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Le Stade du Hainaut au coeur de l’histoire de Valenciennes Métropole

Pour comprendre les enjeux capitaux des futures présidences des agglos en 2020, voire d’une seule unifiée durant les années suivantes, il faut retracer l’histoire de ces collectivités territoriales dans le Hainaut et les marqueurs des grands choix budgétaires.

Valenciennes Métropole 2001-2014

La loi Chevènement et l’aventure territoriale de l’intercommunalité concomitante s’est traduite sur le Valenciennois par la création de deux EPCI (établissement public de coopération intercommunale ), Valenciennes Métropole et la Porte du Hainaut. Sur le plan géographique et de la densité urbaine, ce territoire aurait dû bénéficier d’une communauté urbaine. Tel ne fut pas le cas tant les personnalités politiques étaient fortes. Bien sûr, nous parlons d’un coté d’Alain Bocquet, figure parlementaire et territoriale du PCF, et de Jean-Louis Borloo, l’étoile montante de la politique en 2001 dont tout le monde connaît la carrière. Cette donnée a débouché sur la création de deux agglo, Valenciennes Métropole et La Porte du Hainaut. La répartition des communes d’un coté ou de l’autre ne fut pas sans douleur. Plusieurs communes ont souhaité passer de Valenciennes Métropole à la Porte du Hainaut, puisque la loi leur permettait le temps d’une année de choisir ; une seule a franchi le pas, il s’agissait de la commune d’Escaupont sous l’autorité de Francis Berkmans à l’époque. Etudions l’une après l’autre les grandes étapes de ces intercommunalités. Tout d’abord, notre regard se porte sur Valenciennes Métropole :

Sur Valenciennes Métropole, plusieurs grands projets ont marqué ces mandats comme la reconstruction de la patinoire dont l’ancien site avait brûlé en 2004, comme la piscine d’ailleurs en 2014. Celle-ci fut achevée durant l’été 2008.

Autre réalisation majeure, la rénovation lourde du Boulon à Vieux-Condé en 2011, devenue un CNAR (Centre Nationale des Arts de la Rue) en 2013.

Bien sûr, le développement économique fut un fil rouge constant depuis le début de cet EPCI dans le Valenciennois, Valenciennes Métropole fut très active sur le sujet indéniablement.

Et arrive le Stade du Hainaut…

Pour les débuts de Valenciennes Métropole, le choix, la budgétisation et le vote formel pour la réalisation du fameux « 4ème pont » avait marqué du bon sens cette première mandature, ce projet s’inscrivait complètement dans le développement économique du territoire. En effet, la fluidité de la circulation était, est, et sera toujours un atout d’attractivité pour un territoire. Pourtant, ce projet fut abandonné peu après. Nous payons aujourd’hui encore son abandon pour un motif évoqué ci-après. Factuellement, le Contournement nord ne remplacera jamais ce 4ème pont qui d’ailleurs n’avait aucun crédit auprès de l’ancien président du Conseil général du Nord, Bernard Derosier. Donc, cet argument avancé par certains élus n’a aucune crédibilité au moment où la décision fut prise, ni même dans son implantation actuelle.

Techniquement, l’abandon de ce 4ème pont s’explique à travers son remplacement par le projet, voté en 2006, du Stade du Hainaut. 

Suite à une étude préalable, les élus avaient deux choix. En effet, dans le cadre du vote de cette délibération cadre en mars 2006 par les délégués communautaires, les hypothèses étaient les suivantes ; soit un nouvel équipement pour environ 40 millions d’euros (40.630.000 € selon le rapport de la Cour des Comptes du Nord dans cet article) sur 33 à 34 mois pour un stade polyvalent ou 43,51 M€ HT pour la restructuration du Stade Nungesser sur 46 à 47 mois. Bien sûr, les élus ont voté pour la construction d’un nouveau stade. Mais le problème survient très tôt après ce moment clé dans l’histoire du Valenciennois… En effet, dès le premier passage des marchés publics, la facture pour ce nouveau stade est passée à 66.811.985 €. Puis, la note finale totalise le coût du Stade du Hainaut à 96.626.585 € pour la collectivité, donc de l’argent public ( ci-joint extrait Chambre Régionale de la Cour des Comptes). A l’époque, l’argument avancé par Valenciennes Métropole, dans le rapport de la CRC Hauts de France, était une contrainte de la ligue professionnelle de football, nouvelle règlementation etc., vis à vis du VAFC. Pour autant, la CRC ne fait mention d’aucun document étayant les affirmations de Valenciennes Métropole sur ces obligations.

La CRC des Hauts de France souligne que la hausse entre le vote des délégués communautaires en faveur de la réalisation du Stade du Hainaut et le coût final est de 133%, et l’inflation de 2006 à 2008 estimée à + 64%. Dans le même registre, la CRC des Hauts de France indique qu’une hausse entre les marchés publics initiaux et le coût final s’élevait à + 42%, c’est peut-être le plus troublant.

Il faut intégrer dans ces chiffres que malgré un recours en février 2008 d’une association de riverains, le chantier du Stade du Hainaut a tout de même démarré dès mars/avril 2008, alors que dans les mêmes conditions, le Stade de Lille n’a pas continué, car le 1er projet se situait du coté de la Citadelle de Lille. Chemin faisant, l’association des riverains a gagné cette procédure au second semestre 2008, le Stade du Hainaut a dû supprimer le volet polyvalent pour continuer son projet. De même, le coût d’interruption des travaux pour les entreprises fut négocié à hauteur de 2 613 603 euros et l’indemnisation des riverains à hauteur de 713 711 euros. On peut donc constater qu’une attente de l’issue de cette procédure en justice aurait fait économiser une somme significative d’argent public. Certes, le Stade de Football eut été inauguré une année plus tard, mais voilà le prix payé par les contribuables du Valenciennois pour cette construction sans attendre le passage de la justice…. 3 327 314 euros.

