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Le P.S fend l’armure à Marly

A la lecture de l’ordre du jour du Conseil municipal de Marly, on s’attendait à un exercice rapidement bouclé en moins d’une heure. Que nenni, c’était en fait la joute municipale du mandat qu’il ne fallait rater sous aucun prétexte, un temps politique affirmé où la majorité municipale a explosé en vol sous les coups de boutoir d’Yves Floquet, Rita Cannas et d’Alain Mamolo.

(Visuel Yves Floquet pour le Groupe Socialiste au Conseil municipal de Marly)

Divorce à l’italienne à Marly

Avant d’aborder les points de discorde, il faut relater l’intervention d’Alain Mamolo, en charge de la vie associative, en toute fin de Conseil municipal. Comme d’habitude, la fin de l’ordre du jour est consacrée à des demandes de subvention du tissu associatif sauf que… Cette fois, ce n’est pas l’élu en charge de cette thématique, Alain Mamolo, qui parle… ! Il laisse passer le temps de ces délibérations, puis il passe en force pour réclamer la parole et dit avec solennité : « Compte tenu que je suis totalement mis à l’écart de toutes les décisions relatives à ces délibérations. Je ne présenterai plus ces dernières jusqu’à la fin du mandat ! ». C’est clair et sans ambiguïté, mais cet éclat spectaculaire n’est pas non plus un coup de tête sur l’instant. Pour que le lecteur comprenne, il doit savoir que cela fait suite à des choix politiques internes de longue date.

En effet, depuis des mois pour ne pas dire plus, la signature des adjoints a été retirée pour les élus du P.S (et les autres également) ce qui concentre de facto le pouvoir décisionnaire dans les mains du 1er magistrat. C’est un fait politique marqué, quoi que l’on dise. Par contre, d’un point de vue stratégique, il est difficile de proposer une alliance entre deux partis politiques pour une élection municipale, celle de 2014, reconduite en septembre 2016 suite à la nouvelle élection, et la mettre de coté pendant le mandat.

Deux choix de conduite politique sont possibles en respect du vote des électeurs, soit vous cassez officiellement et publiquement cette alliance compte tenu d’une divergences sur la ligne politique globale, soit vous collaborez jusqu’à la fin du mandat en respect de cette alliance élue au suffrage universel. Tout autre cas de figure est risqué et amène tout droit à une situation d’implosion politique interne. On ne peut pas demander l’avis du peuple à des élections et faire fi de son choix officieusement durant le mandat. Le plus étonnant est que cette rupture ne soit pas intervenue avant tant elle couvait depuis des mois cette polémique. D’ailleurs, elle eut été moins vigoureuse avant, là, elle s’est affichée de manière spectaculaire à un niveau qui a même surpris les élus derrière Fabien Thiémé.

Le plus surprenant est que cette stratégie politique fait suite à un mandat collaboratif avec des décisions collégiales au niveau de la majorité P.S – P.C.F entre 2008 et 2014. Pourquoi ce virage à 180°, le score très flatteur de l’élection partielle ? La descente déjà palpable du P.S au niveau national bien avant l’émergence d’Emmanuel Macron, ou l’illusion d’une quelconque propriété de la voix des électeurs, cela restera le mystère d’une stratégie politique à Marly !

Soyons humble, car avec un peu de hauteur nous voyons que ce n’est pas la seule commune où la majorité explose de manière publique dans le Valenciennois. Les choses sont plus claires politiquement ! Le pire ennemi politique de demain est ton ami politique d’hier… !

C’est la leçon numéro un, si tu fais une alliance politique pour une élection locale, respecte l’électeur jusqu’au bout. L’argument de l’intérêt général est une insulte à la démocratie qui a le droit de respirer, en tout cas plus d’une fois tous les six ans. Le choix du peuple est celui d’un programme politique partagé politiquement en l’occurrence en 2014 et 2016. Chacun son rôle, le citoyen celui de désigner ses représentants, et ces derniers celui de conduire un programme élu. Et en même temps, c’est vrai, nous sommes dans le théorie !

