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(CHV) Consultation médicale plus tôt, espérance de vie plus longue…(1/2) !

Malgré un hôpital public français en souffrance financière et structurelle, le Centre Hospitalier de Valenciennes tire son épingle du jeu malgré les difficultés d’un territoire parfaitement identifiées. Retour avec les acteurs de cette exception médicale dans les Hauts-de-France… !

Le CHV, hôpital de proximité et en même temps de référence…

Le bilan 2017 de l’activité médicale et financière du Centre Hospitalier de Valenciennes bouleverse les codes établis en la matière. En effet, d’aucuns pensent que la santé publique est nécessairement déficitaire car le sanitaire n’a pas de prix… en France, plus l’offre de soins est importante, plus vous construisez un déficit structurel, c’est le prix d’un service de santé issu de la solidarité nationale depuis 1945.

Les résultats 2017 des établissements publics de santé furent présentés récemment dans un article du quotidien régional La Voix du Nord. Ils sont éloquents. Le déficit est la norme. L’hôpital public français est au bord de la thrombose, voilà le message en filigrane qui agace au plus haut point le Docteur Isabelle Girard Buttaz, neurologue, présidente du CME ((Commission Médicale d’Etablissement) : « L’hôpital public bashing m’exaspère, ce n’est pas du tout le reflet au sein du CHV ».

Un excédent impressionnant !

« Nous avons réalisé un excédent (d’exploitation) de 4,3 millions d’euros pour cette année 2017. Ce dernier est totalement réinvesti dans le Centre Hospitalier de Valenciennes car notre seule actionnaire est l’Etat. Ce résultat est également une continuité des mesures prises dans les années précédentes », souligne Rodolphe Bourret, directeur général du CHV.

Comment cela est-il possible dans le contexte de l’hôpital public français en 2017 ? A cette question, le Docteur Isabelle Girard Buttaz est transparente : « 95% des choix de dépenses sont établis par les chefs de pôles médicaux. Nous avons le souci d’un équilibre constant entre une qualité de soins et la volonté d’équilibrer les budgets ». L’homme fort de la direction générale embraye « notre survie dépend de nos finances… ». Et le plus surprenant est l’embauche de 70 personnes en CDI en 2017 (24 médecins et 46 non médicaux) « comme chaque année, nous embauchons entre 70 et 100 personnes par an », précise Rodolphe Gilbert.

Le président du Conseil de Surveillance du CHV, Armand Audegond, est bluffé. « C’est assez exceptionnel pour une collectivité publique, alors que les communes sont obligées de contracter leur masse salariale. Ensuite, l’excédent budgétaire permet l’acquisition de nouveaux matériels en autofinancement ». La présidente du CME renchérit « c’est un hôpital qui bouge et qui s’en donne les moyens ».

Activité en hausse

La lecture détaillée des chiffres de l’activité est assez révélatrice. En effet, le nombre d’interventions chirurgicales a progressé de 9,2%. Les explications sont très rationnelles comme l’arrivée de plusieurs nouveaux services de soins comme la chirurgie Main:Pied, l’orthopédie, le centre ophtalmique, Oto-Rhino-Laryngologie avec « la réalisation de 4 nouveaux blocs opératoires », précise le directeur.

Toutefois, il n’explique pas à lui seul l’explosion des admissions en 2017 avec 18,2% de hausse. Concrètement, il faut mettre en parallèle cette croissance avec l’engorgement des urgences et le mot est faible. « En 2015, nous considérions être à saturation avec 170 passages par jour. En 2017, nous avons monté ce chiffre à 200 admissions adultes. Mi-février, sur le week-end, nous avons reçu 400 patients sur le samedi/dimanche. Cela représente plus 7% en 2017, plus 30% en 4 ans », mentionne le Docteur Isabelle Girard Buttaz. Et ceci sans compter les urgences pédiatriques à hauteur de 80 admissions/jour… !

Un constat qui n’est pas satisfaisant « car les urgences traitent beaucoup de bobologie au lieu des urgences critiques », déclare Armand Audegond. Cette donnée révèle une problématique plus profonde, en l’occurence la désertification médicale dans le sud du département du nord.

Reconstruire une ligne de 1er soins

Ce n’est plus un scoop, la médecine libérale est en diminution drastique dans la ruralité, mais également en ville. La ville-centre et d’autres grandes communes sont sur le chemin d’une carence en médecins libéraux. La conséquence directe est de facto un flux supplémentaire au sein de l’établissement public de santé, une explication tangible de cette hausse radicale de l’admission au sein des urgences. « C’est pourquoi, nous devons reconstituer la 1ère ligne de soins, voire de spécialités sur le Valenciennois », précise Rodolphe Bourret.

L’adjoint à la ville de Valenciennes confirme une réflexion de la municipalité sur cette thématique. Compte tenu d’une importante tranche de population âgée dans le centre-ville de Valenciennes,  il est impérieux de se pencher sur cette 1ère ligne de soins indispensable. Certes, ces patients sans médecins vont directement au CHV sauf que… le moment est encore plus éloigné d’un guérison, la patientèle arrive trop tardivement pour se faire soigner. « Une consultation médicale plus précoce est fondamentale. Je suis marqué par les propos de praticiens sur l’état de santé catastrophique des patients avant de venir à l’hôpital, c’est souvent trop tard ! », dénonce Armand Audegond.

Pour sa part, le docteur Isabelle Girard Buttaz met en exergue « chacun travaille dans son coin, établissement de santé, élus, institutions etc. Nous devons plus collaborer, car le monde hospitalier demeure encore assez fermé, mais les politiques ont une responsabilité également ».

Les achats

Là également, la donnée est conséquente. La dépense annuelle d’exploitation 2017 est de 114 millions d’euros sur un budget global de 420 millions d’euros. « Il n’y a aucune volonté d’externalisation des services », souligne Rodolphe Bourret. Dans les grands piliers de dépenses, seule la sécurité est fléchée via un prestataire.

On retrouve l’intérêt de l’excédent d’exploitation, car il permet d’acheter des matériels pour proposer une offre de soins d’une grande qualité, voire innovants pour certains. « En 2018, nous allons renouveler intégralement notre plateau d’imagerie médicale. Nous avons la volonté d’étoffer, année après année, l’offre de soins pour ce territoire », indique le directeur du CHV.

Concernant la qualité du matériel et des équipes de l’établissement public de santé de Valenciennes, Rodolphe Bourret pointe le rôle de formation de l’établissement de référence dans le sud du département sans pour autant être un CHRU. « Nous accueillons 220 internes chaque année. Je rappelle que le lieu d’internat est un choix personnel de l’étudiant. Cela prouve que le matériel, l’offre de soins, et la qualité des équipes attirent les futurs professionnels », conclut le directeur général du CHV.

La suite du bilan 2017 du CHV dans l’édition de ce vendredi 02 février.

Daniel Carlier

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