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Le commerce indépendant en centre-ville n’est pas mort !

Pour la 3ème fois, la CCI Grand Hainaut a organisé les Rencontres du Commerce, un temps fort de l’année pour un point étape sur les difficultés du commerce de proximité, les avancées potentielles en la matière, les évolutions des zone de chalandise, voire du comportement des consommateurs, une analyse en profondeur avec des solutions à venir (visuel Martial Bourquin).

( Remise des labels Qualité Commerce aux commerçants de proximité)

Sous la houlette de Didier Rizzo, vice-président commerce à la CCI Grand Hainaut, cette nouvelle édition a rassemblé les professionnels, élus de toutes les institutions, acteurs du commerce etc. (plus de 500 personnes inscrites).

3 items ont été choisis pour cette rencontre, le numérique, les initiatives parlementaires et locales, et la qualité.

Le numérique de proximité

Commerçante recevant son label « Qualité Commerce »

Lancé en mars 2017, la plate-forme de vente pour les commerçants du Grand Hainaut (http://www.mescommercantsdugrandhainaut.com) est active. « 5 000 produits sont en vente en ligne sur ce portail, nous sommes à la phase 2 du produit. Nous formons plus encore les commerçants pour une utilisation optimale. Je remercie le maire de Valenciennes, et président de Valenciennes Métropole, pour son soutien indéfectible sur ce projet », commente Didier Rizzo.

A souligner la nouveauté 2018 sur ce portail, le Cado’Local, un dispositif d’achat en ligne de chèques cadeaux pouvant bénéficier à l’ensemble de vos salariés conformément à la réglementation en vigueur (plus d’infos sur http://www.mescommercantsdugrandhainaut.com/cheque-cadolocal-b153).

« Nous avons favorisé la culture de la périphérie », Martial Bourquin

La vedette incontestée de cette soirée était Martial Bourquin, le président de la commission parlementaire mixte sur le commerce de proximité dans les communes et bourgs. « Après des dizaines d’auditions, enquêtes sur le terrain etc., nous avons estimé à près de 700 villes en train de se dévitaliser », entame le sénateur.

En clair, des communes moyennes ou rurales dont le commerce de proximité disparaît, et surtout les indépendants. En effet, prenez des villes comme Bordeaux, la très renommée Avenue Sainte-Catherine n’est composée que de Franchisés. Par contre, à Lille comme à Valenciennes, les citoyens ont encore un choix conséquent de commerces indépendants. C’est cela qui’l faut défendre bec et ongles.

« N’oubliez pas, le Sénat est l’Assemblée des Territoires », lance le sénateur. C’est pourquoi, après un diagnostic affiné, les parlementaires ont demandé à Martial Bourquin, et son compère de mission, de proposer des solutions. « La vie d’une commune, ce n’’est pas seulement ses commerces, mais également son habitat, ses services, son attractivité. Il faut cesser l’étalement urbain », poursuit le sénateur. Sur ce point, la ville de Valenciennois poursuit la dynamique instillée par Dominique Riquet, ancien maire de Valenciennes, prônant « la verticalité urbaine ». Dans ce cadre, la ville de Valenciennes contribue à soutenir des projets comme l’Arsenal, rue du Quesnoy, les prochains PNRQAD, etc.  « Il faut plus de densification urbaine. Il faut ramener des consommateurs dans le centre-ville », déclare le premier magistrat de Valenciennes, une évidence parfaitement intégrée dans le logiciel habitat de la ville-centre.

Ensuite, le constat est sans ambiguïté au niveau d’une installation d’un commerce de proximité. «  Le foncier est trop cher dans un centre-ville, et les normes à respecter sont trop lourdes, il est plus facile pour une activité de s’installer en périphérie. Nous avons nous-mêmes favoriser cette culture », précise le sénateur.

Pour autant, ce diagnostic sans concession « n’est pas une fatalité. Nous sommes allés en Allemagne et en Grande-Bretagne. Dans ces deux pays, ils ont maintenu un tissu commercial en centre-ville. Pensez que pour chaque installation d’un site de la Grande Distribution en France, il n’y a aucune étude d’impact économique (hallucinant mais vrai )», mentionne le parlementaire.

Une nouvelle loi votée à l’unanimité par le Sénat

Dans cette optique, une loi a été proposée au Sénat. « Elle fut votée à l’unanimité (rare dans la Haute-Assemblée), et sera intégrée à la Loi de Finances 2019. Cette loi comporte deux taxes. La première sur les GAFA (Google, Amazon etc.) à travers la mise en place d’une taxe sur la livraison du produit. Une seconde taxe est prévue sur l’étalement urbain et les M2 associés. Cette double taxe pourrait rapporter chaque année 1,2 milliards d’euros au bénéfice de cette politique de maintien du commerce de proximité dans les villes et villages de France », conclut le sénateur.

Pour donner la mesure en chiffres, AMAZON France compte enregistrer plus de 2 millions de commande par jour durant la période de Noël. Pour ce qui concerne  le nombre de M2 au profit de la Grande distribution, cela représente 2 millions de M2 en 2016 selon les sources officielles.

