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(Rediff) Losange noir, l’art de sublimer le réel !

Losange noir c’est tout d’abord Nicolas Delfort, 25 ans originaire du bassin minier. Il fait de la vidéo, de la photo et de la musique sous le pseudo Nico187. En parallèle de ses études d’arts plastiques en management artistique et culturel à Valenciennes, il a toujours été autodidacte dans sa pratique. Fortement marqué par le paysage minier, ses images ont une couleur et une sonorité particulière. En effet, ses images nous parlent.

Focus sur Losange noir productions

Losange Noir a été initié par un groupe d’amis, il y a une dizaine d’année. J’ai rencontré l’un des fondateurs, Nico, une personnalité forte, certainement façonnée par le paysage de ses origines, mais aussi très sensible, aux gens, et à l’atmosphère qu’il croise sur son chemin.

Losange noir, c’est donc quatre fondateurs avec chacun leurs spécialités : Stéphane Dubois (vidéo et théâtre), Théo de Geitière (vidéo et podcast), Anne Sophie Zawieja (photographie) et Nicolas Delfort (photographie et vidéo). D’où le losange, « une figure qui s’équilibre uniquement par la présence de chacun ». Le medium vidéo était au cœur de la création du losange qui a souhaité alors se structurer. Le losange étant déjà utilisé, l’adjectif noir y a été apposé.

Il caractérise le bassin minier, d’où sont natifs les quatre membres. C’est d’ailleurs à ce moment-là que leur court métrage « Pays noir » a été sélectionné par Art Up révélations.

A ces membres initiaux, ce sont ensuite greffés Anthony, Baptiste, Julien, Onnilio, chacun avec ses spécialités et ses envies… « C’est donc maintenant plus un octogone qu’un Losange, mais tant pis ! »

A mesure de l’avancement des projets, ils ont créé Losange Noir Productions, dédié complètement aux commandes. « On peut y faire de tout, teasers, clips, drone, vidéo 360… C’était important de détacher nos projets artistiques de cette dimension de « prestation ». Nous préférons d’ailleurs le mot « collaboration » car on essaie toujours d’apporter quelque chose aux projets qu’on nous propose et c’est en général, ce pourquoi les gens nous connaissent. »

Nico a commencé la vidéo en même temps que la musique, au collège. Comme pour certains des vidéastes qui l’ont influencé, notamment la grande famille Kourtrajmé, tout est né de la contrainte…  ! « Quand j’étais plus jeune, si je voulais créer un contenu vidéo pour ma musique, c’était impossible car il n’y avait ni contact, ni budget, donc je le faisais moi-même et ça fait maintenant quinze ans que je fonctionne comme ça. »

Ces deux médiums sont devenus quasi-indissociables.

Losange noir production, c’est aussi transmettre !

« Lorsque je parle de transmettre, je veux vraiment parler d’une éducation à l’image, qu’elle soit technique, artistique ou cognitive. J’aurais adoré, il y a quinze ans justement, quand je trainais dehors avec mon caméscope, sans horizon artistique existant, qu’un lieu ou une personne me permette de me dire que ce que je faisais, avait une valeur. »

Parfois, il fait ce qu’il appelle « de la médiation de rue ». Il prend des jeunes en photo, les invite dans des clips, essaye de leur montrer qu’il faut passer par des moments de doute, mais qu’on peut vivre de sa passion.

Il intervient plus officiellement dans des lieus vraiment variés : centres de détention, centres d’éducation renforcé, maisons de quartier, médiathèques, écoles… Il y propose par exemple des ateliers sur le court métrage, le portrait ou le clip musical. « L’idée c’est qu’il y ait de la manipulation, de la création, de la cohérence et surtout que ça donne un accès rassurant à ce qu’est « l’image artistique ». »

Il a récemment développé cette notion sur le territoire de la Porte du Hainaut dans le cadre d’une résidence CLEA (Contrat Local d’Education Artistique) avec une collaboration avec 21 partenaires différents. »

Aujourd’hui Losange Noir Productionsest de plus en plus sollicité et préfère se consacrer à chaque proposition extérieure comme si c’était la seule. Mais se garder aussi un peu de disponibilité pour leurs propres créations.

