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L’évasion fiscale, le choléra du 21ème siècle !

A l’initiative de Fabien Thiémé, les frères Bocquet, Eric et Alain, ont tenu conférence au sein de la Maison du Peuple de Marly dans le cadre de la publication de leur livre « Sans Domicile FISC ». Plus que d’actualité dans le mouvement populaire du moment, l’évasion fiscale pourrait devenir le combat de tous, d’un peuple, et de sa représentation parlementaire.

Eric Bocquet : « Personne ne peut justifier l’évasion fiscale ! »

Sous les feux de la rampe, la thématique de l’évasion fiscale est plus que jamais au coeur de notre réflexion sociale. Auteur de deux rapports parlementaires sur cet item, les frères parlementaires sont les auteurs du livre SDF. Alain et Eric Bocquet même sont surpris, non pas la pertinence du fond, mais par son affichage grand public. « L’éditeur nous annonçait 3 000 exemplaires comme une belle vente pour ce type de sujet, nous sommes à plus de 12 000 exemplaires avec des conférences aux 4 coins de la France », explique Alain Bocquet, ex député et maire de Saint-Amand-les-Eaux.

Pour sa part Eric Bocquet entame cette information par quelques données chiffrées : « En France, l’évasion fiscale est évaluée à 80 milliards d’euros par an ce qui correspond à peu près au déficit annuel de l’Etat français », indique le sénateur Bocquet.

Sachant que le dernier budget équilibré de l’Etat français fut en 1974, la dette française est peu ou prou quantifiée 2 200 milliards. « Nous pourrions la résorber en 7 à 8 ans. Néanmoins, en 2018, nous avons payé 42 milliards sur les intérêts d’emprunt de la dette. Pour cette année 2019, la dette va encore augmenter, car l’Etat français reprend une partie de la dette de la SNCF, qui n’est pas de la faute des cheminots », ajoute-t-il. Et malgré ce chiffre astronomique, l’Etat français va encore emprunter massivement sur les marchés, car la signature de la France reste bonne !

«  Au niveau mondial, l’évasion fiscale est estimée à 8% de la richesse mondiale. Personne ne peut justifier l’évasion fiscale, 4 grandes régions dans le monde composent les paradis fiscaux, les Caraïbes, l’Asie, les U.S.A dans certains Etats, et l’Europe dans des pays comme l’Irlande, le Luxembourg, les îles anglo-normandes. A travers nos rencontres, voire les auditions, on a découvert un sytème très sophistiqué. L’évadé fiscal qui traverse la frontière avec une valise de billets est une image d’Epinal. Aujourd’hui, avec un smart phone, vous ouvrez un compte Off Shore dans les îles Vierges », indique Eric Bocquet.

« Les choses bougent dans le langage », Alain Bocquet

Face à l’argent de l’ombre non contrôlé par personne, le constat est implacable ! « Ce sont des systèmes financiers, l’argent pourrit tout. Le combat continue, c’est l’affaire d’une génération, mais les choses bougent dans le langage même dans le discours du Chef de l’Etat », commente Alain Bocquet.

Même les mentalités bougent « c’est pourquoi, nous avons proposé l’idée d’une COP fiscale, l’idée d’un boycott d’une entreprise n’est plus tabou. Les paradis fiscaux n’ont pas d’utilité sociale pour le monde », ajoute l’ancien député.

Par contre, certaines forteresses administratives sont (quasi) impénétrables. « Bercy demeure trop sourd face aux grands groupes. Ils organisent leur insolvabilité », lance Eric Bocquet.

« Ne pas confondre avec du populisme », Alain Bocquet

Les intervenants avertissent sur une confusion possible. Ces alertes, ces préconisations d’une vertu fiscale en France, voire mondiale s’inscrivent dans une démarche démocratique volontariste, mais pas dans une insurrection généralisée… « Attention au populisme, Hitler a été élu démocratiquement soutenu par les grandes entreprises », alerte Alain Bocquet. Le livre « L’ordre du jour », prix Goncourt 2017, est édifiant à ce titre. Il décrit parfaitement comment les sbires du futur Fûhrer ont convaincu les grandes entreprises allemandes (toujours existantes aujourd’hui) de financer la campagne d’Adolf Hitler pour son élection démocratique en 1933 ! « A cette époque, il disait mieux vaut Hitler que le Front populaire en France », ajoute Alain Bocquet. Certaines constantes demeurent, l’élection récente de l’extrémiste de droite, Jair Bolsonaro au Brésil s’est suivie « d’une hausse de 23 % de la Bourse après le 1er tour, et de 30% après le second tour de la présidentielle », souligne Eric Bocquet.

