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Prim’Toit, le logement d’abord !

Prim’Toit est une association dont l’objet social est l’insertion des jeunes, un parcours débutant invariablement par la case hébergement, logement… ! Dans cette optique, le Préfet de la région des Hauts-de-France, Michel Lalande, a visité le site de l’association sur le Douaisis, ce vendredi 22 décembre, à l’occasion de la journée régionale de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté en présence du délégué interministériel Olivier Noblecourt (site rue François Lemaire à Douai).

(Olivier Noblecourt, Michel Lalande)

Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes : « Le logement et l’urgence sociale sont trombosés par les difficultés administratives »

Présente sur 4 arrondissements (Valenciennois, Cambrésis, Avesnois, et Douaisis), l’association Prim’Toit est implantée sur la ville de Douai avec, entre autres, un foyer d’hébergement d’urgence pour les jeunes de 15 places, dont un logement PMR, plus 6 places uniquement pour les femmes. Cette structure baptisée « L’étape », rue François Lemaire, est née fin des années 90. En difficulté financière, elle a rejoint le giron de Prim’Toit en 2005/2006.

Arrière du bâtiment Prim’Toit

« Les jeunes demeurent entre 3 et 6 mois, un temps pour mettre en place un parcours d’insertion », explique Christophe Ferrai, directeur de l’association Prim’Toit. Une nouvelle donnée prend place dans le décorum de l’accompagnement de ces jeunes en fragilité sociale extrême. En effet, Mehdi Bourabia, coordinateur Prim’Toit sur le Douaisis, précise « nous avons sur l’ensemble des jeunes accueillis sur ce territoire, hébergement d’urgence, résidence habitat jeune…, de plus en plus de « Garantie Jeunes » ». A savoir que ce dispositif arrive à maturité après sa généralisation depuis le 01 janvier 2017 dans tous les départements français. 2018 marque sa deuxième année, mais surtout une première évaluation globale de ce dispositif. Le jeune bénéficie de formation en lien avec les Missions Locales, des droits comme la perception d’une somme mensuelle de 470 € en 2017, mais également des obligations claires afin de poursuivre son insertion.

Besoin de « Toit »

C’est pourquoi, l’éclairage d’un acteur de terrain comme Prim’Toit est édifiante pour l’Etat et ses services. Hébergement d’urgence, résidence habitat jeunes (ex foyer des jeunes travailleurs ») etc., tout ce qui constitue ce parcours résidentiel est repensée. Olivier Noblecourt  lâche durant cette visite de terrain : « Le logement et l’urgence sociale sont trombosés par les difficultés administratives ». Durant son discours de clôture de cette journée régionale de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté, il présente la volonté de l’Etat : « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle politique publique dans le domaine de l’action sociale. La méthode dit beaucoup du fond « .

En effet, le préfet de la Région des Hauts-de-France rappelait un temps plus ancien « où nous parlions de chapitre budgétaire, celui de l’hébergement, celui du logement, le jeune avait peu de chances de circuler entre les deux. Il faut absolument éviter les effets de trappe ce qui permet une gestion dynamique des places disponibles entre les structures sur le terrain ».  Face à la verticalité de l’action sociale, l’horizontalité devient une nécessité absolue afin de prendre en compte le parcours complet d’un jeune en insertion.

« Multiplier les partenariats », Gerard Lorriaux, président de l’association Prim’Toit

Sur le terrain, l’association doit multiplier les appuis en tous genres. Le premier d’entre eux est un service de l’Etat, celui de la DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale). « Nous avons conventionné un CEPOM (contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens) sur une durée de 5 ans avec l’association Prim’Toit. Dans ce cadre, nous avons réalisé des économies d’échelle, mutualiser, mais il n’y a pas de réduction dans le financement opérationnelle de cette association. Prim’oit est une structure très réactive. Elle est toujours présente à une demande de l’Etat. D’ailleurs, nous finançons toute la palette de leurs actions »,  indique Magalie Mairesse, responsable du suivi financier et administratif au sein de la DDCS.

