat, il s’agit en réalité d’une véritable délocalisation », poursuit le député de la 20ème circonscription.

Chronique d’un calendrier mortuaire de la métallurgie

  • L’épisode Ascométal en janvier 2018 a débouché sur un sursis dans l’attente de…  !  « Faute de repreneur en octobre/novembre prochain, le fonds mis en place pour le plan social sera activé », précise Fabien Roussel.
  • Puis, la suppression fin février 2018 de la filière chaîne sur la Tuberie est actée. Forcément, elle n’est pas perdue pour tout le monde, une entreprise ukrainienne va produire le même produit.
  • Ensuite, si malheureusement Ascométal n’est pas repris… « le laminoir des Dunes (Leffrincoucke) sera fermé dans la  foulée », commente Fabien Roussel. Précisons que le format actuel était déjà un indice de précarité du process. En effet, la conséquence directe de la fermeture du laminoir de Saint-Saulve a propulsé la production de l’aciérie de Saint-Saulve vers le laminoir de Leffrincoucke, merveilleuse empreinte carbone ! Sans cet apport du Valenciennois, un autre pan de la métallurgie dans le Nord de la France va fermer ses portes sur Leffrincoucke.
  • Enfin, que vont devenir les 131 salariés de la Tuberie en charge de la production de pièces pour l’industrie pétrolière, pas trop d’illusion dans les 24 mois… !

Bye Bye l’Europe

Presque cocasse est la lutte pied à pied avec le président des Etats-Unis Donald Trump pour une taxe potentielle sur l’acier et l’aluminium. En effet, le Groupe Vallourec, et plus si affinités, devraient d’abord recentrer leur production en Allemagne et dans l’Europe de l’Est. A moyen terme, là également la rentabilité ne sera pas optimale, et tout pourrait partir sous d’autres cieux hors de l’Union européenne. Un peu dépassé ce combat contre les U.S.A, c’est sans doute pour conserver le droit de construire un Musée de la Métallurgie à faire visiter !

Dans le Valenciennois, le pôle automobile a le vent en poupe avec les dernières annonces de Toyota, mais également celle de PSA/Valenciennes, le pôle ferroviaire est entre le contrat du siècle et la fusion des leaders de l’industrie du rail, mais rien n’est rédhibitoire à cette heure. Par contre, la métallurgie est en fin de vie dans le Nord de la France, les soins palliatifs sont activés avec plus ou moins d’éclat, fin de l’histoire  à 15% près.  Oups, on avait presque oublié que dans cette logique industrielle implacable… l’Etat est actionnaire minoritaire à hauteur de 15% du Groupe Vallourec, mais 15% plus rentable en Ukraine donc… !

Daniel Carlier

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