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Valenciennes, ville en transition écologique ?

La liste « Verte et Solidaire » a eu l’honneur de recevoir Jean-François Caron, le maire de Loos en Gohelle, mais bien plus dans le Bassin minier où il a porté au plus haut les couleurs d’une région, jusqu’à l’Unesco. Hier, il était à Valenciennes pour parler de l’écologie locale. Jean-François Caron est une référence nationale puisqu’il est sollicité France entière pour livrer ses expériences, ses idées percutantes, car « une innovation est une désobéissance réussie », se plaît-il à dire.

Jean-François Caron : « La participation, sans responsabilisation, piège à cons ! »

Devant une salle pleine à l’espace Pierre Richard, comme quoi l’écologie locale intéresse également, Quentin Omont a présenté cette soirée pas comme les autres.

Quentin Omont

En propos liminaire, la tête de liste « Valenciennes Verte et solidaire » rappelle un passé écologique glorieux à Valenciennes, mais très lointain aujourd’hui. « C’était la ville de Jean-Louis Borloo, les politiques se reposaient là dessus. Il avait pourtant montré le chemin. Aujourd’hui, le constat est simple, il n’y a pas de vision pour la transition écologique pour cette ville de 43 000 habitants, nous sommes très en retard sur le sujet. Il faut redonner un cap à une politique écologique », explique Quentin Omont. Bref, je résume concrètement ce discours introductif, Valenciennes, ville en régression écologique…. !

Ensuite, le maire de Loos-en-Gohelle, une ville écologique avec ses deux terrils, les plus hauts d’Europe, devenue très très tendance depuis quelques années après avoir touché le fond. Son maire depuis 2001 nous livre sa recette.

« L’écologie, c’est abord réaliser des économies », Jean-François Caron

Après un rappel sur le Bassin minier, le maire de Loos en Gohelle explique où Notre société se trouve à l’instant « T ». « Pour le moment, l’ancien modèle est mort via notre archétype de développement non durable avec de l’énergie fossile pas cher. Pourtant, selon une étude de l’ADEME, 80% des personnes sondées sont convaincues de la fin de ce système. Le problème est que le nouveau modèle n’est pas encore apparu d’où des résistances très fortes », Jean-François Caron

Avant l’entame d’une kyrielle d’initiatives locales, assez bluffantes, il donne le postulat qui détermine toute sa philosophie de l’écologie sociale. « L’écologie, c’est abord réaliser des économies sur l’eau, sur la consommation énergétique, sur le mieux-vivre ensemble, la solidarité etc. Par contre, quand on parle d’énergie renouvelable, c’est de la croissance écologique, mais il impérativement commencer par des économies », Jean-François Caron

« Toutes ces mesures sans jamais augmenter les impôts (depuis 2001) », Jean-François Caron

Ensuite, deuxième postulat afin de tordre le coût à l’écologie réservée aux Bobos. « Toutes mes mesures depuis 19 ans furent mise en oeuvre sans jamais augmenter les impôts (depuis 2001). C’est fondamental, la transition écologique ne doit pas être anti-populaire », souligne Jean-François Caron.

Jean-François Caron

Comme 1er exemple concret, il expose une problématique de quartier très banale, mais révélatrice de la méthode Caron. « Dans un quartier de la ville, quand je suis arrivé en 2001, il n’y avait aucune jardinière dans le domaine public contrairement au centre-ville. Donc, quand j’arrive dans une réunion de quartiers, on me demande d’en mettre. Je réponds, c’est trop cher, cela coûte tel prix, il propose de les faire eux-mêmes, mais c’était trop dangereux. Un deal fut trouvé, nous avons acheté les jardinières pour ce quartier dans l’espace public, mais depuis cette date, le habitants arrosent, entretiennent, etc. ! Pas une heure de service public n’est consacrée à ces jardinières. Vous verriez comment les habitants sont fiers ! », commente-t-il.

Bien sûr, les deux gros points d’une économie de masse sont le chauffage et l’eau. « Dès mon arrivée, j’ai équipé tous les bâtiments publics de cuves très importantes de récupération de pluie. Cela fait donc 15 ans que les bâtiments publics ne consomment plus d’eau à Loos en Gohelle », explique-t-il.

Ensuite, le parc de logements et des bâtiments publics est en cours de transformation. « Tous les bâtiments ont été traités sur le volet de l’efficacité thermique. L’énergie solaire constitue la base de nos aménagements », explique-t-il.

