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La fusion Prim’Toit/AJAR validée à l’unanimité des administrateurs

Parfois, des bouleversements majeurs dans notre corpus social passent complètement sous les radars médiatiques. En effet, l’association Prim’Toit, spécialisée dans l’hébergement, notamment d’urgence et l’intégration sociale, a validé un traité de fusion en absorbant l’association l’AJAR à travers une Assemblée générale Extraordinaire ce lundi 23 mai. Cela concerne environ, en terme d’emplois permanents cumulés dans les deux structures, 160 salariés soit l’équivalent de la Tuberie à Saint-Saulve (visuel Patrick Beaudoin et Jean-Luc Caudmont).

Jean-Luc Caudmont (Pdt Prim’Toit) : « Les associations conserveront leurs identités et leurs services »

L’organisation était singulière au sein des locaux du siège de l’association AGEVAL, Avenue Desandrouins à Valenciennes, car deux Conseils d’administrations (Prim’Toit + AJAR) siégeaient dans deux salles différentes sous la forme d’une Assemblée générale ordinaire afin de valider les comptes 2021. Ensuite, une AGE (Assemblée Générale Extraordinaire) des deux associations ont validé le traité de fusion de part et d’autre, l’association Prim’Toit absorbe l’association l’AJAR avec une reprise de l’actif et du passif au 31 décembre 2021 (https://www.ajar.fr/).

La projection d’un premier budget primitif (post fusion) donne l’ampleur de la démarche. Avec 5 millions d’euros de budget environ pour l’AJAR et 7 millions d’euros pour Prim’Toit, cette structure va changer de dimension. .

Ensuite, ces deux associations « sont très complémentaires. Certes, nous avons notre spécificité avec notre volet Justice, dont l’aide aux victimes, mais également des services dans l’accueil et la réinsertion comme Prim’Toit », commente Patrick Beaudoin, l’ancien Président de l’Association pour la Justice, l’Accueil, et la Réinsertion.

Effectivement, à titre d’exemple, l’activité de Prim’Toit sur les 4 arrondissements du Grand Hainaut va permettre à cette dernière de proposer des services d’aide aux victimes, ou autres services Justice, sur ces territoires. Sur le volet hébergement, déjà seul Prim’Toit… impose sa compétence « en 2021, nous avons assuré 214 000 hébergements, donc 214 000 personnes qui n’ont pas dormi dehors… », mentionne un responsable technique (https://primtoit.fr). De facto, les compétences et sites additionnés sur cette thématique de ces deux structures feront de l’association Prim’Toit un acteur très imposant dans le sud du département, voire le plus important !

« Nous sommes en capacité d’absorber ce déficit », Jean-Luc Caudmont

Dès octobre 2021, l’alerte rouge était activée au sein de l’AJAR au sein d’une structure où une enveloppe exceptionnelle tombait, parfois, pour boucler le budget en cours. Ainsi, on comprend mieux l’importance de l’AJAR sur le Valenciennois, notamment de son service reconnu, et précurseur en 2002, du SAVU (Service d’Aide aux Victimes d’Urgence). Pour autant, rien n’est éternel et « nous risquions tout simplement la liquidation. A ce moment là, c’est une vente à la découpe par le liquidateur », indique Patrick Beaudoin.

Voilà l’écueil que le Président de l’AJAR voulait absolument éviter afin de ne pas réduire des services de qualité aux citoyens, mais également la nécessité absolue de préserver les salariés de ladite structure.

Lorsque nous parlons d’un traité de fusion à ce niveau, le cadre juridique est très précis. « Dès lors que la fusion dépasse la somme d’1,5 millions d’euros, il y a une obligation de validation de cette opération par un Commissaire aux comptes de la fusion. En l’espèce, la différence entre l’actif absorbé (de l’AJAR) 2 077 000 euros et son passif  intégré (de l’AJAR) 2 600 000 euros débouche sur un déficit de 523 000 euros. Ce chiffre est basé sur les comptes validés au 31 décembre 2021, et j’ai suivi les opérations comptables depuis cette date sans modification significative », précise le commissaire aux comptes de la fusion.

