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L’écologie politique a (aussi) un parti, c’est EELV !

On pourrait presque oublier que l’actualité politique n’est pas exclusivement tournée vers le mouvement des gilets jaunes, et des mesures annoncées ce jeudi 25 avril par Emmanuel Macron, les élections européennes, c’est (aussi) maintenant ! Dans cette optique, David Cormand, Secrétaire national EELV et Marine Tondelier, candidats sur la liste menée par Yannick Jadot, sont venus échanger avec le comité EELV du Valenciennois et la presse locale !

David Cormand :  « Vous pouvez changer le rapport de force au niveau européen en votant EELV »

Le grand paradoxe que connaît le mouvement écologique depuis quelques années est qu’il n’a jamais été aussi prégnant, omniprésent dans les esprits, et pour autant l’écologie politique demeure, en France, le parent pauvre de la lutte collective pour sauver la planète. « Depuis 2012, je n’ai jamais vu autant de mobilisation dans le Valenciennois », souligne Quentin Omont, un responsable du comité EELV local avec Jeanine Lecaille, fondatrice depuis 2006 dans le Valenciennois. Quentin Omont a introduit cet échange à travers un discours écologique complexe sur le Valenciennois, un territoire industriel, voire le plus industrieux après l’Ile de France, où certains sujets sont tabous.

La peur du changement n’évitant pas le danger, il est urgent de parler des défis écologiques se dressant devant les générations futures dont nous avons la responsabilité, ici et maintenant ! « Nous vivons dans un modèle détruisant la nature, détruisant le vivant », entame David Cormand.

En visite dans l’Avesnois d’une exploitation agricole, son propos était planté sur l’agriculture. « Notre modèle économique agricole fait la part belle aux prédateurs, aux usines à lait, aux usines à viande, aux usines à oeufs…, le règne de la plus-value dans la grande distribution. Nous croyons qu’un autre modèle est possible ! ». Pour rappel, le budget annuel européen consacré à l’agriculture est de 50 milliards d’euros. « Nous proposons 200 milliards par an, 100 milliards générés par la Banque centrale européenne, comme elle a su le faire pour sauver les banques, et 100 milliards sur le budget européen, soit 200 milliards par an pendant 5 ans. Cela devrait permettre de mener une politique dynamique en faveur de l’efficacité thermique, voire des grands projets. En France, nous sommes les champions de la passoire thermique », poursuit-il.

Assurément, le bâti existant en France nécessite une rénovation que ce soit dans le parc privé comme dans les logements sociaux, le défi est immense ! « Dans un foyer, le coût énergétique est énorme. Si nous pouvons diminuer ce dernier, cela laisse un peu plus de pouvoir d’achat. Concernant le neuf, aujourd’hui, nous sommes en capacité de fabriquer des logements passifs voire à énergie positive ».

« Valenciennes n’a rien à envier aux pics de pollution sur Lille », Marine Tondelier

Assurément, les données sont infaillibles, le Nord est un département avec une forte densité de population, un déplacement automobile massif. Les grandes villes sont dans le collimateur de la pollution. « Valenciennes n’a rien à envier au pics de pollution sur Lille », commente Marine Tondelier. De fait, l’offre de transport public, bus, tramway ne suffit pas à réduire le flux des voitures dans le Hainaut. La pollution est au rendez-vous ! Quelles sont les solutions pour la réduire ? C’est là que le discours sur ce territoire est difficilement audible pour la population, et pourtant… !

« Le Canal Seine Nord ne changera pas le flux des camions sur l’A 1 », Marine Tondelier

Il faut reconnaître un certain courage politique aux deux interlocuteurs. Venir dire son hostilité au Canal Seine Nord ex cathedra, là, où toute obédience confondue, le projet est perçu comme un vecteur de croissance à tous les niveaux, l’alpha et l’omega de tout avec le binôme Automobile/Ferroviaire, c’est osé et très respectable à l’heure des convictions rangées aux oubliettes !  « Je suis contre le Canal Seine Nord, c’est énormément d’argent. Il existe déjà un canal, celui de la Manche ! », assène David Cormand.  » Le Canal Seine Nord ne changera pas le flux des camions sur l’A 1 «  , ajoute Marine Tondelier. 

