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L’Abbé Launay « la Cathédrale Notre-Dame de Paris était un lieu particulièrement vivant »

18H50, les cloches de France ont sonné ce mercredi 17 avril, 48 heures après le ravage des flammes sur cet édifice religieux iconique, Notre-Dame de Paris ! Comme dans toute la France, la communauté paroissiale de Valenciennes a vécu tel un drame cet incendie. L’Abbé Launay nous rappelle la particularité de cette cathédrale emblématique (visuel entrée de la Maison Diocésaine à Valenciennes).

En propos liminaire, un petit rappel est nécessaire. La loi de 1905 a gravé dans le marbre la séparation de l’Eglise et de l’Etat, les églises bâties avant cette date appartiennent aux communes, et les 86 cathédrales en France sont la propriété de l’Etat. Certains titres de médias nationaux s’étonnaient que Notre-Dame de Paris n’était pas assurée ! Le principe historique de base est que l’Etat est son propre assureur, l’Etat assume donc lui-même les reconstructions si nécessaire. Le Palais de l’Elysée, tout comme le Château de Versailles etc. ne sont pas plus assurés que ne l’était Notre-Dame de Paris.

Par contre, l’église de France est l’affectataire unique à durée illimitée sur tous ces lieux de culte. Seule la volonté du diocèse de ne plus assurer sa mission dans un lieu sacré peut permettre sa désacralisation, mais ce changement de destination ne peut jamais être à l’initiative unilatérale des pouvoirs publics.

En fond, basilique Notre-Dame du Saint-Cordon

L’actualité personnelle de l’Abbé Launay croise ce tragique incendie. Depuis le 16 avril 2019, les nominations du Diocèse de Cambrai, par Monseigneur Vincent Dollmann, sont officielles. En effet, le 01 septembre 2019, L’abbé Jean-Marie Launay ne sera plus le vicaire épiscopal. Par contre, il hérite d’une mission pleine d’embuches, mais passionnante. « Je suis chargé des relations avec les pouvoirs publics sur la réflexion concernant l’avenir des églises. En terme bâtimentaire, l’état de nombreuses églises sur Valenciennes, et les communes limitrophes, pose question ». Donc, outre le dossier de la Basilique Notre-Dame du Saint-Cordon, la sécurisation de certaines églises du Valenciennois va devenir, compte tenu de cette actualité, d’une importance brûlante… pour les maires du Valenciennois, et très particulièrement pour celui de Valenciennes.

 « Comme dans un mauvais rêve cet incendie de Notre-Dame-de-Paris », Abbé Launay

Lundi soir, l’Abbé Launay était marqué par « la stupéfaction, l’incrédulité, un profond sentiment de tristesse, c’était comme dans un mauvais rêve cet incendie de Notre-Dame-de-Paris. J’ai reçu de nombreux messages des paroissiens totalement sidérés par cet incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Je suis heureux que la façade soit préservée, elle est tellement chargée d’histoire, elle fait partie de l’histoire de l’art. J’espère une reconstruction avec les meilleures solutions architecturales, car c’est un leg à nos générations futures ».

D’ailleurs, dès lundi soir, l’Abbé Launay a réagi face à ce combat. « J’ai fait sonné les cloches de Saint-Géry en soutien à ce combat du feu », précise l’homme de foi.

Une église française très centralisée

L’Abbé Launay met en exergue le rôle de l’Archevêque de Paris. « L’archevêque de Paris est le seul membre permanent de Droit à la Conférence des évêques, c’est le Conseil d’Administration de l’Eglise française. Pour Rome, l’Archevêque de Lyon, le Primat des Gaules, est le premier archevêché. Pour la France, c’est Paris, et son archevêché. Durant très longtemps, les décisions de CA n’étaient prises que par l’Archevêque de Paris. Aujourd’hui, le tout nouveau président est l’Archevêque de Reims. Les choses changeront-elles ? »

Bien sûr, au centre de tout, la Cathédrale Notre-Dame de Paris « constitue le symbole de l’église catholique, c’est une évidence », poursuit-il. Notre-Dame…de France appartient à cet inconscient collectif dépassant largement le volet cultuel stricto sensu.

Jean-Marie Launay est un habitué de cette cathédrale emblématique. « Chaque année, je partais avec une cinquantaine de pèlerins sur Paris. Bien sûr, nous visitions la Cathédrale Notre-Dame de Paris avec toutes les explications nécessaires. Il y avait de nombreuses messes, voire offices au quotidien, pas un jour sans une animation. Notre-Dame-de-Paris était un lieu particulièrement vivant. Elle donnait à voir le mystique de la foi. Ce n’était pas un Musée comme, malheureusement, certaines cathédrales », poursuit-il.

En effet, près de 65 salariés étaient aux manettes de cette PME cultuelle en activité. Cette profusion d’événements a sans doute contribué ces dernières décennies à faire la renommée de ce bâtiment religieux, le symbole de l’Eglise de France, le phare traversant l’histoire, et y participant à de nombreuses reprises.  A la différence, la splendide cathédrale de Reims, qui a fêté ses 800 ans en 2011, est un Musée cultuel, certes magnifique, mais sans supplément d’âme.

La semaine sainte

L’Abbé Launay profite de cette tribune pour rappeler un fait médiatique criant : « Je suis stupéfait que les médias télévisuels français aient montré des personnes en train de prier, des rassemblements etc. On découvre que c’est la semaine sainte, c’est bien ! En Belgique, Italie, Espagne, cette période est très couverte par les médias nationaux ». Mais la France est un pays d’une laïcité constitutionnelle, ceci expliquant peut-être cela !

Aucun doute, cet incendie de Notre-Dame de Paris du 15 avril 2019, un lundi de Pâques, changera pour longtemps notre regard sur notre destin français. 

Daniel Carlier

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