« Le Politique doit rependre le pouvoir », Eric Bocquet

L’erreur à ne pas commettre est de mettre une couleur politique à cette volonté citoyenne, car cette aspiration à bénéficier (indirectement) d’un retour dans le bien commun de 80 milliards d’euros annuel doit fédérer. Les citoyen(es) français(e)s peuvent se retrouver, comme 100 % des parlementaires, autour de cet objectif. Peu importe que cela profite à une politique plus sociale, plus libérale, selon les choix par le peuple d’une élection démocratique. Le dénominateur commun serait invariablement le paiement des impôts par les particuliers en France, et du respect de la fiscalité sur les bénéfices des entreprises dans l’hexagone, un objectif, une ligne d’arrivée commune, c’est le seul moyen. Si les partis politiques se déchirent sur l’utilisation de cette manne retrouvée, rien n’arrivera jamais.

« Le Politique doit rependre le pouvoir. Pour l’instant, c’est la finance qui le détient ». tance Etic Bocquet. A l’instar de ces deux rapports parlementaires sur l’évasion fiscale votés à l’unanimité au sein des commissions concernées, une initiative législative transversale constitue une issue potentielle.

« Ce fut une expérience journalistique forte », Pierre Gaumeton

Pierre Gaumeton

La plume de cet ouvrage SDF fut Pierre Gaumeton, ancien journaliste de la Voix du Nord. « Alain Bocquet m’a contacté pour ce livre. Même si je n’étais pas un expert en évasion fiscale, j’ai rapidement saisi cette opportunité à travers laquelle j’ai bénéficié d’une grande liberté. Ce fut une  expérience journalistique forte », commente-t-il.

En deux phrases, il résume la philosophie de l’évasion fiscale, le principe le plus opaque possible répond à une maxime : « L’objectif des entreprises internationales est de déplacer les charges dans le pays le plus fiscalisé, et de transférer les bénéfices dans le pays le moins imposé ».

Evidemment, le démontage de la lessiveuse est terriblement complexe faisant le bonheur des avocats fiscalistes, conseils en tous genres, et fossoyeurs de l’argent public des états. « Follow he money », disent les journalistes d’investigations Outre-Atlantique, mais cela devient parfois un parcours du combattant. Face à cela, il faut utiliser d’autres armes, d’autres fonctionnements, il faut frapper au portefeuille et à la notoriété.

La peur de perdre plus… !

L’intérêt de ce type de débat est qu’il permet l’exposition de certaines idées. Ne croyons pas au Père Noël, les évadés fiscaux ne changeront d’attitude qu’avec la crainte de perdre beaucoup plus… en ne payant pas leur dû fiscal en France !

En l’occurence, voilà quelques suggestions de va-infos sur ce sujet ô combien sensible :

  • Un message suffit parfois pour lancer une idée, le jour où un gouvernement installera à Bercy, en sus des autres postes régaliens, un ministère plein baptisé « Lutte contre l’évasion fiscale », un message passerait, des peuples voisins regarderaient…, se poseraient des questions entre peur et curiosité, voire le questionnement interloqué « c’est possible ? ».
  • Initier un nouveau discours avec les grandes entreprises championnes de l’optimisation fiscale. Vous voulez bénéficier du marché économique français, vous devez vous acquitter de l’impôt dû à cet effet. Le chantage à la délocalisation n’est pas recevable, la nature a horreur du vide, la part de marché sera repris par d’autres avec les sites physiques, et les emplois. De plus, cette discussion doit être rendue publique sur les montants exigibles avec le retour de l’entreprise dans un délai raisonnable.
  • Concomitamment, à la lumière de cette discussion publique, les salariés des entreprises en question peuvent organiser une grève à la japonaise pour peser sur cet acquittement de l’impôt bénéfique pour tous. Venir au travail pacifiquement,  sans violence, mais ne pas produire, ne pas vendre, ne rien faire, impact économique garanti un jour par mois, un jour par semaine… !
  • La presse nationale peut jouer un rôle également, tous les supports médias confondus ne diffuseraient plus une publicité d’une entreprise non vertueuse fiscalement, et ceci quel que soit le montant proposé de la bannière publicitaire. Black-out total, là également l’impact est très dissuasif pour les acteurs économiques concernés.
  • Bien sûr, les évadés fiscaux feraient l’objet d’une communication d’Etat, en mode Name and Shamed, et ne doutons pas que des millions de citoyens relayeraient cette campagne contre-publicitaire sur les réseaux sociaux, là encore ricochet planétaire assuré..

La Grande utopie des évadés fiscaux est de croire que rien ne bougera jamais ! Et pour commencer ce combat, rejoignez le forum sur https://www.arenberg-forum.org/ avec une première manifestation les 23 et 24 mars 2019 sur Wallers Arenberg.

Daniel Carlier

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