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La FTIAVAL lance un recours contre l’extension d’Auchan Petite-Forêt

Ce mardi 26 juin, la FTIAVAL (Fédération des unions commerciales sur le Grand Hainaut) a décidé de lancer un recours en CNAC contre le projet d’extension du Pôle régional d’Auchan basé sur Petite-Forêt (réactions Guy-Paul Simon, Didier Rizzo, Laurent Suin, et Patricia Fournier)

(Visuel Guy Paul Simon, président de la FTIAVAL)

Sur le Valenciennois, après un combat fructueux contre l’implantation d’Auchan Marly, mais également une défaite face à l’extension du Leclerc Avenue Macarez à Valenciennes, l’association regroupant l’ensemble des Unions Commerciales sur le Grand Hainaut (Valenciennois, Cambrésis, et Sambre-Avesnois), la FTIAVAL repart dans une campagne juridique avec un recours contre le projet d’extension du pôle régional d’Auchan Petite-Forêt. Cette procédure sera menée par le Cabinet d’avocats Montesquieu, Maître Bodart, professionnel du droit sur le dossier d’Auchan Marly.

 « Pour un emploi créé dans un hypermarché, 6 à 7 emplois sont détruits ! », Guy Paul Simon, président de la FTIAVAL

Petit rappel historique, un accord avait été passé, il y a 30 an déjà, entre la FTIAVAL et le groupe Auchan afin de geler 30 hectares attenant au pôle commercial Auchan/ Petite-Forêt. D’évidence, ce type de contrat a une date limite dans le temps.

Il ne fallait être grand clerc pour deviner qu’à la fin de cet accord, le Groupe Auchan concocterait un nouveau développement de son pôle commercial de Petite-Forêt. Déjà, la création des nouveaux accès (nécessaires) à cette zone commerciale soulignait qu’un projet(700 pages) ne tarderait pas à croiser la route de la CDAC (Commission Départementale de l’Aménagement Commercial). Chose faite le 17 mai, avis publié en date du 30 mai 2018 (document à télécharger), avec la validation par la CDAC d’un projet d’extension du site existant de 66 323 M2 amenant l’offre totale à 101 679 M2 sur ce pôle régional de Petite-Forêt.

Ce recours en CNAC (Commission Nationale d’Aménagement Commercial) contre le projet du Groupe Auchan sera une rude bataille, mais peu importe car le commerce de proximité a besoin de contester cette nouvelle offre commerciale en périphérie. « Ce projet sur Petite-Forêt a été validé en CDAC par tous les politiques. Cela nous rappelle le dossier Auchan Marly voté par les politiques et défendu en personne par Valérie Létard en CNAC (avec un échec à la clé) », explique Guy Paul Simon, le président de la FTIAVAL. Ensuite, au sein de ce vote, le président note « la contradiction de Laurent Degallaix, maire de la ville de Valenciennes, avec des mesures en faveur du commerce de proximité, et ce vote favorable de Valenciennes Métropole, dont le présidant est également le maire de Valenciennes ».

Enfin, des études multiples ont démontré que la création d’emplois dans un hypermarché en périphérie détruit des emplois en ville.  » Pour un emploi créé dans un hypermarché, 6 à 7 emplois sont détruits en centre-ville. En effet, ce n’est pas seulement le commerce ou l’artisan qui cesse son activité. C’est un client de ses fournisseurs qui disparaît. Quand Vallourec connaît des difficultés, tout le monde en parle. Là personne ne bouge … ! « , conclut-il ! C’est le drame bien connu du commerce de proximité, il meurt en silence !

« Je pense que cette extension va impacter les centres-villes du territoire », Didier Rizzo, vice-président de la CCI Grand Hainaut.

Le Livre Blanc de la CCI Grand Hainaut en 2012, et réactualisée en 2016, avait posé un principe (P73) : « Il est nécessaire que la zone de Petite-Forêt se développe de façon quantitative, mais aussi de façon qualitative »… « qu’elle consente d’importantes rénovations, modifications de l’accessibilité, améliorations de la circulation » ! C’est assez clair en terme de modernisation du site, du besoin d’accès via la voie rapide (réalisé), de la mise aux normes d’accessibilité etc., mais pas d’une extension de 66 323 M2.

