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L’E2C, 10 ans au service d’une jeunesse décrochée

Au sein de son site historique d’Anzin, l’Ecole de la deuxième chance a fêté son 10ème anniversaire en compagnie de ses jeunes d’hier et d’aujourd’hui, mais également avec ses administrateurs, un moment d’émotion pour un binôme formateur-apprenant engagé.

Cathy Ducrocq : « Le renouvellement de nos financeurs constitue déjà une marque de reconnaissance »

En dix ans, l’E2C a vu passer des centaines de jeunes en difficultés depuis sa création en décembre 2010, avec deux sites Anzin et Maubeuge… déjà « une exception dans le réseau E2C », souligne Cathy Ducrocq, la Directrice générale de l’E2C Grand Hainaut.

Cette idée de main tendue à une jeunesse écorchée par des problèmes, certes scolaires, mais également périphériques, familiaux, voire plus personnels, trouve son origine grâce à Georges Cachera, ancien proviseur emblématique du lycée Wallon. « Un jour, Georges m’a téléphoné pour me proposer de prendre la présidence de l’E2C. Il m’a toujours soutenu et fait confiance. Pour réussir, l’E2C a respecté trois grands principes, la conformité avec notre label E2C (un réseau national), l’adaptabilité à un territoire urbain comme ici tout comme à celui de la Thiérache plus rural. Enfin, notre créativité est un peu notre marque de fabrique », explique la vice-présidente actuelle de l’E2C, Anne Szymczak.

Anne Szymczak et Eddie Koepler

De fait, le chiffre est éloquent, 1 900 jeunes décrocheurs sont passés par les fourches caudines de l’E2C et ses 4 sites, Anzin-Maubeuge en décembre 2010, avril 2017 à Fourmies, et décembre 2019 à Thiérache Vervins (Aisne). « Je remercie vivement ces jeunes vieux pour leur présence. Leurs témoignages nous rassurent. 1 900 jeunes sortis des radars scolaires ont retrouvé espoir et confiance », explique le Président Eddie Koepler.

Il est intéressant de peser la capacité à relancer des jeunes dans une autre tranche de vie. En effet, jusqu’en « 2019, nous avions 61% de sortie positive dont une majorité en formation diplômante. Plus globalement, le renouvellement de nos financeurs, les agglos sur chaque territoire, constitue déjà une marque de reconnaissance  », précise Cathy Ducrocq.

« Une grande liberté d’action au sein de l’E2C », Cathy Ducrocq

En dix ans, la structure a évolué afin d’assurer sa croissance pédagogique. L’E2C du Grand Hainaut est passé de 7 CDI à 33 CDI et les projets ne sont pas altérés par cette pandémie, peut-être en fin de course. « D’ailleurs, nous n’avons jamais cessé nos formations même au printemps 2020. Nous sommes passés au distanciel, mais dès le mois de mai, les jeunes ne pensaient qu’à une chose, revenir ici », ajoute Cathy Ducrocq.

De surcroît, cette période inédite a permis de travailler sur cette pédagogie à distance, parfois utile « pour des personnes avec une problématique de mobilité. Nous pouvons de fait distiller un cours avec des jeunes en présentiel et d’autres en distanciel, voire des formations en lien avec nos 4 sites grâce au digital. En fait, nous avons une grande liberté d’action au sein de l’E2C, nous sommes très agiles dans notre mode de fonctionnement même si nous avons un label dont nous devons respecter les objectifs », commente la Directrice de l’E2C Grand Hainaut.

Ensuite, il faut toujours avancer pour anticiper « nous voulons récupérer le 1er étage de notre site sur Anzin pour s’agrandir. En effet, Pôle Emploi va partir sur un tout nouveau local sur le quartier de la Bleuse Borne. Ensuite, nous espérons un nouvel emplacement sur la Thiérache, l’ancien tribunal pouvant se transformer en un tiers-lieux (lieu social partagé très tendance) », poursuit la Directrice de l’E2C.

Le plus éclairant sur cette formation de neuf mois, moitié en entreprise, moitié en cycle pédagogique où les matières régaliennes sont au menu, est le regard des apprenants de la première heure.

« Les formateurs de l’E2C furent les premiers à croire en moi », Niyazi

Niyazi est arrivé à 19 ans au sein de l’E2C d’Anzin. Sorti du parcours scolaire dit classique, comme si la réussite répondait à une case dans un fichier exell, il est arrivé au sein de l’E2C en décembre 2010. « Avant, pour être franc, je ne faisais rien de ma vie. C’est mon père qui m’a parlé de cette possibilité. C’était la toute première session de l’E2C et les formateurs furent les premiers à croire en moi, ils m’ont accompagné avec beaucoup de bienveillance », explique Niyazi.

Niyazi à gauche

Comme sortie positive, il s’est dirigé vers un CAP vente. En poche, il a travaillé chez Micromania, puis est passé par la case « armée » de 2014 à 2017. « Cela m’a complètement changé. J’ai énormément bougé durant ces 3 années. Le commercial n’était plus possible. C’est pourquoi, en 2018, j’ai passé un BP JEPS afin d’être éducateur sportif. J’interviens dans les salles de sports, voire les particuliers, comme coach sportif. C’est un métier-passion », ajoute Niyazi.

Mais sa route n’est pas finie, je prends des « cours pour passer le concours de la Police Nationale ».

« Celui qui a envie, il peut le faire », Mathieu

Pour sa part, Mathieu est arrivé également au tout début de l’E2C. Le cycle fut compliqué. « J’ai fait une partie en 2010, puis une coupure, car j’avais fait des bêtises, mais l’E2C m’a donné encore une chance, comme une 3ème chance en 2011 », entame Mathieu.

L’école, les études, voilà un cursus qui ne figurait pas dans le logiciel de Mathieu. « Je voulais trouver un travail des suite, mais j’ai compris qu’en l’absence d’une formation, je ne pourrai pas trouver un emploi. Je me suis donc engagé vers un BAC Pro au sein de l’entreprise  MG-ValDunes à Trih-st-Léger », explique-t-il.

Precilla et Isabelle Freville

Aujourd’hui, Mathieu est un mécanicien-tourneur au sein de cette entreprise reconnue sur le Valenciennois. De plus, compte tenu de la pénurie dans les métiers en tension, l’avenir professionnel est assuré pour les courageux. « Celui qui a envie, il peut le faire. Je veux continuer de m’investir dans mon métier. Je ne lâcherai pas », commente Mathieu.

Concernant le soutien de l’Ecole de la 2ème chance, il confirme « qu’ils ne font pas les choses à moitié. Isabelle (Freville-Directrice site d’Anzin) m’a conduit à mon entretien dans l’entreprise, elle m’a même attendu à la sortie », ajoute Mathieu.

« J’achève ma formation d’aide-soignante », Precilla

Encore une ancienne de la première heure en 2010, Precilla est sortie de l’E2C « avec un CEI en poche, puis un contrat d’avenir. Ensuite, j’ai eu un problème dans l’entreprise suite à une visite de l’ARS. Je fus licenciée, mais je suis en train de passer mon diplôme d’aide-soignante. Ça va repartir ! », dit-elle avec une joie communicative.

Le mot de la fin pour Georges Cachera « l’enthousiasme est ce que l’on ajoute à l’intelligence pour réussir »… tout est dit !

Daniel Carlier

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