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(Affaire Jordan) Dépôt de plainte contre la ville de Valenciennes

Après ce second tour épidermique de la Présidentielle, on s’interroge encore sur les événements graves intervenus au 1er tour au sein du Bureau de vote de l’école Mathieu de Quinvigny à Valenciennes. Une enveloppe perdue avec 100 bulletins, puis retrouvée, un militant de La France Insoumise menotté puis interrogé au commissariat… à tort incontestablement. Interrogeons nous sur le cheminement de cette erreur manifeste avec le témoignage de Jordan, de La France Insoumise, du Parti Socialiste, et du Parti Communiste, tous unanimes face à cette indécence démocratique. Jordan a déposé le 13 avril dernier un dépôt de plainte à titre PERSONNEL pour « accusation diffamatoire » auprès du Greffe du TGI de Valenciennes. Cette affaire est incontestablement un problème pour le maire de Valenciennes Laurent Degallaix, ô combien ministrable comme chacun sait, sujet que nous développons en fin d’article.

Jordan : « Que se serait-il passé si l’enveloppe avec les 100 bulletins n’avait pas été retrouvée ? »

Jordan, 27 ans, militant de La France Insoumise depuis une année, travaillant sur Valenciennes dans la restauration rapide, était déjà dans l’engagement au sein d’une association pour la justice sociale, les inégalités… sur Prouvy. Naturellement, l’élan démocratique amène beaucoup de militants dans les différents partis politiques à s’investir dans le lieu clé d’une démocratie, le bureau de vote. En l’occurrence, Jordan est lié électoralement au Bureau n°4 de l’école Mathieu de Quinvigny à Valenciennes.

Jordan avait donc envoyé une demande pour devenir un assesseur, mais « on m’a répondu que ce courrier n’était pas arrivé », précise Jordan. De facto, un seul membre de l’opposition, celui du Rassemblement National, a été validé dans ses fonctions de délégué dans un autre bureau de vote pour ce 1er tour du 10 avril 2022.

Pas de problème, Jordan décide de revenir pour assister au dépouillement des bulletins de vote avec alacrité compte tenu que son champion, Jean-Luc Mélenchon, était au coude à coude pour le second tour. On lui propose de dépouiller, mais « je refuse, car c’était la 1ère fois que j’assistais à un dépouillement, je souhaitais être observateur ».

Après 45 minutes d’observation, vers 19H45, Jordan décide de rejoindre les autres militants de LFI au sein du hall de l’hôtel de ville où sont projetés les résultats à 20H.

Et puis, tout bascule, car une enveloppe avec 100 bulletins manque au sein du Bureau de vote n°’4. Jordan est interpellé par une quinzaine de policiers dans le hall de l’Hôtel de Ville, son sac est fouillé, on lui montre sa photo au sein du Bureau de vote, on lui passe les menottes, et on l’emmène au Poste de Police pour un interrogatoire durant 30 minutes « pas sous le régime de la garde à vue », précise-t-il. L’enveloppe est retrouvée au bout de 45 minutes dans une cagette au sein du Bureau n°4, pas d’autres explications à ce stade. Aucune autre information sur le pourquoi du comment n’a filtré dans la presse locale que ce soit chez La Voix du Nord et l’Observateur du Valenciennois, ces deux derniers médias de presse faisant écho très largement de cette triste affaire la semaine dernière, fermez le banc, mais un peu court !

« La machine judiciaire était lancée », Jordan

Cet entretien intervient 3 jours après, mais  le jeune homme est toujours autant écorché vif. « Je suis indigné et révolté, j’étais le coupable idéal, car j’étais un militant de l’opposition. Nous étions 23 personnes dans ce Bureau, et la seule explication immédiate pour les responsables du Bureau fut de me désigner comme le voleur de l’enveloppe. Ont-ils essayé de chercher véritablement ? Par quel cheminement suis-je devenu la personne responsable de cette perte d’enveloppe ? », assène-t-il.

Il enchaîne peut-être sur l’improbable devenu possible à Valenciennes, il souligne encore avec effroi : « Que se serait-il passé si l’enveloppe avec les 100 bulletins n’avait pas été retrouvée ? La machine judiciaire était lancée contre moi ? ».

Derrière tout cela, revenu dans le Hall de l’Hôtel de Ville, le Président du Bureau Arnaud L’Herminé s’excuse pour cette incroyable boulette «  du bout des lèvres », précise Jordan.

Avec force et détermination, Jordan veut obtenir en justice des réponses claires. Quel raisonnement a conduit les responsables du Bureau de vote a le désigner comme le voleur de cette enveloppe ? Une photo prise de Jordan dans le Bureau de vote, est-ce légal ? Quel est le pouvoir du Président du Bureau de vote en l’espèce ? Qui a donné l’ordre aux autorités locales pour l’interpeller, Arnaud L’Herminé, Laurent Degallaix comme premier magistrat de la commune ?

C’est pourquoi Jordan a initié un dépôt de plainte auprès du Procureur de la République de Valenciennes au Greffe du Tribunal de Grande Instance de Valenciennes le mercredi 13 avril dernier, pour « accusation diffamatoire » contre la ville de Valenciennes, le Président du Bureau de vote n° 4 au 1er tour, voire autres personnes associées à ces décisions. « J’espère que cette plainte sera prise en compte, mais j’irais au bout au TGI de Valenciennes ou dans d’autres instances judiciaires ». Après le dépôt, l’intéressé relatait cet acte important « le greffier m’a bien indiqué qu’il allait lui (au Procureur de la République) déposer la plainte ».

