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(Onnaing) Michelle Gréaume « c’est politiquement incorrect ! »

A Onnaing, la vie politique est digne d’une storytelling. Après une élection en 2014 grâce à une alliance inédite entre 4 listes de gauche, ou assimilées, afin de remporter la majorité ; l’élection de Michelle Greaume comme sénatrice déclenche une nouvelle élection municipale, dingue !

(Visuel de gauche à droite, Jean-Charles Lambecq, Jean-Marie Cadot, Michelle Greaume, Xavier Jouanin, et Vincent Handré)

Xavier Jouanin : « C’est un putsch (démocratique) en bande organisée »

Chronique d’un scrutin inattendu

Pour mémoire, en 2014, la tête de liste Michelle Greaume a remporté le scrutin avec 51,79% contre 48, 21% pour la liste de l’ancienne maire, Denise Cappelle. Un score serré, mais obtenu grâce à une alliance entre 4 listes, 3 de gauche et une sans étiquette « l’Humain au coeur d’Onnaing », « Ambition et démocratie », « Onnaing autrement », « Pour que se vive Onnaing ». « Mme Cappelle a conservé une rancoeur suite à cette élection. On a entendu que notre alliance ne tiendrait pas 6 mois. Cela est faux, nous sommes très unis autour de projets pour la commune d’Onnaing ».

Numéro 2 sur la liste d’Eric Bocquet, Michelle Greaume a choisi cette candidature après mûre réflexion. « J’ai d’abord refusé la première sollicitation d’Eric Bocquet pour les sénatoriales. Puis, à sa seconde demande, j’ai consulté mon équipe et nous étions d’accord sur cet engagement parlementaire ».

Ensuite, le 24 septembre 2017, Michelle Greaume est élue sénatrice sans que cette dernière fut une totale surprise face à une gauche morcelée façon puzzle. C’est la première parlementaire sur la commune depuis 1932, mais la loi du non cumul des mandats fait son oeuvre et le premier magistrat doit démissionner. « Le texte de loi indique que le maire a 30 jours pour démissionner », commente-t-elle. « J’ai remis ma démission le 04 octobre », précise-t-elle…, un tract était prêt à distribuer pour expliquer la situation à la population et c’est là que commence l’inintelligible politiquement parlant.

En effet, le texte de loi permet à l’opposition de créer les conditions d’une nouvelle élection au suffrage universel. « Mme Cappelle a déposé la démission de 3 conseillers municipaux (sur les 7 sièges détenus par l’opposition) le 30 septembre », souligne Michelle Greaume. De fait, cet acte administratif a été réalisé AVANT la démission de Michelle Greaume de sa fonction de premier magistrat. De plus, concomitamment, 19 membres de la liste d’opposition refusent de monter au Conseil municipal. Un seul a accepté de rentrer dans l’opposition au sein du dit Conseil de 29 membres pour être complet. Ce dernier est donc incomplet pour deux sièges (27 seulement).

Le plus fort est la conséquence de ce formalisme associé, car cette antériorité dans les lettres de démission change la donne. Cette démission calculée pour rendre incomplet le Conseil municipal, AVANT la démission effective du maire, débouche sur une nouvelle élection au suffrage universel ; si par contre, elle était intervenue APRES la démission de Michelle Greaume, seul le Conseil municipal aurait eu le pouvoir d’élection de son nouveau maire… Si vous avez compris ce vide juridique, vous êtes apte à vous lancer en politique… !

La tête de liste de cette nouvelle élection, Xavier Jouanin (41 ans), ne mâche pas ses mots : « C’est un putsch (démocratique) en bande organisée ». Peut être que « l’objectif était de nous diviser », s’exclame Vincent Handré, le maire par intérim. Visiblement, c’est raté, cette élection jugée incongrue renforce l’unité politique de la majorité municipale. « Nous voulons aller au bout de ce mandat pour réaliser les grands projets lancés par notre équipe », précise Jean-Charles Lambecq.

« Là, l’opposition s’engouffre dans une faille juridique de la loi contre le cumul des mandats, c’est politiquement incorrect. Je pense que nous sommes la seule ville de France où le cas se produit », indique la sénatrice. D’ailleurs, Michelle Greaume pense que l’idée à germer dans les tribulations «  sur la ville de Vieux-Condé. Moi, ce n’est pas une démission de complaisance ». Il faut admettre que la situation est singulière. « Sur Vieux-Condé, un Conseil municipal pourra se tenir sans opposition. Et à Onnaing, une majorité en Conseil municipal ne peut pas élire son nouveau maire », assène Xavier Jouanin. Cherchez l’erreur !

La blizz campagne

Face à cette campagne éclair, la majorité devenue la liste sortante est « motivée. Nous sommes prêts. D’ailleurs, je serai numéro 2 sur la liste derrière Xavier Jouanin, car je suis toujours là, je ne suis pas morte. C’est vrai, j’ai un peu de nostalgie, mais je ne serai pas un maire bis. Je suis très fière de cette équipe qui va mener à bien notre programme jusqu’en 2020 (voire 2021). Par ailleurs, je vais installer ma permanence parlementaire sur Onnaing  », assène Michelle Greaume.

Il semble que cette infortune remonte comme le coucou d’une pendule toute la majorité. «  Même si la question s’est posée sur le fait de repartir chacun séparément dans une liste, nous avons choisi de respecter le choix des habitants d’Onnaing en 2014. On s’est engagé vis à vis d’eux à l’époque à travers cette alliance au second tour », précise Vincent Handré. «  Il y a un mandat en cours, il ne faut pas se disperser », ajoute Jean-Marie Cadot.

Jeudi prochain, une réunion en Sous-Préfecture va entériner le calendrier de cette élection, et la date limite pour le dépôt des listes. Les rumeurs locales annoncent plus de deux listes avec par suite deux tours de scrutin à la clé. Le mois de décembre semble le plus approprié pour cette échéance électorale car cette élection doit intervenir avant le 04 janvier, soir 3 mois maximum après la démission effective de Michelle Greaume.

Indéniablement, le législateur n’a pas souhaité provoquer mécaniquement des dizaines d’élections partielles dans toute la France suite aux élections des parlementaires. Par contre, la main du rédacteur a balbutié son texte car il laisse une porte ouverte pour une initiative légale à ce jour, même si cela ne devrait pas résister longtemps à un amendement tant l’esprit de la loi n’est pas respecté. 

Toutefois, pour prendre un peu de recul, la seule question en fond de décor est simple. Le non cumul des mandats doit-il être strict et par suite engager obligatoirement une nouvelle élection au suffrage universel concernant un maire, en cas d’élection à l’Assemblée nationale ou au Sénat ? Certes, c’est une liste, une équipe qui est élue dans une élection municipale, mais la tête de liste est toujours le moteur de l’élection. Son absence change-t-elle le fondement de l’élection municipale ? Jean-Louis Borloo, Alain Bocquet, plus premier magistrat…, et ce n’est plus la même affaire, n’est-ce pas !

Daniel Carlier

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