Territoire

Michel Domin : « Il ne faut pas voter pour les extrêmes, Jean-Luc Mélanchon et Marine Le Pen »

Des élus socialistes, pro François Hollande, se sont réunis devant la presse pour affirmer leur positionnement à l’aube de ce prochain vote présidentiel, d’ores et déjà unique dans l’histoire de la Vème République. Un choix assumé afin de cibler le danger, d’identifier ce que le courant « Hollandais » veut éviter à tout prix !

(Elu(e)s présent(e)s, Yvon Riancho, Michel Domin, Sandrine Gombert, Bernadette Sopo, Alain Mamolo et Jean-Charles Lambecq)

Yvon Riancho : « Nous sommes majoritaires au sein du Parti socialiste »

Bien évidemment, ce courant « Hollandais  » de pensée politique n’est pas hors sol. « Nous sommes des socialistes », clame Michel Domin. Même si Sandrine Gombert lance « en ce moment, nous avons l’impression d’être des apatrides au sein du P.S ». C’est l’extraordinaire paradoxe de cette fin de campagne.

Le Parti Socialiste traverse des heures singulières, le président élu P.S ne se représente pas, le verdict de la primaire fruste toute une partie de l’électorat de cette formation politique, car « « nous sommes majoritaires au sein du Parti socialiste, même si nous avons perdu la primaire de la Belle Alliance Populaire. Nous ne contestons pas le résultat et respectons la victoire de Benoît Hamon », souligne Yvon Riancho. Toutefois, Alain Mamolo s’étonne, un peu dépité : «  Nous avons vu participer des électeurs, à la primaire, invisibles auparavant ».

Il faut l’avouer, sur le principe des primaires ouvertes ; tout le mode applaudissait la méthode tant celle de novembre 2011 fut réussie, même si l’accord pour les circonscriptions en 2012 a menotté le président élu durant tout son quinquennat.

Là, que ce soit la primaire de droite et du centre, comme celle de la Belle Alliance Populaire, les vainqueurs ont bénéficié d’un vote hors parti politique, le premier pour dégager Nicolas Sarkozy, l’autre pour expulser Manuel Valls, sauf que les cartés politiques ne se retrouvent pas mécaniquement  à travers ce résultat «  Il y a un grand clivage entre les deux courants d’idées », précise Sandrine Gombert. Pour autant, rien n’était écrit, et « après cette primaire, nous attendions une main tendue de Benoît Hamon. Elle n’est pas venue. Il a négocié avec EELV, mais ne nous a même pas écouté, ni essayé de rassembler notre famille politique », explique Bernadette Sopo.

Un phénomène de frustration de la société française s’est exprimé à travers un vote ouvert. Ce double résultat scellera sans doute à jamais l’idée d’une primaire ouverte pour désigner un candidat à la présidentielle. En effet, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de souligner que beaucoup d’électeurs à la primaire de droite et du centre n’étaient ni de l’un, ni de l’autre et réciproquement pour le Parti Socialiste, cannibalisé par un électorat d’extrême gauche. C’est un constat, l’essence même de ces primaires a fait imploser les deux partis politiques historiques de la vie politique française.

Le courant « Hollandais » veut survivre à cette double élection

Cette réunion avait un objectif clair. « On n’a pas assez défendu le bilan du gouvernement. Nous sommes des progressistes et des réformistes », précise Michel Domin. « Ce quinquennat est un bilan positif  pour François Hollande », ajoute Yvon Riancho, même si «  nous ne sommes pas d’accord sur tout, et notamment sur la thématique de la déchéance de nationalité », précise Bernadette Sopo.

… Et un message limpide « il ne faut pas voter pour les extrêmes, de gauche pour Jean-Luc Mélanchon, et de droite pour Marine Le Pen », s’exclament de concert Michel Domin et Bernadette Sopo ; sans oublier « compte tenu de son programme, François Fillon »,  ajoute Yvon Riancho.

Par contre, cette communication n’est pas un appel « à voter pour Emmanuel Macron ou Benoît Hamon, nous laissons les électeurs choisir celui qui correspond le mieux à leurs convictions », indique Bernadette Sopo.

Pour autant, ce courant « Hollandais » veut survivre à ces élections, il pourrait peser dans un échiquier politique au sein de la nouvelle Assemblée nationale. Compte tenu de l’éclatement de la gauche, Parti Communiste, France Insoumise, Parti Socialiste, Lutte Ouvrière, voire NPA, le résultat de cette législative 2017 va redessiner profondément un hémicycle des députés de gauche.

Pour la droite, ce n’est pas plus joyeux, la guerre intestine des quinquagénaires fait rage, les divisions sont profondes, voire irréconciliables, tant les rivalités sont multiples. L’arrivée potentielle de « Sens Commun » au gouvernement, en cas d’élection de François Fillon, va sans doute cliver définitivement le parti Les Républicains.

Pour le centre, lorsque vous parlez en OFF à des élu(e)s, ils indiquent clairement qu’ils sont en capacité, prêts, et déterminés à casser l’accord avec François Fillon s’il n’était pas qualifié pour le second tour de la présidentielle. Très loin est l’UDI de Jean-Louis Borloo, terre de convictions ! Avec Jean-Christophe Lagarde, c’est l’idéologie des circonscriptions qui mène la réflexion politique, un comble sur les fonts baptismaux de l’UDI… !

Difficile d’assumer… une ligne politique !

Pour les partis à l’extrême des deux échiquiers, les deux candidats s’évertuent à modifier les éléments de langage. En effet, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélanchon, sous le prétexte qu’il y a plus extrême sur la même ligne politique, voire pas fondamentalement à l’extrême compte tenu du programme, nient farouchement cette classification. C’est presque drôle, car ils se rappellent que la France est un pays modéré, l’histoire des élections de la Vème république est édifiant à ce sujet. Le mot d’ordre est surtout de ne pas effrayer !

Pour les partis politiques ou mouvements, dits modérés, jamais un proverbe n’a été aussi vérifié dans la politique française de droite, du centre et de la gauche – Famille, je te hais-. On ne se supporte plus dans les partis politiques, l’entre nous à remplacer l’entre-soi. La politique française est un peu le reflet de notre vie sociétale, en recomposition formelle, car on ne se parle plus !

 

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