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« Affaire conclue » pour le patrimoine de Valenciennes

Valenciennes n’est certes pas une ville touristique identifiée dans les grands « Tours opérateurs », mais chacun sait que cette commune regorge de bâtiments d’une grande qualité architecturale et historique (visuel Maison du Prévôt mise en lumière).

Fini la cité d’antan où le premier magistrat connaît à fond le moindre pavé, pas une habitation dont il ne puisse donner le propriétaire, pas une maison sans qui’l ne sache qui l’habite, pas un passant dont il ne soit salué avec une familiarité sympathique ! Non, c’était il y a un demi-siècle. Aujourd’hui, on évacue, on gère avec les moyens du bord les deniers publics, on raye d’un trait une histoire locale sans autre ressentiment qu’une ligne débitrice qui disparaît sur un tableau excel d’une comptabilité publique !

« Et la vente du patrimoine public va se poursuivre », Laurent Degallaix

Car rappelons le, la commune de Valenciennes est parcheminée de pépites patrimoniales plus ou moins visibles, voire invisibles même sous nos yeux. Tout le monde connaît (au moins de l’extérieur) le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, la Bibliothèque avec l’emblématique Salle des Jésuites, aujourd’hui Médiathèque Simone Veil, le Conservatoire de Valenciennes rénovée et inaugurée fin 2013, voire le Mont de Piété vendu au privé par la mairie de Valenciennes. Par contre, le maire de Valenciennes a clairement indiqué durant sa campagne électorale la poursuite « de la vente du patrimoine (pour certains bâtiments) de la ville de Valenciennes ».

Alors, faisons un focus sur un bâtiment historique public cochant toutes les cases d’une vente prochaine par la nouvelle majorité. Bien sûr, tout cela n’est que pure spéculation, mais l’histoire récente nous a démonté que l’impossible était devenu possible en la matière.

« La Maison du Prévôt »

Dessin de Simon Leboucq, visuel DR de la ville de Valenciennes

A deux pas de la Sous-Préfecture, la « Maison du Prévôt » est située au 13 rue Notre-Dame à Valenciennes. C’est l’une des anciennes constructions de la commune. Elle doit son nom à un emplacement historique face… à la Prévôté. Dessinée par Simon Le Boucq (1591-1657), historien et ancien Prévôt, cet édifice a un intérêt historique de premier plan, et fut reconstruite d’après ce dessin à la fin du XXème en deux temps. Elle est la propriété de la ville depuis 1940.

Historiquement, elle faisait partie de la Prévôté de Notre-Dame La Grande. Cette église est le plus important édifice religieux qu’a connu Valenciennes. Avant la Révolution, elle était consacrée à la dévotion de Notre-Dame La Grande, et confiée aux moines bénédictins de l’abbaye d’Hasnon qui en géraient les biens. Elle était si exceptionnelle qu’on la surnommait « la principale splendeur du Comté ». Elle fut vendue et démantelée à la Révolution. Nombre de maisons construites après la Révolution contiennent ses pierres.

Il est probable qu’elle appartienne à l’origine aux bâtiments du monastère des Soeurs pénitentes de Saint-François, monastère fondé en 1463 et dont la construction s’achève en 1471. Le pignon latéral à redents, les ancres de fer insérées dans les maçonneries et les signes en brique vernissée de la façade caractérisent l’architecture régionale de l’époque.

Sa dernière restauration entreprise fut sous la gouvernance locale d’Olivier Marlière, puis de Jean-Louis Borloo, de 1988 à 1991. Ce chantier patrimonial a permis le reconstruction du sommet de la tourelle d’escalier, avec sa toiture à plusieurs pans. Néanmoins, ce bâti est à la différence du « Mont de Piété » assez étroit avec peu d’espace intérieur. Son aménagement sera complexe quel que soit le projet.

Des questions sans réponses… !

Aujourd’hui, comme le « Mont de Piété », son avenir dans le champ public est assez flou. Ou la commune décide de mettre des moyens publics sur un projet d’aménagement, de lancer une collecte auprès de la Fondation du Patrimoine, voire d’inscrire une enveloppe budgétaire année après année pour sa réhabilitation future ou comme pour le « Mont de Piété » et « l’Hippodrome », la vente dans le champ privé sera retenue par la majorité en place encore jusqu’au 15 mai environ. Pour autant, pour être très objectif, ces deux ventes ont eu des trajectoires différentes.

Autrefois, l’Hippodrome était un marché couvert bouillonnant, le rendez-vous du dimanche pour les Valenciennois. Néanmoins, Dominique Riquet, amoureux du patrimoine, avait choisi d’assurer le clos et le couvert de ce bâtiment rare. Il avait également monter un projet public ambitieux pour sa réhabilitation, mais le nerf de la guerre ne fut jamais au rendez-vous. Le retour de l’Hippodrome dans le champ privé n’est donc pas une insulte à son histoire.

Par contre, la vente et l’histoire du « Mont de Piété », proche de la Place Verte, était d’une tout autre nature. En terme de dimension historique, on peut le positionner juste après le Musée des Beaux-Arts. Là également, le clos et le couvert furent assurés par la ville de Valenciennes avec un consensus politique depuis les années 90 sur sa destination comme future extension du Musée de Valenciennes.

Pour autant, Valenciennes, ville endettée, n’avait plus les moyens de poursuivre l’entretien sans objectif de ce bâti public d’où la vente au privée. Ce furent les arguments avancés par le maire à l’époque. Cette vente fut un véritable tollé au sein des associations patrimoniales, pourtant soutien de la majorité municipale, et bien au delà dans l’opinion publique.

Comme tout passe (si vite), Laurent Degallaix a clairement indiqué que la vente du patrimoine de Valenciennes serait poursuivie durant le prochain mandat 2020/2026. Assurément, aujourd’hui, la pandémie et ses conséquences locales tout comme la tempête économique qui va suivre sont et seront les priorités de cette année 2020, mais un jour peut-être ce choix politique sera de nouveau au centre de la table de notre histoire locale.

Daniel Carlier

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