A l’époque, le refus de l’implantation d’Auchan Marly était compensé par une validation d’une modernisation du site et des accès du Pôle de Petite-Forêt sauf que le paysage a changé. En effet, l’arrivée du Leclerc Avenue Macarez à Valenciennes, le contournement nord qui pèsera énormément au final sur l’attractivité du commerce de proximité de certaines communes, voire l’achat en ligne estimé à 7% sur Valenciennes, toutes ces données changent le paysage commercial du Valenciennois.

La résonance de cette nouvelle donne commerciale est incontestable. « Je pense que cette extension va impacter les centres-villes du territoire. Néanmoins, cette convention était arrivée à échéance, elle respecte le SCOT du Valenciennois (voté en juillet 2014), et s’inscrit dans une ZACOM. Un recours en CNAC sera difficile, mais pas impossible », commente Didier Rizzo, vice-président de la CCI Grand Hainaut en charge du commerce.

C’est pourquoi, le vote des membres de la CDAC est très instructif. Les politiques ont voté comme un seul homme pour cette extension, ville de Petite-Forêt, Conseil départemental du Nord, SIMOUV (Transport Public), et Valenciennes Métropole. Au total, 9 votants, 7 votes favorables, 1 abstention, et un vote défavorable des consommateurs, ça c’est nouveau !

« C’est la 1ère fois que les consommateurs votent contre », Laurent Suin

A chaque projet d’implantation d’une nouvelle offre en hypermarché, la personne qualifiée pour les Consommateurs validait sans problème tout nouveau projet. « C’est la 1ère fois que les consommateurs votent contre. Les Boutiques de Valenciennes ne peuvent cautionner cette extension. Il ne faut pas faire dire au Livre Blanc ce qu’il ne dit pas. Il faut conserver un équilibre, modernisation, rénovation oui, mais 60 000 M2 en plus constitue un aimant commercial en périphérie très dangereux pour le centre-ville, voire le développement de l’Avenue Pompidou à Valenciennes », explique Laurent Suin, le nouveau président des Boutiques de Valenciennes.

« C’est du jamais vu, il y a un retournement de l’opinion des consommateurs », ajoute une présidente d’union commerciale présente au Bureau de la FTIAVAL

Si dans l’avis favorable (téléchargeable ci-dessus), le Groupe Immochan annonce « un  processus de concertation avec les associations locales de commerçants »…, il n’en demeure pas moins que la garantie finale de l’activité en place n’est pas gravée dans le marbre. Le panel d’activité proposé sera complet avec qui plus est des services tous azimuts, santé entre autres, une véritable ville dans le ville, un aspirateur à clientèle sur le Hainaut en plus encore ! Une convention serait en cours de discussion sur ce point précis de la non concurrence avec des activités en centre-ville…. à suivre !

« Laurent Rigaud (vice-président de la Chambre des Métiers des Hauts-de-France) est écoeuré par le vote de tous les politiques », Patricia Fournier, référente territoriale sur le Valenciennois.

Pour la représentante de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat sur le Valenciennois, la déception est grande : « Autant de nouvelle surface commerciale va détruire des commerçants et des artisans du secteur. Nos centres-villes sont en souffrance. Laurent Rigaud (vice-président de la Chambre des Métiers des Hauts-de-France) est écoeuré par le vote de tous les politiques », explique Patricia Fournier.

Et en même temps à Valenciennes

Effectivement, la position est compliquée pour la ville-centre. En effet, la ville de Valenciennes a été retenue pour le fameux Plan Mézard dans le cadre de la redynamisation des centres-villes des communes de 30 000 à 50 000 habitants. Ensuite, autre points positif pour le commerce de proximité,  le dernier conseil municipal a validé le choix audacieux d’un périmètre de sauvegarde ciblé dans des rues du centre-ville en souffrance à Valenciennes.

L’autre coté de la pièce est le vote de Valenciennes Métropole favorable pour cette CDAC, tout comme les délibérations votées au sein du Conseil communautaire de Valenciennes Métropole en faveur des aménagements urbains sur Petite-Forêt autour du site d’Auchan, et à l’unanimité des élus présents !

Le Et en même temps, je protège d’un coté le tissu commercial local, et je le détruits (indirectement) de l’autre, pas simple politiquement à assumer !

Daniel Carlier

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