A noter également, que sauf deux élus, Dominique Lymer et Luc Coppin, tous les élus ont voté en faveur des avenants de coûts supplémentaires de chantier. Ensuite, aucun délégué communautaire, voire directeur de cabinet comme Jean-Michel Michalak de Valérie Létard, n’a effectué un signalement au Procureur de la République (article 40 du Code de procédure pénale), aucune procédure n’est en cours à ce jour.

« La chambre regrette l’absence d’étude préalable sur la capacité du stade, au regard du faible taux de remplissage », CRC des Hauts de France

Certes, tout le monde est enthousiaste suite à un événement comme la Coupe du Monde féminine de football, très réussie à Valenciennes. Pour autant, quel serait l’état des investissements, sans le Stade du Hainaut, si d’autres projets structurants, outre le 4ème pont précieux pour les entreprises, avaient été lancés durant les deux premiers mandats de 2001 à 2014, soit pour un montant de 55 995 585 euros (différence entre le vote et le coût final du Stade du Hainaut) ? Gageons que les subventions reçues par les différents partenaires sur le Stade du Hainaut se seraient portées également, voire plus, sur un autre projet concernant le développement économique puisque c’est l’ADN d’une intercommunalité.

(Rapport de la Chambre régionale des Comptes sur la CAVM) dès la page 27 avec deux passages édifiants (extraits choisis d’un document visant à la parfaite information des citoyennes et citoyens du Valenciennois) : « La chambre regrette l’absence d’étude préalable sur la capacité du stade, au regard du faible taux de remplissage », et oui, ce n’est pas un secret, la capacité d’attractivité du football dans le Valenciennois n’est pas au niveau de 25 000 places. On le constate à chaque rencontre de championnat en ligue 2. De plus, les 25 000 places n’ont jamais été atteintes non plus en ligue 1, très loin de là.

« Le conseil communautaire aurait dû être invité à se prononcer une nouvelle fois sur la construction d’un nouveau stade », CRC des Hauts de France

Autre commentaire confondant de la CRC des Hauts-de-France sur la formalité du vote des délégués communautaires en 2006 : « Il n’apparaît pas, dans les éléments apportés par la CAVM, que les travaux supplémentaires n’eussent pas pu être prévus au moment du vote du conseil communautaire sur le projet ; ainsi, la chambre considère qu’un tel écart relève d’un manque de préparation dans la définition des besoins par la CAVM, maître d’oeuvre.

Ces évolutions ayant conduit à ce que l’étude initiale soit peu conforme à la réalité du projet, le conseil communautaire aurait dû être invité à se prononcer une nouvelle fois sur la construction d’un nouveau stade, sur la base de ces éléments ».

Evidemment, la ligue professionnelle de football était ravie de l’émergence d’un nouveau stade, splendide au demeurant, dans le paysage du football français. D’ailleurs, Frédéric Thiriez, patron de la ligue à l’époque, était présent à cette inauguration le 26  juillet 2011. Néanmoins, la question centrale est simplement démocratique. Les délégués communautaires, élus des 35 communes du territoire, avaient-ils toutes les informations nécessaires afin de voter, oui ou non, la construction d’un nouveau Stade de Football ? Sur le fond, les magistrats indépendants de la Chambre Régionale des Comptes des Hauts-de-France répondent à cette question claire, c’est NON ! D’évidence un vote entre un coût pour la collectivité territoriale, donc de l’argent public, à 40 millions d’euros, et un autre vote sur autre projet à 96 millions d’euros, sont totalement différents sur un territoire avec un taux de demandeurs d’emplois endémique de plus de 15% en 2006. Sur la forme, sous la houlette du président du VAFC, Francis Decourrière, un point presse dans les locaux de Valenciennes Métropole s’est déroulé le matin même de la plénière du Conseil communautaire afin de présenter le projet d’un nouveau stade de football, une copie réduite du stade du Bayern de Munich. Donc, le résultat semblait acquis pour les dirigeants du VAFC sans attendre le vote formel des conseillers communautaires ! Ensuite, les délégués communautaires ont donc découvert le soir même une délibération sur table pour approuver, ou pas, cette construction d’un nouveau Stade de Football à 40 millions d’euros présumé face à un projet de rénovation lourde du stade actuel. Donc, l’autre question est encore plus simple. A votre avis, les conseillers communautaires auraient-ils voté un nouveau stade de football… à 96 millions d’euros ou un projet plus raisonnable d’une rénovation lourde de l’ancien Stade Nungesser à 43,51 millions d’euros ?

Relevant plus de l’anecdote, mais tellement réaliste, François Perain, ancien Procureur de la République de Valenciennes, disait à l’occasion de l’audience pour sauver le VAFC de la faillite en juin 2014 « le temps de la folie des grandeurs du VAFC est fini ! « .

Voilà des éléments factuels à analyser par les électeurs Valenciennois et les futurs élus à l’intercommunalité lors du prochain vote communautaire pour les présidences. Pour rappel, les noms des élus aux responsabilités durant deux mandats : La présidence de 2001 à 2008 fut assurée par Jean-Louis Borloo, celle de 2008 à 2014 par Valérie Létard (fille de Francis Decourrière, ancien président du VAFC, ancien élu à la ville de Valenciennes et ex délégué communautaire). 

Voilà un premier maillon important dans l’histoire de Valenciennes Métropole.

Daniel Carlier

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