Le Compte administratif 2017

La photographie de l’exécution d’un budget municipal est éclairante sur la méthode de construction du budget primitif en début d’année précédente.

D’abord, les chiffres clés avec un montant de dépenses de fonctionnement de 13 759 953 € et des recettes sur le même registre de 14 660 653 euros « l’enveloppe prévue au budget primitif n’a pas été utilisée en totalité et ceci grâce à une bonne maîtrise des budgets de l’ensemble des services municipaux, soit un solde positif de + 900 700 € », souligne Fabien Thiémé.

Pour la section investissement, les dépenses sont de l’ordre de 6 541 337 euros avec des recettes à hauteur de 5 093 136 euros. « Toutes les recettes n’ont pu être réalisées en 2016 et sont reportées sur l’exercice 2018 pour un montant de 1 328 432 euros », ajoute le maire.

Sur ce CA 2017, Yves Floquet, au nom du Groupe Socialiste de la majorité municipale, expose l’analyse : «  Pour l’année 2017, l’excédent de fonctionnement ne comble pas le déficit de l’investissement, il existe bel et bien un déficit de 100 000 € pour 2017. L’excédent reporté de 2016 de 1 324 000 € vient compenser cette perte »… « si par le passé, nous avions générer un excédent, celui-ci diminue d’année en année pour pouvoir combler des déficits (1,8 millions d’euros en 2015, 1 324 000 € en 2016, 1 200 000 € en 2017) ».

Plus largement, le non réalisé dans la section investissement demeure le point noir d’un CA. « il était prévu à hauteur de 7 585 000 € pour 6 232 000 € réalisés, soit 1 353 000 euros en moins », ajoute Yves Floquet. Enfin, l’élu socialiste pointe du doigt les recettes d’investissement prévues à hauteur de 2 146 000 € pour 438 000 € obtenues au final .

« Comme un soufflé au fromage », Céline Plateel-Thuin.

Pour l’opposition, Jean-Noël Verfaillie était absent, Christine Plateel-Thuin s’est attaquée vigoureusement à ce compte administratif 2017. «  Votre CA ressemble à un soufflé au fromage, le Budget Primitif est appétissant, on a envie de le manger, mais au final, il retombe. Ce Compte administratif 2017 n’est pas le reflet de votre budget primitif 2017 », commente Céline Plateel-Thuin. Le Groupe Socialiste et l’opposition municipale arrivent à la même conclusion sur l’évaluation de ce Compte Administratif.

« Il est de plus en plus difficile de gérer une commune », s’exclame Didier Cayet suite à ces critiques. Indéniablement, la baisse des dotation tous azimuts rend extrêmement complexe la gestion communale.

Pour sa part, la 1èré adjointe tient à souligner «  3,1 millions d’euros d’investissement réalisés dans les écoles depuis le début du mandat ». 

L’opposition a voté contre ce CA 2017, le Groupe Socialiste, malgré ses remarques, a voté favorablement pour ce compte administratif 2017. L’élaboration du dernier budget primitif, et exécuté durant ce mandat en 2019, vaudra son pesant d’or en terme de lecture politique.

Les dotations

Au détour d’une autre délibération sur la DSU (Dotation de Solidarité Urbaine), Rita Cannas étrille également la majorité : « Je serai plus ravie de voir la hausse de toutes les autres dotations, et la baisse de la DSU qui nous indique que Marly n’est pas au mieux puisqu’elle augmente encore. Compte tenu du programme de nouveaux habitats, et conformément à nos valeurs de gauche sur le logement social, il faudrait revoir la politique du logement sur Marly. Il faudrait travailler sur une véritable mixité sociale. La commune a besoin de recettes fiscales ».

