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Centres sociaux : « Notre campagne politique démarre maintenant ! »

Une fois n’est pas coutume, l’évènement politique de ce jeudi 23 janvier ne se déroulait pas chez un candidat aux municipales. Non, il était concrètement exposé par le collectif des 21 centres sociaux du Valenciennois, une démarche totalement inédite afin de porter des valeurs pour ne pas en subir d’autres… Vous avez un message Mesdames et Messieurs les candidat(e)s aux municipales (visuel Véronique Méresse)

(Visuel de gauche à droite, Malika Saadaoui, Véronique Méresse, Catherine Deprez, et Lydie Houssoy)

Benjamin Lemoine : « Nous sommes apolitiques, mais pas neutres ! »

Au sein de ce superbe Hôtel de Vie à Fresnes-sur-Escaut, les personnes en charge des centres sociaux du Valenciennois, les 16 structures de l’ACSRV, mais également les 3 sites sur Raismes, un centre sur Quiévrechain, tout comme la Maison de Quartier du centre à Valenciennes, ont expliqué cette démarche hors des sentiers battus. A telle enseigne que la déléguée territoriale sur le Valenciennois et la Métropole lilloise, Eléonore Laroyenne, de l’Union Régionale Des Centres Sociaux, souligne sans ambiguïté… « les directeurs des centres sociaux sur le Lillois sont très intéressés par cette démarche innovante, le Valenciennois est vraiment inspirant ! ».

Ensuite, la forme est originale également puisque quatre locutrices ont exprimé tour à tour un objectif affiché pour ces Centres sociaux, une ligne claire à prendre en compte par les candidat(e)s politiques sur ce territoire. Enfin, pour imager cette campagne politique singulière « nous avons des écharpes, non pas tricolores, mais fleuries afin de faire fleurir nos idées… », commente Cécile Rogez, la présidente de l’ACSRV. On ne pourrait pas mieux afficher une écologie de proximité sans pesticides… politiques !

Cette démarche ne vient pas de nulle part, n’est pas née d’un raisonnement cosmique… : « Nous entendons des discours de repli sur soi, des propos qui ne sont pas les nôtres, et c’est pourquoi nous voulons défendre nos propres valeurs », commente Véronique Méresse, présidente du Comité d’usager de la Maison de Quartier Solange Tonini à Denain. Le message est clair : « Nous sommes apolitiques, mais pas neutres ! », résume Benjamin Lemoine, le directeur général de l’ACSRV.

« Nous faisons de la Politique », Catherine Deprez

Devant l’ensemble des directeurs et collaborateurs des centres sociaux du Valenciennois, ce discours a quatre voix a résonné fort du coté de Fresnes-sur-Escaut. « Dès mai 2019, nous avons fait le choix de lancer une campagne de promotion de nos valeurs »… « après réflexion, nous avons abouti au fait que nous faisons de la Politique »… « pas de politique partisane, des valeurs à défendre, des choix dans nos manières d’agir, des sujets que nous traitons », commente Catherine Deprez, présidente du Comité d’usagers du Centre social  et Culturel de la Briquette à Marly.

Pour enfoncer le clou, Véronique Méresse ajoute une phrase choc « la légitimité de nos élus ne suffit plus ». En clair, le discours programmatique ne s’impose plus comme l’alpha et l’omega de l’attente des citoyennes et citoyens. Aujourd’hui, le candidat doit écouter les populations, ses attentes, et dans cette optique « nous sommes convaincus des vertus de l’action collective : le vivre ensemble n’a de sens que dans le faire ensemble, contribuant à faite société », ajoute-t-elle.

« Engagement à participer à cette transition écologique », Véronique Méresse

Certes, il n’y aucun choix politique vis à vis de tel ou tel candidat, mais des objectifs clairs. « Nous sommes dans une dynamique plus large où l’enrichissement est collectif entre les territoires, et pas comme des points de de fracturation de la cohésion sociale. D’autres sujets d’engagements comme notre rapport au défi environnemental à travers un objectif de participation à cette transition écologique et solidaire », explique Véronique Méresse.