Des initiative locales, et quelques annonces

Nathalie Motte, adjointe à la commune de Mulhouse, est venue témoigner. Leurs initiatives communales avec un investissement de 36 millions d’euros ont permis de faire descendre un taux de cellules commerciales vacantes de 12% à 8%.

Plus près de chez nous, le maire de Valenciennes, Laurent Degallaix, a évoqué les actions en faveur de cette dynamique commerciale. Comme 222 villes de France, Valenciennes va bénéficier du Plan Mézard dont l’objectif est de redynamiser le commerce de proximité des communes entre 30 000 et 50 000 habitants, Valenciennes fut retenue, tout comme Denain, l’exception qui confirme la règle (21 000 habitants).

Cet outil, où la CDC (Caisse des Dépôts de Consignations) injecte un volant financier significatif, va permettre à la ville de Valenciennes de lancer sa boîte à outils. Le premier d’entre eux est ce CRAC adopté au printemps 2018, il va permettre grâce à la « Foncière », portée par la CCI Grand Hainaut, d’acquérir du foncier commercial, voire des baux, afin de proposer des loyers accessibles à de multiples activités.

Les secteurs de la ville de Valenciennes concernés sont tous en réel danger comme la rue de Lille, voire Vieille Poissonnerie… Bien sûr, cet outil va également donner la possibilité de remplir le passage de l’Arsenal, car les cellules ne se vendent pas comme les logements au dessus où tout est quasi bouclé. Le Passage de l’Arsenal n’est pas Mac Arthur Glenn à Roubaix, il faut une grande ambition, et plus encore une humilité dans les choix stratégiques du centre-ville. Ce CRAC sera de facto la cheville ouvrière pour lutter contre les commerces vacants pour lesquels une taxe a été mise en place « afin de faire baisser les loyers aux propriétaires », assène le maire.

A ce titre, Laurent Degallaix a fait quelques annonces. Dans le cadre de ce dispositif CRAC : « Nous engageons un manager de Ville en mars 2019 (comme ce fut le cas durant le FISAC/ Grands Travaux avec Guillaume Doye). Ensuite, après deux ouvertures en 2018 avec l’appui de la BGE, nous allons permettre à 6 commerces indépendants de s’installer en 2019. La ville participe à hauteur de 10 000 € sur chaque dossier. Quatre ouvriront dans le rue Vieille Poissonnerie en souffrance (12 cellules vacantes) », explique Laurent Degallaix. Rien n’est de trop en terme d’initiative pour le commerce de proximité.

La Grande distribution, oups !

Le sénateur Martial Bourquin na pas manqué de pointer du doigt la problématique d’installation des sites de la Grande Distribution. « Il faut introduire de nouveau dans les CDAC (Commission Départemental d’Aménagement Commercial) la CCI et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat », propose le sénateur.

Oui, ces fameuses commissions d’attribution continuent de faire la pluie et le beau temps sur tous les territoires de France. On ne le sait que trop dans le Valenciennois, Laurent Degallaix, devant un auditoire de professionnels, s’est montré très pessimiste sur le sujet. «  Il faut réformer également les CNAC (Commission National d’Aménagement Commercial). Regardez le Leclerc/Avenue Macarez à Valenciennes, nous avions largement un avis défavorable en CDAC, et ce même projet a fait 12 voix (unanimité) au national. Dans le même registre, le dossier Auchan Petite-Forêt est énorme, 55 000 M2 développés, 200 millions d’euros. On ne peut pas lutter contre un tel groupe, un service juridique trop puissant, il faut donc trouver le meilleur accord avec eux plutôt qu’un mauvais procès », explique Laurent Degallaix. Pour les élus de Valenciennes Métropole, le choix est fait depuis longtemps puisque toutes les délibérations inhérentes à ce projet sont passées à l’unanimité.

A savoir que déjà certains commerces sur Valenciennes, rue de Famars, rue Vielle Poissonnerie, voire de la Galerie Place d’Armes pourraient se déplacer sur Petite-Foret, la force commerciale d’AUCHAN fait tout pour convaincre les professionnels de venir chez eux. Soulignons également que la grande enseigne du Nord ne se contente pas d’un déploiement sur 30 hectares, c’est une ville dans la ville à PetitForêt, le projet pilote d’Auchan, le plus connecté, le plus plus dans tous les domaines.

Dans l’attente, 4 recours sont en lice en CNAC, Klépierre (Galerie centre Place d’Armes), Carrefour, Leclerc Saint-Amand, et la FTIAVAL (Union des UC) contre ce projet Auchan Petite-Forêt, validé ou pas en CNAC, puis sans nul doute devant le Conseil d’Etat quel que soit le prochain résultat. Rappelons au lecteur que le projet Auchan/Marly a été débouté en CNAC, que la maire de Le Quesnoy a également stoppé un projet à l’extérieur des remparts, et la liste est pléthorique.

Je crois bien qu’un ministre de l’environnement a démissionné récemment, car il en avait assez de céder devant le lobbying en tous genres. ! La loi du plus fort de Donald Trump devant l’ONU, la loi d’Auchan dans le Valenciennois, à chacun son héros !

Daniel Carlier

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