De manière factuel, si le chantier va générer mécaniquement des milliers d’emplois, la petite musique indiquant que cela va implanter près de 10 000 emplois pérennes est à démontrer. La mise en service des ports publics est en route, favorise indubitablement le transport fluvial, mais ne génère pas un torrent d’offres d’emplois sauf preuve du contraire. Tout est à prouver en la matière, et personne ne le fait, bizarre tout de même ! Durant la campagne municipale 2014, c’était au candidat qui promettait le plus d’emplois via l’arrivée du Canal Seine Nord, presque pathétique tant ces affirmations reposaient sur du vent, sans aucun élément tangible ! Qu’en sera-t-il en 2020, passerons-nous à 20 000 emplois promis ? Toutefois, cela n’empêche pas le Canal Condé Pommeroeul de se creuser avec un gain de temps d’un journée de transport fluvial pour les barges, en faut-il plus ?

« Nous sommes pour le développement du ferroutage », précise Marine Tondelier. Là, on retrouve l’opposition écologique sur deux versants du transport, l’eau, la route contre le réseau ferré ! La voie ferrée est le moteur du parti EELV. On avait remarqué l’extrême agressivité de Cecile Duflot contre les cars dits Macron. Et en même temps, cette économie du transport partagé fait son chemin et fut d’une certaine utilité sociale durant la grève perlée des cheminots. Le dogmatisme trouve toujours son contraire sur le terrain, celui de l’efficacité écologique, certes terriblement imparfaite, car l’homme est imparfait !

« La rupture du contrat », David Cormand

Impossible d’occulter le mouvement des Gilets jaunes qui marquera au fer rouge l’histoire de la 5ème République. « Le contrat était passé entre le citoyen et l’Etat. Votre autonomie, c’est votre voiture. Peu importe si vous habitez en périphérie ! Là, c’est la rupture du contrat, et sans aucune alternative ! », commente David Cormand.

Le secrétaire d’EELV met en exergue la loi Duflot « avec l’instauration du PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal), on limite la casse face aux intérêts particuliers des maires pour leur commune, plus d’étalement urbain, pour plus de poids fiscal etc. » En effet, cet aspect n’est pas négligeable, car les SCOT signés dans les différents territoires ne sont le reflet que des désirs des intercommunalités, négociés pied à pied avec les maires. Rendons tout de même pour le SCOT du Valenciennois à Michel Blaise son travail pour l’environnement, président du syndicat d’aménagement du territoire à l’époque, afin de contrer la stratégie de Francis Decourrière, père de Valérie Létard, pour implanter un nouveau site d’Auchan sur les Dix Muids à Marly. Respect écologique à l’heure où les volets des commerces baissés dans la ville centre atteignent un pic inégalé, la rue de Famars (partie roulante) a-t-elle plus de locaux fermés que de locaux ouverts ? Le comptage est édifiant, mais tout va bien à Valenciennes comme le veut le discours ambiant !

Pourquoi voter EELV aux Européennes le 26 mai prochain ?

C’est sans doute la question centrale, car l’utilité d’un vote doit faire sens pour l’électeur. Rappelons que nous sommes dans une élection à un tour à la proportionnelle. « Aux européennes, on peut voter par choix, et pas par stratégie politique voire pour faire un barrage », précise David Cormand.

Depuis 1979, l’hémicycle européen s’est dessiné à travers deux forces politiques, les démocrates chrétiens, et les sociaux démocrates, une synthèse libérale au pouvoir. « Aujourd’hui, vous avez la montée des populistes, de l’extrême gauche, mais également des « Verts ». Des sondages très favorables aux Verts en Allemagne, voire d’autres pays, s’ils se traduisaient dans les urnes pourraient permettre de changer le rapport de force au niveau européen. Nous espérons un score correct en France nous permettant de participer à ce changement », conclut David Cormand.

Les « Verts » pourraient devenir une voie alternative, sans être majoritaire, mais incontournable dans ce concert complexe des décisions européennes, l’Europe peut beaucoup pour l’écologie, c’est un fait incontestable. Qui portera le mieux ce message le 26 mai prochain ?

Daniel Carlier

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