« Aucun incident ne figure au procès verbal du Bureau de vote », Luce Troadec

Luce Troadec, nouvelle figure locale de la France insoumise depuis l’émergence politique de la liste Valenciennes Verte et Solidaire aux municipales 2020, est très choquée par cet inexplicable enchaînement au détriment d’un jeune militant de LFI.

Là également, les questions sont pléthoriques « comment une centaine de bulletins ont-ils pu disparaître d’un bureau de vote ? Pourquoi, et par qui, Jordan a-t-il été pris en photo ? Pourquoi a-t-il semblé logique d’accuser le seul membre de l’opposition à la majorité municipale plutôt que de chercher sérieusement dans le Bureau ?»

Evidemment, un dysfonctionnement dans un Bureau de vote sur les 82 communes du Valenciennois est un grand classique. Oui, c’est possible, et c’est humain, bulletin blanc, bulletin nul, etc., cela survient à chaque élection. Nettement moins courant est la perte d’une enveloppe avec 100 bulletins, mais soyons logique, rien n’est impossible. Mais là ou le bât blesse est le lien entre une énorme boulette dans le déroulé d’un Bureau de vote et d’un voleur présumé, tel le coupable idéal. Il est évident que le justice va devoir demander des explications et surtout éclairer ce sentiment d’un délit de faciès parce que vous figurez dans un parti opposant à la majorité municipale !

Assez savoureux, « aucun incident ne figure au procès verbal du Bureau de vote compte tenu que le dépouillement était terminé », mentionne Luce Troadec. C’est certain, un passage de menottes, 30 minutes d’interrogatoire serré, une fouille de sac, et une photo prise au sein d’un Bureau de vote, RAS… !

« C’est extrêmement violent », Christine Laurent

Présent pour ces résultats au soir du 1er tour de l’élection présidentielle, Christine Laurent et José Pressoir, de la section du Parti Socialiste à Valenciennes, n’en reviennent toujours pas. « C’est un témoignage de citoyen. Comme est-ce possible ? Quinze personnes des forces de l’ordre, des voitures de Police mobilisées, passer les menottes, c’est extrêmement violent ! Comment la bascule vers cet emballement est devenu une réalité ? Pour nous, il y a un usage excessif des forces de l’ordre. C’est scandaleux, nous ne sommes pas dans ce genre de démocratie, c’est hors de la démocratie ! ».

Ensuite, elle appuie sur un autre comportement tout aussi « choquant. J’ai dû répéter deux fois au Président du Bureau de vote de présenter ses excuses à Jordan, comme je pourrais le faire à mes élèves », tance Christine Laurent.

Dysfonctionnement dans un Bureau de vote, intervention inappropriée des autorités de Police sur Ordre supérieur, excuses très légères, le parfum d’une belle affaire judiciaire… à suivre.

« C’est ahurissant ! », Bénédicte Dupont

Pour la Secrétaire de la section PCF, pas présente ladite soirée, elle n’est pas moins abasourdie par les faits rapportés. « C’est ahurissant ! J’apporte tout mon soutien à Jordan. Je suis juriste, et là nous sommes dans les principes fondamentaux du droit. Accusé sans preuves, c’est un délit de faciès. A l’heure où nous avons besoin de vivre ensemble, le message de la ville de Valenciennes est très inquiétant ! Nous sommes unis, on met de coté les querelles partisanes ! », commente Bénédicte Dupont.

Toutefois, malgré ces témoignages de plusieurs actrices politiques, le fait majeur est que cette plainte sur le fond s’appuie sur un sentiment d’injustice personnel, nous ne sommes pas dans un évènement politique, Jordan veut laver son honneur !

Pour prendre un peu de hauteur, ce claquage démocratique se marie très mal avec cette dernière élection présidentielle où le Président/Candidat a, certes, fustigé l’extrême droite, mais a également insisté sur le respect, la bienveillance même avec les avis contraires. Cette culpabilité automatique d’un militant de La France Insoumise (un poil dragué durant le second tour) constitue une réelle atteinte à la démocratie locale. Clairement, ce comportement inquiétant démontre que le message du Président de la République a été reçu 5 sur 5, mais avec une légère variante dans cette affaire Jordan, la démocratie… les menottes aux poignets à Valenciennes !

Laurent Degallaix, Ministre de la Rénovation Urbaine ?

Certes, Laurent Degallaix a raté une fois en mai 2017 et une autre fois au Printemps 2020 un fauteuil de Ministre qui lui tendait les bras. Mais cette fois, sur le plan politique, le soutien avant le 1er tour du Président sortant par Jean-Louis Borloo tout comme son ralliement au Parti Horizons, sont des atouts de poids dans la manche du maire de Valenciennes. Il serait sur la short list comme Ministre du Logement ou de la Rénovation urbaine. D’ailleurs, ce mardi 26 avril, plusieurs délibérations du Conseil municipal de Valenciennes concerne ce sujet tout comme une première pierre dans un quartier emblématique de l’ANRU, celui de la Chasse Royale à Valenciennes.

Cette affaire dans ses frémissements amène une réflexion dans l’optique d’une fonction ministérielle où chaque comportement est analysé à la loupe, en l’espèce cette affaire est (déjà) un boulet politique pour Laurent Degallaix dans une période qu’Emmanuel Macron souhaite une France apaisée. Que Jean-Luc Mélenchon, en quête d’un fauteuil de premier ministre, débarque à Valenciennes pour une accolade à Jordan, avant le 1er tour des législatives, ne serait pas franchement une surprise… !

Daniel Carlier

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