Certes, ce traité de fusion fut voté à l’unanimité ce lundi 23 mai, mais d’autres AG ont eu lieu précédemment sur ce sujet central. « Bien sûr, les administrateurs ont beaucoup échangé sur cette fusion. Certains ne voulaient pas de cette fusion, mais des éléments concrets comme des provisions pour licenciements, sommes non récurrentes, ont rassuré le Conseil d’administration. Nous sommes en capacité d’absorber ce déficit », commente Jean-Luc Caudmont… tout en avouant que ce chiffre n’était pas loin du maximum possible, car « il n’était pas question de mettre en danger notre structure », poursuit-il.

« Nous avons amis en attente nos besoins de recrutement », Jean-Luc Caudmont

Evidemment, l’inquiétude était de mise dans les deux associations où les représentants du personnel « ont pu assister aux réunions de travail sur ce dossier. Une cellule d’écoute a été mise en place afin de répondre aux questions des salariés des deux structures », précise le Président de Prim’Toit.

Ensuite, afin de ne surtout pas augmenter trop la masse salariale, plusieurs paramètres ont conduit à cette fusion harmonisée. Déjà, aux soubresauts financier de l’association AJAR, plusieurs départs ont été enregistrés dans cette structure, et surtout « nous avons mis en attente nos besoins. En effet, nous devions recruter sur certains secteurs en RH, responsable de services, etc., mais nous avons fait le choix d’attendre l’arrivée de ces salariés compétents de l’AJAR, ils connaissent nos services », précise Jean-Luc Caudmont.

Enfin, on n’oublie pas la holding associative, ADELI, en chapeau des associations comme Prim’Toit, AGEVAL, ADACI, et Entr’Aide, etc., car elle aussi « récupère des compétences de l’association AJAR, en RH, en comptabilité, et autres services supports », ajoute le Président Jean-Luc Caudmont.

« Prim’Toit poursuit son développement », Jean-Luc Caudmont

La contrepartie dans une fusion est obligatoire sur un plan juridique. Elle se concrétise par l’arrivée, directement dans le Conseil d’administration de Prim’Toit, de trois administrateurs issus de l’ancien Conseil d’administration de l’AJAR. Il s’agit de Patrick Beaudoin, ex président de l’association, Alain Degand, ex secrétaire, et Pierre Legrand, ex administrateur de ladite association.

Cette fusion est évidemment adoubée par les services de l’Etat, du Conseil départemental du Nord, et de la Cour d’Appel de Douai (pour le service Justice), mais rien ne fut simple en la matière. Dans la suite logique de cette initiative positive « ce rapprochement a également rassuré les banques », souligne un administrateur de l’ex AJAR… et ce n’est pas un détail de l’histoire !

L’opération validée par les administrateurs de ces deux structures est indubitablement la meilleure possible. « Les périmètres des activités tout comme l’ensemble des salaires seront maintenus dans les structures », précise Patrick Beaudoin. Evidemment, une harmonisation des grilles de salaire, voire des conventions collectives, sera sur la table tôt ou tard dans la concertation, mais clairement la catastrophe sociale pour les salariés, et plus encore pour les services apportés aux citoyens les plus fragiles seront maintenus dans le Valenciennois. On mesure le poids au quotidien de ces acteurs lorsqu’ils disparaissent, et là il est trop tard. La liquidation dans ce type de structure n’est pas plus glorieuse que dans le secteur privé, les opportunistes viennent se servir sur les corps encore chauds, loin d’une soit disante bienveillance à l’égard de tous les personnels, voire des services aux citoyens pas assez rémunérateurs…. Il faut aussi dire les choses et surtout ne pas penser que l’argent des financeurs publics constitue un bouclier de vertus dans les choix de développement d’un organisme social !

Ce ne sera pas le cas sur le Valenciennois « et les associations conserveront leurs identités et leurs services. Ce développement correspond à mon engagement dans l’association dès 2018 », conclut Jean-Luc Caudmont comme pour mieux souligner que ce vote est une victoire sociale pour les personnes les plus vulnérables et collective pour les administrateurs à l’origine de cette fusion.

Daniel Carlier

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