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Tout change, mais rien ne change généralement… en politique !

Une fois n’est pas coutume, mais il est bien difficile de ne pas s’exprimer sur l’événement politique de cette journée du mercredi 12 juin 2019. Cette dernière nous concerne, même si le Valenciennois est dans l’ambiance de cette Coupe du Monde de football féminin rafraîchissante, car la politique nationale nous a délivré, hier à l’Assemblée nationale, un message limpide pour notre quotidien (visuels Edouard Philippe à la salle Pierre Richard à Valenciennes).

2017… 2019, six voix d’écart à l’Assemblée nationale

Soyons humble, quand le Premier ministre, Edouard Philippe, est venu quelques jours avant le vote des Européennes en guest star au sein de la salle Pierre Richard à Valenciennes, une petite question trottait dans la tête de tous les participants…  ! Sera-t-il là lundi prochain ? Une lettre de démission va-t-elle atterrir sur le Bureau du Président de la République ? C’était le 21 mai, 5 jours plus tard, la liste « Renaissance » du parti LREM perd dans un mouchoir de poche au point de récupérer le même nombre de députés européens. Néanmoins, la défaite face au RN n’est pas sans incidence pour la suite.

Pour autant, dans la continuité, le mercredi 12 juin, le Premier Ministre fait son discours de Politique générale avec un vote de confiance à la clé. En juin 2017, 370 voix pour, en juin 2019, 363 voix pour… même pas l’épaisseur d’un trait. Ne se serait-il rien passé entre les deux événements ? Sur la forme, l’exécutif clame haut et fort qu’il a entendu, voire écouté, à suivre sur le fond !

Les institutions politiques immobiles…

Si le spectre de la politique nationale était un tableau, il serait dans la veine des Impressionnistes, magnifiquement flou !

Aujourd’hui, les partis de gauche sont éclatés façon puzzle, Place Publique a sauvé les meubles, Benoit Hamon n’a tiré aucun enseignement de son pathétique score de la présidentielle, c’est affolant de constater comment la politique gomme les neurones les plus avertis, la droite historique est au fond du trou avec un candidat sympathiquement clivant, les Verts découvrent le statut d’une voix politique qui compte, il va falloir gérer l’ivresse de l’altitude.  Pour sa part, le Rassemblement National a ponctionné le mouvement des Gilets Jaunes, mais aussi surfe sur une colère endémique, l’UDI est à classer dans la colonne perte et profit, l’UDI va-t-il d’ailleurs devoir payer des candidats pour accepter leur investiture aux municipales ? Enfin, LREM reprend des couleurs, presque trop tant début décembre, on ne pariait plus sur cette majorité présidentielle… ! On peut noter le silence et l’absence de Marine Le Pen dans l’hémicycle, il faut dire que l’annonce de son passage en correctionnel pour le partage d’images de l’Etat islamique nous prive de son commentaire, récurrent, le complot politique… comme si le Code pénal avait été juste écrit pour importuner la leader du front national, c’est du niveau de son débat à la présidentielle !

Pour autant, le fonctionnement de la 5ème République est-il à bout de souffle ? Le message des Français est-il passé, oui à travers certaines mesures sociales indéniables, non sur la forme, le vote de confiance est une illustration flagrante de cette absence d’impact sur les institutions. La monarchie de la 5ème République, elle est solide, et les visages ne changent pas ! C’est le Poker Face permanent !

D’ailleurs, afin de parfaitement illustrer cette inertie institutionnelle, les sénateurs vont faire de la résistance sur la réduction des parlementaires, plébiscitée par les Françaises et les Français, avec une impression catastrophique de l’exercice politique. Gérard Larcher devient la statue de l’immobilisme, mon poste d’abord, la volonté du peuple après !

L’insoluble déficit 

Si l’ensemble des annonces du Premier Ministre fut largement commenté sur les plateaux télé. On note un discours constant, mais comment les mesures sociales vont-elles être financées comme si nous étions sur le fil d’une position créditrice ! Sérieusement, c’est un gag ! Comme depuis 1974, l’Etat français va voter un budget en déficit. La France génère 300 milliards de recettes par an, et dépense 380 milliards d’euros. Nous votons chaque année un budget en déficit entre 72 et 80 milliards. Aujourd’hui, la dette de la France est de 2 300 milliards d’euros…. Heureusement, la dette de la France demeure un produit attractif, elle peut emprunter sans difficulté, mais jusqu’à quelle limite ?

L’histoire budgétaire a déjà effacé des dettes au niveau de certains états en voie de développement, voire des méga structures comme Eurotunnel, c’est parfois la seule solution. Mécaniquement, la dette de tous les pays ne pourra pas se résorber tant que le marché financier va continuer à prêter. Pour autant, supprimer la dette et permettre un retour de la planche à billet étatique serait un tremplin pour une inflation non maîtrisable, une catastrophe pour le pouvoir d’achat du quotidien. Donc, que faire en l’espèce ?

Ce vote de confiance est trompeur sur le sentiment… général, il faut que l’exécutif tienne compte de cette impatience du quotidien, insupportable pour beaucoup, les clés du camion sont de nouveau dans les mains de… !

Daniel Carlier

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