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La cogénération moteur de la transition écologique

Bien avant la loi sur la transition écologique, l’efficacité énergétique s’est invitée à la table du développement durable. En l’occurrence, l’usine de production automobile PSA/Sevelnord à Hordain, avec son partenaire Dalkia, a mis en oeuvre sa réduction de consommation énergétique grâce à l’installation d’une centrale de cogénération (visuel de la centrale de cogénération).

(Jean-Michel Denhez, maire de Lieu-St-Amand, Patrice  Le Guyader, PSA, et Michel Desmoucelles, Dalkia)

La cogénération, quid ?

La cogénération consiste à produire de l’énergie mécanique (convertie en électricité) et de la chaleur en même temps au sein d’une même installation et surtout à partir d’une même source d’énergie (co = ensemble ; génération = production). On récupère de facto la fameuse énergie fatale, la proie d’une majeure partie des innovations dans le domaine.

Plusieurs techniques sont possibles. L’utilisation d’un moteur, d’une turbine, ou d’une pile sont les mécanismes potentiels pour produire de l’électricité. La chaleur restante, d’un moteur en l’occurence chez Sevelnord, est utilisée directement pour chauffer de l’eau, voire produire de l’électricité. En l’occurrence, sur Hordain, cette centrale de cogénération récupère la chaleur fatale émise par le refroidissement du moteur de cette centrale, mais également sur les émissions de fumée . Voilà la base de ce concept pour réduire la facture énergétique et de fait l’émission de CO2.

« C’est plus efficace qu’une centrale électrique » , Patrice  Le Guyader, Directeur du Pôle Industriel Nord du Groupe PSA.

Cette initiative est née depuis 2 ans, en avril 2015. « Je me réjouis que ce projet aboutisse au bout de deux années (seulement). Cela fait partie de notre stratégie Recherche & Développement sur l’impact environnemental de notre entreprise. Cette centrale de cogénération va réduire notre consommation énergétique de 20% et concomitamment notre émission de CO2. C’est plus efficace qu’une centrale électrique», explique Patrice Le Guyader, Directeur du Pôle Industriel Nord du Groupe PSA comprenant le site de PSA/Trith-st-Léger, la Française Mécanique à Douvrin et Sevelnord sur Hordain.

A gauche, Patrice Le Guyader, et Michel Desmoucelles

Pour arriver à ce parfait achèvement, le Pôle Industriel Nord du Groupe PSA  a contracté avec un spécialiste, le groupe Dalkia. En effet, sur la région Nord-Ouest « nous avons environ 400 installations en cogénération. Cette centrale, dont le coût est entre 4 et 5 millions d’euros, bénéficie d’un contrat sur 12 ans signé avec EDF. Ce dernier garantit un prix de rachat de l’énergie produite par cette installation sur le site de Sevelnord», précise Michel Desmoucelles, Directeur Régional Dalkia Nord-Ouest. Toutefois, cette convention comprend un cahier des charges, elle joue son rôle si et seulement si « nous réalisons effectivement, à minima, une économie de 10% sur la consommation habituelle de Sevelnord. Cette centrale de cogénération fonctionne du 01 novembre au 30 mars chaque année. C’est durant cette période de l’année que l’économie énergétique doit se concrétiser », souligne Eric Botrel, ingénieur d’affaires pour le Groupe Dalkia. Une évaluation sera d’ailleurs réalisée, en 2018, par EDF afin de vérifier l’efficience de cette centrale de cogénération.

En clair, cette convention tripartite, en vigueur depuis le 01 novembre 2017, permet à Sevelnord d’héberger ce cogénérateur, financé intégralement par Dalkia. Pour ce dernier, le retour sur investissement s’inscrit sur une durée longue de 12 ans grâce à cette garantie d’achat d’énergie par EDF.

Dalkia, un partenaire très rodé !

Le Groupe Dalkia, 14 000 salariés, filiale d’EDF, prenant la suite de VEOLIA, est un spécialiste de la cogénération. « D’ailleurs, sur le Hainaut, nous avons un dispositif identique chez Alstom, mais également sur le Centre Hospitalier de Valenciennes, et dès novembre 2018 chez Toyota. Sur ce site de Sevelnord, la partie audit et faisabilité de cette installation a pris de 6 à 12 mois », précise Vincent Callens, directeur commercial Nord-Ouest au sein du Groupe Dalkia.

Cette centrale de cogénération va produire 3,3 Méga/WH. Elle chauffe en partie les bâtiments de ce constructeur automobile, grâce à la production d’eau chaude, mais également d’électricité. Plus spécifiquement, comme atelier particulier, les cabines de peinture seront aussi concernées par cette nouvelle source énergétique.

Centrale de cogénération

Pour autant, d’autres actions sont au menu. L’ensemble des ateliers sera prochainement éclairé par des lampes LED. Ces initiatives vertueuses s’inscrivent également dans le choix, par les pouvoirs publics, de favoriser notamment l’autoproduction énergétique . « C’est pourquoi, nous envisageons d’autres mesures comme la pose de panneaux photovoltaïques sur le parking. Cela remplit deux fonctions, la production d’énergie et la protection des carrosseries des voitures en cas d’intempéries comme la grêle. La perte énergétique dans les réseaux entre une électricité amenée par un réseau lointain et une production de proximité est évidente », commente Patrice Le Guyader, Directeur du Pôle Industriel Nord du Groupe PSA.

L’autoproduction énergétique est donc promue dans toutes les filières industrielles, voire structures publiques très consommatrices en énergie. Si l’adage de l’énergéticien s’exprime sur le temps long, nous évoquons aujourd’hui une alimentation de proximité, en circuit-court. Incontestablement, cela constitue un pas de plus vers une industrie avec zéro émission de CO2, l’ambition de tous les industriels, utopique ou pas ?

Daniel Carlier

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