Bien sûr, l’objet premier est de permettre de trouver un toit à un jeune, même si le périmètre d’action de l’association s’est étendu aux familles, et aux personnes plus âgées. Toutefois, des actions volontaristes comme à destination des jeunes en errance, notamment sur Valenciennes,, ont été observées et soutenues par l’Etat avec grand intérêt, une véritable problématique d’une population à l’écart de tout, même de notre regard. Sur le terrain au contact des structures comme Prim’Toit, Jean-Luc Caudremont et Chantal Derecourt sont les interlocuteurs sur le sud du département pour la DDCS.

Dans le concret du quotidien, Prim’Toit doit travailler en synergie. « Nous devons multiplier les partenariats », souligne Gerard Lorriaux, le président de l’association Prim’Toit.

A titre d’illustration d’une voie idéale, Michel Lalande met en exergue un dispositif clé en main, aujourd’hui « HOPE », mis sur pied. « Pour certains migrants, nous avons fait travailler en même temps, les services de la Préfecture, l’AFPA (Formation), et l’OFPRA ( Réfugiés Politiques). Au lien d’enchaîner en 3 ans ces 3 parcours, tout a été fait en 6 mois. C’est dans cet esprit que je conçois l’horizontalité d’une voie d’insertion pour un jeune ».

Le CLLAJ (Comité Local pour le Logement Autonome des Jeunes)

Durant cette visite de terrain, le dispositif du CLLAJ a été présenté. En effet, ce Comité Local pour le Logement Autonome des Jeunes dans le Douaisis est très actif. «  Nous accueillons les jeunes avec comme priorité d’effectuer une évaluation pour l’obtention d’un logement, une gestion de leur budget avec une prise de conscience des coûts associés », souligne la référante sur Prim’Toit. Toutefois, la problématique la plus rencontrée est une défiance d’un jeune pour s’orienter vers le parc de logement social. « Je vais attendre 2 ans…, ils sont démobilisés. Ils se tournent plus régulièrement vers le parc privé. Néanmoins, nous les accompagnons également dans le secteur privé, les conseillons, car parfois ils visitent des logements chez des propriétaires indélicats. Nous avons notre liste noir », poursuit-elle. Le Sous-Préfet du Douaisis demande « nous devrions croiser notre liste noire de ces propriétaires ».

Clôture de la journée régionale de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté

A cette occasion, Michel Lalande rappelle « le besoin de travailler collectivement, mobiliser les acteurs du territoire. Il faut refuser les tuyaux d’orgues. Ce territoire est marqué par des problématiques de mobilité, d’illettrisme, une source d’inégalité sociale terrible pour la jeunesse notamment ».

Clôture de la Journée régionale de la cohésion sociale et de la pauvreté

Pour le délégué interministériel, Olivier Noblecourt, il constate «  une fragilité sociale dans cette région avec certaines prévalances. La stratégie nationale est en phase de réflexion, mais quelques pistes se dessinent. La Petite Enfance dont on observe que 70% des places de crèche sont au bénéfice des parents avec chacun un emploi. 4 à 5 % seulement reviennent à des familles ou personnes dans la précarité. Ensuite, une réévaluation est en concertation avec une extension de la Garantie Jeunes, l’accompagnement etc. ». En toile de fond, la parole portée par  Olivier Noblecourt est «  qu’il n’y aura aucune impasse sur les personnes en exclusion ».

La précarité demeure le fait divers du quotidien, celui qui ne fait pas de bruit, trop peu médiatisé. C’est notre Mur de Berlin social que les acteurs de terrain, comme Prim’Toit, l’Etat et ses services associés s’efforcent de déconstruire brique après brique, le travail est énorme, le défi est immense, la transversalité le prochain dogme pour aboutir à un parcours complet de la réinsertion, mais tout cela…, c’est l’honneur d’une République de terrain !

Daniel Carlier

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