En effet, la petite musique soulignant que le comportement écologique ne concernerait que les catégories sociales aisées est battu en brèches. « Nous accueillons des familles avec lesquelles nous faisons preuve de pédagogie, apprendre aux plus jeunes à trier un déchet, les gestes simples, une prise de conscience… », ajoute Véronique Méresse. Tout cela ne nécessite pas un portefeuille bien garni !

« Accueil des populations fragiles », Lydie Houssoy

La Présidente de l’Association des Maisons de quartier sur Raismes (3), Lydie Houssoy, met l’accent sur un aspect central de sa mission. « Nous participons à l’accueil des populations fragiles, en souffrance, à travers nos 21 centres sociaux de proximité ».

Parmi les 15 000 adhérents de ces 21 centres sociaux, les 400 collaborateurs souhaitent que les populations « puissent être entendues », précise une intervenante. Un désir signifiant que l’écoute n’est pas optimale ? « Non, nous avons de bons rapports avec nos collectivités partenaires. Par contre, 21 sites avec des approches différentes suivant les communes », répond Véronique Méresse. Donc, cette campagne politique atypique veut imprimer dans la conscience des futurs élu(e)s que les centres sociaux sont présents, qu’ils sont des vecteurs d’accompagnement sociaux incontournables. Bref, on se fait respecter compte tenu des populations accueillies et à défendre !

La démocratie représentative

La participation à la vie démocratique est en crise en France, mais pas seulement. Cet éloignement constitue également un objectif pour les Centres sociaux du Valenciennois. « Une démocratie renouvelée est une démocratie où la parole de tous, celle des plus fragiles, doit être possible. Cela passe pas des lieux de dialogue, d’échange, de débat, de confrontation et de délibération », commente Lydie Houssoy.

Cette traduction sur le terrain passe par une nouvelle respiration, une démocratie représentative renouvelée. Fini le discours « nous sommes élus sur un programme », car force est de constater qu’aucun ne coche toutes les cases, ne prend en compte toutes les souffrances, l’élu(e) doit se tourner vers ses populations. Le citoyen ne doit plus mécaniquement se ranger dans une case comme un agneau, il peut porter une voix pacifique et démocratique, être entendue. Le maire au service de ses administrés, mais pas des administrés soumis à un programme politique, voilà un concept plein d’avenir !

Des rendez-vous sur le territoire

Afin de conjuguer les paroles à l’action, ce collectif lance une campagne d’affichage un peu décalée sur les habituels commentaires sur les centres sociaux. « C’est pour les vieux, les casos… », lance une responsable. « Non, nous accueillons tous les publics avec une dynamique particulière vers les invisibles, un public de 16-30 ans totalement hors circuit de toutes les structures, voire les personnes âgées très isolées ! », explique Lydie Houssoy.

Enfin, Malika Saadaoui, présidente du Comité des usagers du Centre social et culturel de la Briquette à Marly décline une programmation de rencontres avec les adhérents et le grand public sur un grand nombre d’items : la laïcité, les discriminations, l’aide alimentaire, le droit de pouvoir agir, les droits sociaux, la participation aux projets publics etc.

Enfin pour conclure, l’actualité se croise parfois de manière étonnante. Ce ne fut pas dit, ni suggéré, mais cette conférence de presse avait lieu aussi un jour particulier, celui du 75ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, là où le déni de la nature humaine fut porté aux confins de l’horreur. C’est pourquoi ces valeurs d’écoute de l’autre, de l’individu socialement en souffrance quel que soit son origine, n’est pas une partie d’un programme, une ligne d’humanité à crédit limité. Non, ces valeurs sociales ne doivent pas être la grande absente de cette campagne politique sur le Valenciennois. Aujourd’hui, 23 janvier 2020, ces 4 voix relayant près de 15 000 adhérents ont clamé haut et fort le droit d’exister !

Daniel Carlier

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