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Un débat éclairant sur les clivages politiques à Denain

Dernier exercice budgétaire avant les municipales 2020, Anne-Lise Dufour, maire de Denain, a défendu bec et ongles les idées directrices de sa signature financière 2019. Un temps où chacun s’est exprimé dans un climat très…. élection municipale, ça promet !

Un budget teinté social démocratie

Originalité de ce Conseil municipal, les questions diverses sont posées en prélude des délibérations. Le vote d’une subvention accordée par la Porte du Hainaut (100 000€) en faveur de la société d’exploitation du futur Cinéma Mégarama à Denain a lancé les hostilités. « Vous n’avez pas pris part au vote communautaire du 01 avril dernier, les 47 communes de la CAPH ont voté à l’unanimité pour cette subvention… sauf vous. Là bas, vous êtes une représentante de Denain, vous allez trop loin », assène Yamina Mohamed, adjointe à la ville de Demain.

Une information qui électrise certains conseillers municipaux « je suis choqué. Respectez le vote des Denaisiens, vous ne pouvez pas afficher des positions partisanes à la Porte du Hainaut. Vous n’êtes pas digne de nous représenter à la CAPH », enchaîne David Audin dans l’opposition municipale.

Enfin, Annie Denis «  je ne comprends pas pourquoi vous allez contre un vote de la Porte du Hainaut ».

« J’ai voté selon mes convictions. Dans cette délibération n’est pas mentionnée les difficultés de la société d’exploitation du futur cinéma. Je maintiens ma décision, et je n’ai pas à justifier de mon vote. Je n’ai pas de leçons à recevoir d’une opposition, plus dans la compromission, et déjà sur orbite pour les municipales », ajoute Sabine Hebbar.

« Cette subvention de 100 000 €, s’ajoutant au 400 000 € par la commune, s’inscrit dans un coût global de 7,5 millions d’euros, mais également dans la perspective d’une création de 25 emplois, originaires du Denaisis assurément. Ces subventions sont destinées à l’emploi », réponse Anne-Lise Dufour.

Ensuite, au cours du dernier Conseil communautaire de la Porte du Hainaut, l’intégration de la commune d’Emerchicourt a conduit à rebattre les cartes au sein des commissions communautaires etc., la ville de Denain perd un siège dans la foulée. Cette modification est concomitante à « la baisse de la population de la commune de Denain. Nous passons de 20 351 en 2014, 19 920 en 2018, et 19714 en janvier 2019. C’est pour cette raison que nous perdons un siège communautaire », ajoute Sabine Hebbar. Il s’ensuivit une bataille sur le nombre d’habitants à un instant « T » qui n’était pas le même. Débat sans fin puisque le présent n’existe pas, la fin de l’article appartient au futur, le titre au passé, un décès comme une naissance ont eu lieu entre ces deux moments… !

Toutefois, un vote à bulletin secret s’est déroulé. La majorité municipale a perdu un siège à la CAPH, de 10 à 9, et Mme Hebbar a conservé son siège communautaire.

Un début de conseil municipal où le climat fut tendu. Djemaï Drici est intervenu plusieurs fois pour que l’on laisse la parole à Sabine Hebbar… !

Le budget 2019

Dernier opus budgétaire, comme pour le ROB (Rapport d’orientation Budgétaire), Anne-Lise Dufour a mis en exergue « 76 millions d’euros d’investissement sur 6 ans, l’école Berthelot, Ecole La Fontaine, le Centre aquatique, l’église Saint-Martin, l’extension de la Maison de Justice, etc. Pour ce budget 2019 de 53 millions d’euros, nous conservons la même dynamique d’investissement autour de 12 millions d’euros ».

Sur la masse salariale, sujet abondamment commenté dans l’hémicycle denaisien, il existe un différentiel de 55 876 €, entre 2018 et 2019, sur un montant avoisinant les 12 millions d’euros au bénéfice de 312 emplois au ETP (Equivalent Temps Plein), les chiffres ne confirment pas une explosion de la masse salariale en 2019, même si une hausse en 2013 et 2019 est tangible sur ce poste budgétaire clé. Pour 2019, la masse salariale reste à 57% environ du budget de fonctionnement. Sur l’état ees collectivités locales en 2108, la lecture de ce rapport est intéressante… https://www.lagazettedescommunes.com/telechargements/2018/07/ofgpl-2018-global.pdf

Concernant la dette, elle demeure stable. « Nous avons emprunté 2,5 millions d’euros en 2018, mais il sera véritablement activé en 2019. Un emprunt bénéficiant d’un taux très très intéressant. Nous sommes très loin du surendettement, et nous maintenons notre niveau élevé d’investissement au service d’une politique de proximité », précise-t-elle. La baisse des taux continue, et la BCE a confirmé cette NON hausse pour les années à venir. Donc, un emprunt à un taux défiant toute concurrence, c’est bien, mais faut-il encore qu’il soit mobilisé un jour ou un autre. C’est le constat fait en 2019 dans certaines communes durant cette kyrielle de budget locaux, on s’est précipité pour emprunter à des taux bas, et on s’interroge au doigt mouillé sur le devenir de son utilisation après, et quand un glissement de projet intervient pour des milliers de raisons administratives très françaises, l’adjoint aux finances passe pour un amateur, sauf si l’emprunt est contracté à un taux négatif ce qui n’est pas encore le cas pour les collectivités locales, me semble-t-il.

La fiscalité locale

Le premier magistrat a rappelé que les taux de la fiscalité locale n’ont jamais augmenté durant ce mandat. «  Ils ont même baissé l’année dernière« , précise-t-elle.

