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La Covid s’invite dans l’emploi du temps des professeurs

Depuis le lundi 03 janvier 2022, un protocole, relatif à l’isolement des élèves suite à un cas de Covid, est en vigueur dans les établissements scolaires français avec en lien direct un concert de tests. Tout cela rend très compliqué la gestion du quotidien par les équipes pédagogiques. Voici un éclairage en immersion à travers le témoignage d’un professeur au sein d’un établissement du secondaire à Valenciennes, c’est du vécu…, et cela explique les modifications de ce protocole par le Ministère de l’Education nationale dès ce vendredi 07 janvier !

Le quotidien des professeurs en janvier 2022

« Le cours est commencé depuis quelques minutes dans ce collège Valenciennois, un surveillant arrive, me murmure qu’un élève est déclaré positif, mais qu’ayant été en contact avec la classe, les autres élèves doivent rentrer chez eux. La C.P.E appelle les parents, certains élèves rentrent seuls, certains attendant dehors. Ils pourront revenir demain, si leur test est négatif. Mais il faut quand même refaire un test, 2 jours plus tard, puis 4 jours. Sans compter les attestations sur l’honneur à fournir (modification du protocole assoupli ce vendredi 07 janvier 2022).

Il est 8h30, et depuis la rentrée de lundi, c’est arrivé tous les jours, et même plusieurs fois par jour. Les enseignants, par contre, peuvent rester. Les classes vont encore défiler cette semaine, et encore repartir, déjà 11 classes depuis la rentrée de lundi, et nous ne sommes que jeudi.

Certaines classes seront très clairsemées, alors il faudra faire cours également en distanciel, mettre les cours sur l’espace numérique de travail ou autres supports que les enseignants ont appris à utiliser, parfois faire des vidéos explicatives et surtout, répondre aux mails des parents inquiets.

En deux ans, même les professeurs les plus récalcitrants aux pratiques numériques ont apprivoisé les différents outils mis à disposition et étaient prêts pour une école à distance. Mais aujourd’hui, c’est l’enseignement hybride qui prédomine : faire cours en présentiel, mais également faire travailler les élèves qui sont forcés de rester à la maison.

A la récréation, la moitié des enseignants sont dehors, leur tasse de café entre les mains, discutent et continuent malgré tout de rire, indispensable pour tenir. Les professeurs d’EPS, au contraire, sont à l’intérieur, moment précieux entre deux heures de cours en extérieur. Ce sont eux les plus pénalisés par cette crise. Ils ne comptent plus les fois où le protocole a changé. Ils s’adaptent au jour le jour. Finalement, le mot clefs depuis deux ans, c’est de s’adapter, accepter l’inattendu, être prêt à rebondir.

Mais ces contraintes ont également été la source d’attentions bienveillantes et de lien entre les membres de l’équipe éducative. De jeunes enseignants ont conçu des tutoriels, des supports ont été créés pour faciliter l’échange de documents, personne n’a été laissé seul.

Le travail du personnel de la vie scolaire est également chamboulé, ils doivent appeler les parents, surveiller les élèves cas-contact qui attendent dehors, tout en continuant à accompagner les élèves en étude, faire l’appel, surveiller la récréation. Aujourd’hui, heureusement il fait beau, car à 13h30, deux classes attendent devant le portail l’autorisation parentale pour repartir et se faire tester.

La direction nous demande d’être rigoureux dans notre cahier de texte, car les parents sont inquiets. C’est un casse-tête pour les enseignants, mais surtout pour les parents qui ne savent pas si leur enfant restera au collège toute la journée.

Il y a deux ans, si les préoccupations étaient de terminer le programme, de valider des compétences, de faire progresser les élèves dans les apprentissages, ici, il est aussi, et beaucoup question de rassurer, de gérer l’anxiété de beaucoup de collégiens.

Si les enseignants se sont soudés pour continuer à avancer malgré les difficultés, les élèves ont également montré une capacité d’adaptation exceptionnelle. Ils sont conscients de la chance de venir en classe, participent, même si parfois, les règles deviennent trop pesantes.

Depuis quelques jours, le non-respect du port du masque devient passible d’une sanction dans le carnet au même titre que d’oublier d’éteindre son téléphone.

Le spray de gel hydro alcoolique à chaque heure fait perdre du temps, et abîme également leurs mains fragiles.  En classe, les enseignants sont face à des moitiés de visages dont il faut deviner les expressions. Le bavardage est plus présent, car il est difficile de voir les lèvres bouger ! Mais surtout, ce qui est difficile, c’est d’avoir l’impression de ne les connaître qu’à moitié, les timides se cachant encore plus derrière leur morceau de tissu.

Pourtant, quand on prend un moment pour tous les observer, penchés sur leurs cahiers ou écoutant attentivement nos explications ; on oublie le masque, le froid de la classe trop souvent aérée, on est là, juste là, presque comme avant. On s’habitue à tout ! Je dirais que c’est un travail de collaboration avec les élèves. On ne sauve pas des vies, mais on est à côté d’eux pour affronter cette période difficile. Le métier de l’enseignant s’apprend avec l’expérience, ces deux années sont comme un accélérateur. Evidemment, il faut tenir sur la durée, et le découragement existe aussi, mais ce nouveau protocole nous a appris aussi à profiter de ce qui est là malgré tout, les relations humaines. »

Propos recueillis par la rédaction de Va-infos.fr

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