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(Maing) Installation illégale, arrêté d’expulsion, recours au TA de Lille… et une suite !

Un recours au Tribunal administratif de Lille (ce mardi matin 27 mai) est étudié par la justice contre l’arrêté d’expulsion des gens du voyage à Maing. Voilà le fait du jour, mais cet instantané du Droit administratif mérite un retour sur cette installation illégale, et rocambolesque, depuis ce mardi 20 mai 2025. Entretien croisé entre Philippe Baudrin, maire de Maing, et Stéphane Costaglioli, Sous-Préfet de Valenciennes, pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce fait de société (visuel sur les caravanes installées sur le terrain de foot communal de Maing).

Un après-midi pas comme les autres… à Maing

Le maire de la commune de Maing, Philippe Baudrin, se souviendra longtemps de ce 1er coup de fil où l’information tombe sur une éventuelle installation de gens du voyage sur sa commune. Pour rappel, cette collectivité locale de moins de 5 000 habitants n’est pas concernée par la Loi Besson sur un nombre de places réservées à l’installation des gens du voyage, donc de fait pas  dans l’obligation de respecter le Schéma départemental du Conseil départemental en la matière… !

Néanmoins, la surprise est amère lorsque entre 15h et 16h, les premières velléités de pénétrer sur le stade de foot communal débutent. « J’ai mis ma voiture en travers pour empêcher cette installation, une vingtaine de voitures et caravanes étaient passées, mais le principal n’était pas encore arrivé », explique-t-il. 

Echanges, palabres, négociations… « nous avons proposé le terrain de la Fontenelle (sortie de ville le long d’une route avec un virage à 90°), mais le terrain était trop herbée à leurs goûts », commente la 1ère adjointe de Maing. Ensuite, les chefs de la communauté ont voulu négocier une installation, mais le maire a refusé tout compromis compte tenu de l’impact de cette installation illégale sur ce terrain municipal. « Notre calendrier pour la fin mai et juin est remis en cause, les salles des sports et des fêtes sont inaccessibles et notre terrain d’honneur de foot est occupé, cela perturbe gravement la vie de notre commune », s’exclame le maire.

Durant près de 3 heures, la communauté a barré les accès à la commune pour les habitants dans l’attente d’un compromis, le ton est monté. Et puis, le Sous-Préfet de Valenciennes a demandé au maire de laisser passer les caravanes (130 au final). « J’ai pris mes responsabilités avec comme objectif la sécurité des biens et des personnes, du maire et de ses élus, des Maingeois, des forces de Police, et des gens du voyage. Cette installation a permis de recouvrer de la sérénité et de permettre aux Maingeois de rentrer chez eux », explique le Sous-Préfet de Valenciennes. 

Avec le recul quelques jours plus tard, Philippe Baudrin juge que le représentant de l’Etat de proximité « a eu raison. Je n’ai aucun reproche à lui faire. Il a calmé le jeu ! » Toutefois, Stéphane Costaglioli « comprend la colère de l’édile, elle est légitime ! ».

Plus globalement, ce n’est pas le mode de vie du nomadisme qui est en cause, « respectable comme les autres. On ne stigmatise pas du tout ces communautés », ajoute le Sous-Préfet, mais la méthode employée par les gens du voyage : « Ce n’est pas un passage annoncé en amont ! »

« Les gens du voyage ont des Droits et des Devoirs », Stéphane Costaglioli

Revenons sur le point de départ, une communauté de gens du voyage d’une centaine de caravanes était venue sur Denain pour des obsèques. « Dans ce cadre, elle avait prévenu avant la maire de Denain, s’est installée sur un terrain non utilisé par la municipalité, et signée une convention pour une durée courte (15 jours) qu’ils n’ont pas respecté (75 jours), mais l’installation était tout de même encadrée. Ici, ils viennent sans prévenir et s’installe sur un terrain de sport municipal, perturbe la vie de la commune sur un site avec une voie unique d’accès, branche (dangereusement) des arrivées d’électricité et d’eau illégalement, c’est du vol ! Imaginez un incident, c’est pour moi un trouble à l’ordre public », poursuit le Sous-Préfet de Valenciennes. 

La procédure en cours…

Compte tenu que la commune de Maing respecte la loi en la matière, cette installation illégale, le mardi 24 mai,  permet des recours en Droit. Tout d’abord, le maire a déposé plainte ce mercredi 21 mai. Ensuite, un arrêté d’expulsion avec tous les paramètres évoqués ci-dessus a été initié par le Sous-Préfet de Valenciennes ce vendredi 24 mai et remis par huissier aux intéressés. « Ils ont refusé de signer ce dernier et ont déposé un recours au Tribunal administratif de Lille le samedi 25 mai. Ce dernier est suspensif ! ».

Ce mardi 27 mai, le Tribunal administratif de Lille va statuer dans la matinée et « je ne préjuge pas avant d’une décision de justice », précise le Sous-Préfet de Valenciennes. Dans l’hypothèse où le TA de Lille confirme cet arrêté d’expulsion, il revient à l’autorité de l’Etat de mettre en oeuvre la force publique pour procéder à l’expulsion. « Toutefois, dans l’immense majorité des cas, les gens du voyage partent d’eux-mêmes, sinon… ! » 

Une issue à cette tempête locale est envisageable, mais les dégâts pour la commune de Maing seront tangibles et visibles. Même si les recours administratifs ou les appels aux forces de l’ordre sont habituels sur le sujet (une soixantaine par an dans le Valenciennois), l’événement sur ladite commune était inhabituelle « par le nombre et la méthode utilisée. C’est la première crise du genre que j’ai géré depuis mon arrivée », conclut Stéphane Costaglioli.

Daniel Carlier

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