Une intervention en ligne droite avec un commentaire d’Alain Mamolo sur la baisse de la population à Marly. « Pourquoi avec la construction de 550 logements nouveaux, nous passons de 12 000 habitants en 2008 à moins de 11 500 habitants aujourd’hui  ? »

A cette question d’Alain Mamolo, Fabien Thiémé répond « ce sont les problèmes liés à la sidérurgie ». De manière très factuelle, le PLUI (Urbanisme intercommunal) de Valenciennes Métropole, en cours d’élaboration, souligne que le territoire des 35 communes stagne en terme de population avec un objectif ambitieux de 200 000 habitants à plus longue échéance. Certaines communes baissent en population, d’autres sont en hausse, il est impossible d’affirmer que les problèmes de Vallourec et affiliés sont la cause unique de la baisse de population, Marly n’est pas Denain à la fermeture d’Usinor.

Les carrière souterraines

Autre friction politique, Fabien Thiémé dans son propos liminaire avait expliqué les avancées sur l’épineux dossier des carrières souterraines. Il concerne des rues de Marly, donc mécaniquement du domaine public, mais également des maisons de particuliers dans les rues du Chemin Vert, Emile Zola, et Roger Salengro. « Nous avons contracté un emprunt de 1,5 millions d’euros pour le domaine public. Ensuite, nous avons demandé à l’Etat d’augmenter les enveloppes du Fonds Barnier à hauteur de 30% du coût total des travaux », explique le premier magistrat.

Sur cette thématique là encore, Yves Floquet part au contact en évoquant « un défaut d’information en Bureau municipal sur le dossier des carrières souterraines, et un manque de communication sur d’éventuelles conclusions ».

Date contre date, argument contre argument, voilà typiquement le genre de dossier qui ne serait jamais venue sur la place publique si le dialogue existait encore dans la majorité… !

Le restaurant scolaire de l’ecole Marie-Curie

Le fameux dossier du restaurant scolaire trouve son épilogue avec l’autorisation de marchés. L’enveloppe des travaux s’établit à hauteur de 1 507 420 € « nous avons économisé 100 000 € par rapport à la première ébauche », souligne Fabien Thiémé. Ensuite, le bâtiement abritant la cantine actuelle fait débat. La municipalité a réagi avec « l’obtention d’une enveloppe de 200 000 €, via un fonds de concours de Valenciennes Métropole, plus 200 000 € par la ville de Marly, soit une démolition à hauteur de 400 000 € », précise l’édile de la commune.

Néanmoins, l’opposition municipale ne lâche rien ! « C’est un projet électoraliste. Vous ne voulez pas traiter l’ensemble, nouvelle cantine et démolition du site actuel en même temps », commente Céline Plateel-Thuin.

Et l’ANRU

Seul point de convergence municipale, la future éligibilité du quartier de la Briquette au  NPNRU (ANRU 2). Il se pourrait que Jean-Louis Borloo annonce lui même cette bonne nouvelle la semaine prochaine au cours des Assisses de la Rénovation Urbaine à la Cité des Congrès sur Anzin.  » C’est le contrat du siècle« , déclare Fabien Thiémé. Aucun doute sur le sujet, cette verrue urbaine doit enfin disparaître et ce quartier historique des trente glorieuses connaître un autre destin.

Les publicités sauvages

Durant le précédent mandat, la majorité municipale avait eu le courage de mette en place une réglementation municipale contre l’affichage publicitaire sauvage, quasi novateur à l’époque sur le territoire mis à part la ville de Saultain, Et encore une polémique publique sur l’absence de suivi de cette politique…, et la majorité consent à relancer un groupe de travail collégial sur le sujet !

En clair, hors ANRU, rien n’ a été épargné à la majorité qui accusait le coup à la sortie de ce Conseil municipal. Le catimini en politique n’existe pas. Tout se sait à plus ou moins brève échéance. Maintenant, il y aura un avant le 20 juin 2018 et un après le 20 juin 2018 dans la vie politique locale de la commune de Marly !  

Daniel Carlier

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