« La 1ère ville solaire en France », Jean-François Caron

En effet, le maire a lancé un Fonds solaire afin de produire de l’électricité avec de l’énergie solaire puisée par des panneaux photovoltaïques posés sur les bâtiments communaux, ces panneaux photovoltaïques sont installés partout même sur l’église… ! Ensuite, cerise sur la gâteau, les citoyens peuvent abonder financièrement à ce fonds écologique. « J’espère que Loos-en-Gohelle deviendra la 1ère ville solaire de France prochainement, et nous n’habitons pas Perpignan. D’ailleurs, depuis 2 ans, chaque nouveau né détient un panneau solaire ! », ajoute-t-il.

Le résultat est détonnant également sur le parc privé. « Par contre, c’est extrêmement long de modifier un parc privé. Pour ceux dont le logement a été rénové. Les occupants payent 150 € à l’année voire zéro en matière de facture énergétique. Nous avons même trop d’argent sur ce fonds solaire », poursuit-Il. Et mécaniquement, les autres logements non rénovés payent « jusque 2 000 à 3 000 € de facture énergétique. Oui, l’écologie, c’est d’abord des économies pour les habitants ! », insiste le maire.

« Le désir nous met en énergie », Jean-François Caron

Ensuite, il explique sa vision du débat démocratique qu’il a baptisé de façon originale les « Fifty-fifty ». Tout d’abord, il casse un peu l’ambiance : « Je déteste le terme démocratie participative. Pour moi, la participation, sans responsabilisation, piège à cons ! Après, vous n’avez que des -moi je- et pour le reste vous vous débrouillez, mais c’est un dû. Stop à l’Homo Consommateur », assène Jean-François Caron.

Par contre, il est indispensable de co-construire avec la population. « Votre projet doit découler de l’intelligence collective. L’expertise d’usage est très importante, il faut écouter les citoyens. Ceci est valable sur tous les dossiers, sécurité routière, aménagement des voiries, voire tous les projets. Cette méthode a un tel succès chez nous que les associations viennent me proposer des initiatives qu’ils ont concerté entre associations sans aucune intervention de ma part à laquelle je participe financièrement, mais c’est fifty-fifty. Nous venons de lancer notre 50ème fifty-fifty… ! », poursuit-il.

Enfin, outre les choix pléthoriques comme véhicules à assistance électriques, le zéro phyo depuis 2001 etc., plantation d’arbres fruitiers, il base son choix programmatique sur une émulation collective. « C’est important de monter un chemin. Le désir nous met en énergie. Tout le monde n’est pas comme moi, avec mes idées, mais tous s’accordent à dire, il est cohérent ! Je suis en prise avec la population », souligne-t-il !

« 4 fois moins de dégradations que les autres communes », Jean-François Caron

Bien sûr, le maire balaye toute idée d’une commune idyllique : « Nous avons les problèmes sociaux-économiques identiques à tout le Bassin minier, la même violence notamment infrafamiliale etc. Par contre, de sources policières, nous avons 4 fois moins de dégradations des bâtiments publics, espaces verts, que dans les autres communes, jamais de Tags etc. »

« Incarner une politique », Jean-François Caron

Ensuite, il assène sa vérité qui ne plaît pas dans un parti comme les Verts. « Il faut un leadership, cela peut bien sûr être un groupe de personnes, mais nous avons besoin d’un Gandi de l’écologie. Le choc du départ de Nicolas Hulot du gouvernement a été salutaire. Si un homme populaire, convaincu comme lui n’y arrive pas, on est mal ! Et je pense qu’il y a eu une prise de conscience depuis cette date », ajoute-t-il.

En pensant à la ville du XXième siècle, il ajoute un voeu républicain « remettons un peu de rêve en politique ». Oui, Jean-François Caron met un peu de paillettes…écologiques dans la vie de ses administrés ! De facto, sur le plan local, après une élection en 2001, il fait 82,1% des voix au 1er tour en 2008, une liste unique en 2014 et en 2020, c’est symptomatique d’une adhésion locale et des résultats tangibles !

Il conclut simplement en passant le témoin à Quentin Omont : « Une autre ville en transition est possible à Valenciennes ». C’est évident, car Valenciennes ne raisonne actuellement que sur des standards du XXème siècle, on est vraiment mal en point ! Le programme de la liste « Verte et Solidaire » sera présenté le jeudi 20 janvier 2020.

Daniel Carlier

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