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Roger Vicot « il faut une véritable Europe politique »

A l’initiative de José Pressoir, secrétaire de la section PS de Valenciennes, Roger Vicot, maire de Lomme, était à Valenciennes ce mercredi 15 mai. Présent sur la liste de Raphaël Glucksmann « Envie d’Europe » en 13ème position, il a exposé avec conviction sa vision d’une Europe forte et solidaire.

Roger Vicot : « Emmanuel Macron nous refait le coup du 2ème tour de la présidentielle, moi ou le chaos avec le Rassemblement National »

Il y a quelques mois à l’aube d’une campagne européenne à peine suggérée, Raphaël Glucksmann a créé la surprise politique de cette élection. Son idée de « Place Publique » devait fédérer les partis de gauche dont l’émiettement favorise le pouvoir en place, voire l’extrême droite ;  voilà une bonne idée de fond.

A la naissance de Place Publique, Raphaël Glucksmann est donc allé au contact de toutes les formations politiques, le P.S, le PCF, le MRG, EELV etc., mais la mayonnaise n’a jamais prise, seules quatre formations de gauche, le P.S, Nouvelle Donne, le PRG, et Place Publique ont répondu à cet appel d’union politique. « Tout le monde était d’accord, mais voulait être tête de liste », explique Roger Vicot. Voilà une démonstration sans ambiguïté que les intérêts particuliers des partis, et des candidats, passent très loin devant des convictions de gauche. Cette bataille des égos perdue avec un Benoit Hamon parti en solo afin de récupérer un job européen, voire un parti « vert » toujours convaincu que l’écologie n’est pas le fruit d’une pensée collective. Cet émiettement débouche logiquement sur une kyrielle de listes, 34, car l’absence de locomotive de gauche conduit inexorablement à des attentes, des frustrations, et des listes ; le sondage calamiteux sur la confiance des citoyens dans les élus politiques, paru en fin d’année 2018, n’est que le reflet de cette somme des ambitions individuelles, point car ajouter le mot politique est de facto un gros mot en l’état de l’art !

« Nous n’avons pas assez d’Europe politique », Roger Vicot

Pour autant, cette liste « Envie d’Europe » ne baisse pas les bras même si les sondages sont entre 4 et 4,5%. Le credo de cette liste est d’instiller de la Politique au sens noble du terme. « Nous n’avons pas assez d’Europe politique. Il faut une véritable Europe politique avec un clivage droite/gauche marqué. On ne peut pas être à la fois de droite et de gauche. Clairement, Emmanuel Macron applique une politique de droite libérale. Ensuite, sur cette élection européenne,  Emmanuel Macron nous refait le coup du 2ème tour de la présidentielle, moi ou le chaos avec le Rassemblement National », assène Roger Vicot.

Face à François Asselineau, em mode comptable de chaque denier public donné à l’Europe, Roger Vicot expose une autre voie. « Il faut sortir de cette logique, et mettre en face d’autres chiffres. D’ailleurs, le budget européen est trop insuffisant pour mener avec succès des politiques dans le domaine climatique, social, voire financier », ajoute-t-il.

Pour y arriver, et cesser cette prépondérance de la Commission européenne sur le Parlement européen, il apparaît nécessaire « de rendre le pouvoir au Parlement européen ( à Strasbourg) », souligne-t-il.

« Le vote à l’unanimité n’est plus pertinent », Roger Vicot

Effectivement, l’Europe dans un souci de réforme, quel que soit la majorité en place, devrait revoir ses fondamentaux. A son origine, cette union de quelques pays (6) se basait sur la mutualisation des marchés dans des domaines industriels, puis le marché unique dans les années 90, l’Euro dans les années 2000 en passant par Shengen, où est la politique, indubitablement à la remorque des nations individuelles. « Aujourd’hui, nous avons les Etats-Unis, la Russie, la Chine, et des nouvelles puissances comme l’Inde, et certains croient que 27 confettis, tous seuls, pourront peser. Non, nous avons besoin d’Europe ! », souligne-t-il.

Néanmoins, le mode de fonctionnement du vote des résolutions européennes est suranné, éculé, aussi obsolète qu’un téléphone à fil… « Le vote à l’unanimité n’est plus pertinent. Certains sujets ne concernent que quelques pays, comme celui des travailleurs détachés. D’autres thèmes concernent les 27, mais il faut un vote à la majorité », poursuit cet élu socialiste de longue date.

Sans aucun doute, ce changement serait opportun, mais il pourrait tout autant se retourner contre la France. En effet, nombre de pays veulent supprimer le Parlement européen à Strasbourg afin de centrer l’outil Europe à Bruxelles, Commission et Parlement. Le coût abyssal annuel des navettes mensuelles entre les deux capitales est pathétique, mais demeure le sujet tabou absolu pour l’Etat français, c’est même un casus belli envers la France.

« Transformer la PAC », Roger Vicot

Plusieurs thèmes sont forts dans ce programme « Envie d’Europe ». « On n’a plus le temps sur aucun sujet, face au défi climatique, vis à vis d’une harmonisation sociale, et au problème de la finance », explique le maire de Lomme.

Le 1er budget européen est celui de la PAC (Politique Agricole Commune) « et la fin d’une Europe serait un drame pour tous nos agriculteurs. Pour autant, la subvention à l’hectare a vécue. Il faut mettre en place une PAC protectrice des petites exploitations. D’ailleurs, l’Europe peut-être un puissant protecteur pour les salariés européens, nous devons préparer une phase de transformation des métiers. Ce défi est gigantesque, c’est pourquoi nous voulons taxer sur les bénéfices les grands groupes industriels », précise-t-il.

Voilà succinctement la présentation d’une liste « Envie d’Europe » dont le mérite est de vouloir fédérer des idées communes, un choix collectif « que nous allons poursuivre pour les prochaines élections », indique Roger Vicot.

Rappelons une donnée fondamentale de cette élection européenne, le 26 mai prochain. Le seuil de 3 % des électeurs est nécessaire pour le remboursement de la campagne politique, et le seuil de 5% est le minimum pour obtenir des sièges de députés européens… « Tout est encore possible, la dernière semaine est souvent décisive dans un scrutin », conclut Roger Vicot.

Historiquement, cette élection ne suscite pas l’enthousiasme chez les électeurs. Pour autant, dans les épisodes précédents, comme dans les séries américaines, cela concernait des listes régionales. En 2019, ce sont des listes nationales avec de facto un impact national dans la conduite de la campagne européenne ; cela pourrait aussi doper un peu la participation à la dite élection ?

Daniel Carlier

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