Bien sûr, le devenir de la Taxe d’Habitation constitue Le sujet de préoccupation pour les collectivités locales. Le gouvernement a annoncé une compensation à l’euro près jusqu’en 2021, et après, il faudra inventer une nouvelle fiscalité locale afin de remplacer cette injustice criante où les communes au pouvoir fiscal remarquable touchent beaucoup, et les autres des miettes alors que le service public est mécaniquement plus important « pour celles et ceux qui n’ont rien, le service public est leur patrimoine », souligne Anne-Lise Dufour.

Pour autant, l’autre face de la pièce est la fin de cette taxe d’habitation « avec -30% en 2018, et moins 65 % en 2019 pour beaucoup de Denaisiens. Donc, en 2020, pour zéro fiscalité locale, un Denaisien va bénéficier de 1 200 euros de service public chaque année », ajoute l’édile de la commune.

Très en verve sur la fiscalité nulle, Anne-Lise Dufour ajoute.  » A Denain, la taxe foncière pour les commerçants est égale à zéro, et pour ce qui concerne la hausse (très forte) de la CFE, les commerçants de Denain peuvent demander aux impôts une exonération totale, mais c’est aux commerçants de faire la démarche auprès des finances publiques. » 

Les réactions

Evidemment, les commentaires furent très sévères. Michel Dandois, avec le même discours distribué par M. Franquet, attaché parlementaire du Député Sébastien Chenu, indique que ce budget « n’est pas satisfaisant, ni pour le présent, ni pour l’avenir. Pour le présent, c’est l’empilement de projets sur lesquels on s’empresse de communiquer, de la démagogie au quotidien, vous voulez une caméra, un aménagement de voirie. Les services municipaux souffrent énormément de cette fuite en avant électoraliste, plus de masse salariale (contredit dans les chiffres entre 2018 et 2019), plus de service public, mais pour quoi faire, les Denaisiens ne voient rien venir dans les domaines de la propreté et de la sécurité ».

Un propos qui surprend Patrick Deruelle, adjoint, car « compte tenu de mes engagements syndicaux (CGT jusqu’au bout des ongles), je n’ai pas du tout entendu ce type de remontée de la part des salariés de la commune ».

Pour la candidate de LREM aux dernières législatives, Sabine Hebbar, ce budget démontre « une grande fragilité financière, et sous perfusion de financement publique. Vous avez également le poids de la charge salariale dans le budget du fonctionnement ». Assurément, en dessous de la barre des 50% de masse salariale constitue un étalon vertueux en terme de gestion des comptes publics, mais Denain peut-il viser uniquement cette trajectoire financière compte tenu des besoins criants de la population ?

Sabine Hebbar revient encore sur la baisse de la population : « Cette commune perd de son attractivité ». Anne-Lise Dufour répond « nous avons surtout démoli des logements loués par des marchands de sommeil, comme par exemple pour l’îlot Basly ».

Pour David Audin, il voit  » avec satisfaction des modifications dans ce budget dans lequel, nos remarques durant le ROB ont été prises en compte. Nous validons le budget avec un crédit de fonctionnement pour plus de service public. Ce budget 2019 est une photographie sérieuse et responsable « . Ensuite, David Audin a fait une attaque en règle sur la politique nationale portée Emmanuel Macron.

Le temps du petit-déjeuner…

Un nouveau dispositif en faveur d’une alimentation saine va rentrer en vigueur dans plusieurs départements tests. Ce sujet sensible est porté par Yamina Mohamed, en charge de cette compétence. « Ce dispositif va bénéficier aux écoles maternelles et élémentaires », précise-t-elle.

« L’Académie de Lille ne fait pas partie des sites tests. Néanmoins, j’ai demandé à ce que la ville de Denain bénéficie de ce dispositif « petit-déjeuner gratuit ». Ainsi, nous allons proposer un petit-déjeuner gratuit pour les enfants de 2 à 11ans », précise Anne-Lise Dufour. Par ailleurs, le projet de cantine à 1 euro est en cours. « Pour l’instant, elle à 1,90 € chez nous, j’ai fait ma demande pour la cantine à un euro », ajoute-t-elle.

Sabine Hebbar précise que « ce dispositif « petit-déjeuner gratuit » commencera en avril 2019 dans certaines Académies, et en septembre dans toute la France ».

Et dire que certains députés, dans la salle des 4 colonnes, ont immédiatement réagi à cette proposition de petits-déjeuners gratuits… « on ne pas résoudre tous les problèmes avec des petits-déjeuners gratuits ». Sauf que beaucoup trop d’enfants de la République arrivent le ventre vide à l’école, c’est une réalité de terrain qui n’atteint pas les parlementaires sur le chemin des divers restaurants de l’Assemblée nationale, très accessibles en terme de coût, vous avez dit élus déconnectés !!!

Et les déchets… !

Enfin, Yannick Andrzejczak, pour l’opposition, a exhorté la majorité municipale à se lancer dans un cycle de réduction des déchets, une idée de fond sans discussion très louable. « Une ville comme Austin au Texas s’est lancée dans la zéro déchet. Aujourd’hui, si le futur réseau de chauffage urbain est très intéressant, la hausse demandée par le SIAVED de 88 000 tonnes à 120 000 tonnes pose question. Avez-vous eu une étude sérieuse sur le sujet ? ».

Pour être synthétique, toutes les EPCI de France visent à recourir à l’enfouissement le moins possible, c’est de fait le degré zéro de l’écologie. Le SIAVED est encore à 15% environ d’enfouissement. Donc, cette hausse du tonnage à revaloriser permettra mécaniquement de réduire cette part de l’enfouissement, CQFD !

Pour la note d’humour, Isabelle Dherbecourt, salariée du SIAVED, est montée au créneau : « Il y avait samedi dernier une opération avec 45 familles s’engageant dans le zéro déchet, je n’ai pas vu votre inscription ! » ça pique !

Daniel Carlier

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