Durant les trois premières années, ils allaient à la rencontre des structures culturelles, des scènes ou des services de communications et depuis, le bouche à oreille et les réseaux ont suffis pour les occuper presque constamment ! « On est assez hip-hop dans la façon de faire, on a frappé aux portes avec du culot, en laissant des stickers derrière nous et on a scandé le nom de la structure comme si c’était une meute, il y a même quelques losanges tatoués, maintenant on est devenus sages et professionnels… »

Un projet leur a été proposé par le CNRS et l’Institut de Musicologie de France pour créer un film sur une découverte récente, une technique d’écriture musicale jusqu’ici ignorée. Ce serait le premier contenu vidéo mondial sur ce procédé. « On serait ravis d’y avoir participé si celui-ci se concrétise ! »

Plus personnellement, il aimerait beaucoup travailler avec le réalisateur Valentin Petit, originaire de Bourges. « Ne serait-ce que pour faire le making-of d’un de ces tournages serait formidable, il a une créativité démesurée, chaque production dépasse la précédente. »

Dans le cinéma comme dans la musique, il y a forcément des dizaines de personnalités qui l’intriguent : Mathieu Kassotivz, Bruno Dumont, Kim Chapiron, Julia Ducourneau, Maïwenn, Romain Gavras, Quentin Dupieux (pour ne citer que de la France). « On a envie de voir le processus créatif, c’est pour ça que j’achète encore des DVD, juste pour les bonus ! »

« Aujourd’hui, n’importe qui, même un enfant, peut créer une centaine d’images en HD dans la journée, c’est devenu banal. » Le combat que Losange noir mène est un peu similaire à celui d’un photographe de 1980 : « choisir son image, choisir son instant, pour l’atmosphère, le sens, la puissance ou la douceur de ce petit bout de quelque chose, qu’on immortalise avec une simple pression de l’index. Il y a 40 ans, c’était parce qu’on ne pouvait faire que peu d’images, maintenant c’est parce qu’on peut en faire une multitude. »

Nicolas est nostalgique de l’image argentique autant qu’attiré par le futur hyper-numérique. « Par exemple, hier, dans une même commande, il y avait la dernière caméra 360, le dernier drone du marché et des petites piles et pellicules 24×36 pour le prakticar que mon père a acheté juste avant ma naissance. »

Il a d’ailleurs tendance à mixer les deux. Il utilise des objectifs argentiques sur des boitiers numériques, des textures de caméscope ancien sur des images 4k très modernes. « Je prends le meilleur de chaque procédé pour créer mon grain ».

Quotidiennement, il a la chance de baigner dans un tourbillon de création. Il s’inspire de ses proches et essaie de les inspirer en retour. Et évidement son environnement de toujours, le Nord, les friches, les terrils, « notre « Pays Noir » unique et multi-facettes ».« Que ce soit dans ses images ou ses textes, il y a toujours quelque chose de la jeune fille que j’ai croisé ce matin, de l’histoire que mon grand-père m’a racontée il y a dix ans, du surnom qu’a donné mon ami à ce terrain vague et des trajets que j’ai fait mille fois entre Valenciennes et Denain. Je pense que j’irais m’inspirer du bout du monde quand j’aurais compris ce que j’aime et je déteste dans mon propre chez-moi. C’est d’ailleurs exactement tout ce que raconte mon exposition « Les ailes du criquet », qui est reportée en novembre 2020. »

Les projets à venir :

– Exposition « Les ailes du criquet », vidéo, photo et installation en novembre 2020 à l’imaginaire de Douchy les Mines

– EP 5 titres musical rentrée 2020

– Exposition et livre « Les enfants des friches » pour 2021

Pour entrer dans leur univers, voici une vidéo de présentation :

Crédit photos :  Julien Delfort

Jane Huvelle

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