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La cie l’Homme debout prend sa « Plume(s) » au Boulon

D’aucuns pourraient penser que l’imaginaire serait une denrée rare, perdu dans les mégaoctets, dévoré par une ère numérique en appétit devant notre temps de cerveau ; que nenni la cie l’Homme debout démontre à travers une création originale, avec un temps de résidence au Boulon, l’étendue d’une inspiration baptisée « La Cabane à Plume(s) ». Rencontre avec Benoit Mousserion, l’auteur du spectacle très en phase avec au premier coup d’oeil un ADN trempé dans les Arts de la Rue, cette performance artistique sera le fil rouge du 25ème anniversaire du festival des Turbulentes 2023.

Benoit Mousserion : « La Cabane à Plume(s) est le mélange d’un cadre artistique solide et d’une démarche participative avec la population »

Sur les fonts baptismaux depuis 12 ans, cette compagnie, originaire de Poitiers, s’est déjà fait remarquée sur Lille 3000 avec le « Rêve de Lili », voire « l’arrivée de Mo » dans son pays natal . Toutefois, le public cerne assez mal le temps masqué d’un artiste, car le temps de création demeure énorme ce qui donne à cette profession cette fameuse exception culturelle, parfois critiquée, et pourtant enviée de par le monde. En effet « l’écriture de la Cabane à Plume(s) a démarré durant le 1er confinement. C’est l’histoire d’une petite fille de dix ans découvrant sa cabane à oiseaux vide, car un mystérieux monstre est omniprésent, les oiseaux sont partis et elle va les chercher dans la ville », explique Benoit Mousserion.

Benoit Mousserion

Outre le volet Art de la Rue, ce récit imaginé en plein du Covid 1 où nos libertés individuelles furent très réduites pour raison sanitaire prend tout son sens, un message subliminal à l’évasion. Des oiseaux, jamais confinés par essence, êtres vivants partis en reconquête des échanges entre les citoyennes et les citoyens. L’Art de la Rue, partagé, reprend ses droits après deux ans de disette où le dialogue du corps et de l’esprit,  les yeux dans les yeux, était interdit.

Une histoire en 3 temps aux Turbulentes

Concrètement, cet imaginaire va se décliner en trois temps durant le festival Les Turbulentes. « C’est une histoire partagée durant 24 heures. Le samedi soir où la cabane à oiseaux est menacée, car un mystérieux monstre rode. Ainsi démarre une lutte contre la destruction du peuple oiseaux. Le dimanche matin, dans un lieu approprié, Plume(s) va à la rencontre de l’esprit oiseaux, Nahual, et dimanche soir, la grande déambulation afin d’aider Plume(s) à défendre sa cabane. Nous n’avons pas voulu identifier complètement ce monstre, cela laisse place à notre imagination ». Evidemment, la fin de l’histoire est à découvrir à l’issue de ce 3ème temps artistique à ne rater sous aucun prétexte.

Du 05 au 07 mai 2023, cette édition 2023 sera marquée par une grande soirée le dimanche soir, veille du jour férié du 08 mai, où le spectacle artistique et populaire prendra tout son sens. Evidemment, chaque édition des Turbulentes imprime son univers. Virginie Foucault, la Directrice du CNAR (Centre National des Arts de la Rue), fouille dans sa mémoire pour comparer cette édition 2023 à une autre : « On peut rapprocher la Cabane à Plume(s) à des géants, ceux de la famille Molette avec des marionnettes portées (environ 2mètres), mais également Atonik pour la 20ème, en 2018, avec le Color Of Time ».

Tout a commencé par une phase de création de Plume(s) sur six points du territoire de la Loire-Atlantique au Béarn « une marionnette de 7 mètres de haut (en osier). Cette dernière est animée par 7 personnes, une par membre, le tête… », souligne l’auteur. La second phase démarre dans le Nord, à Vieux-Condé, avec cette semaine d’ateliers de constructions de cabanes, confection de masques, de parures, les premiers chants et pas de danse… Le créateur a même lancé un Tuto pour élaborer chez soi les outils indispensables. A cet effet, un groupe Facebook fermé est ouvert depuis peu afin de participer à La Cabane à Plume(s) https://www.facebook.com/groups/743964977288812/

Enfin, les Turbulentes du 17 avril au 07 mai, la cie l’Homme debout sera en résidence au Boulon, en répétions avant une édition des Turbulentes 2023 très attendue, la première sans aucune contrainte sanitaire depuis 2019, un siècle en somme.

« C’est un mariage chorégraphique », Benoit Mousserion

Ensuite, la construction de ce spectacle répond également à un principe cardinal pour l’auteur :  « La Cabane à Plume(s) est le mélange d’un cadre artistique solide et d’une démarche participative avec la population. C’est un mariage chorégraphique pour une mise en commun une seule fois ».

La fabrication en osier d’un oiseau

C’est presque une gageure, car le temps artistique répété est conséquent et respecte un scénario établi. « Par contre, les participant.e.s à la déambulation populaire livrent une performance One Shot, ils ont les codes, ils ont répété chez eux ou en groupe, mais la performance ne sera réalisée qu’une fois », ajoute Benoit Mousserion. Cette quasi improvisation encadrée donne tout le sel de cette animation majeure du festival Les Turbulentes. D’ailleurs, les temps partagés se succèdent avec, en ce moment, des ateliers de créations où des structures invitées viennent tâter de l’osier au sein du Boulon, l’école de la 2ème chance, l’IME les 2 Rives d’Anzin, le FAS de Marly, des collégiens, mais également « deux classes de l’école Caby à Vieux-Condé participants au spectacle », précise Virginie Foucault. « Ce ne sont pas seulement des figurants », ajoute Benoit Mousserion.

« Cette création fait sens, elle fait société avec tous les participants. D’ailleurs, même chez nous, on sent qu’une dynamique est présente, cette énergie est contagieuse », conclut Virginie Foucault.

La solidarité… aussi !

La Maison Nord Solidarité

Parmi les participants à cet atelier créatif de la Cabane à Plume(s), la Maison Nord Solidarité (structure départementale) était présente au Boulon avec un public bénéficiaire du RSA. « Nous avons l’habitude de collaborer avec le Boulon. Aujourd’hui, ce sont des personnes très seules, l’objectif est de les sortir de cet isolement », commente Isabelle Leang, accompagnante avec Isabelle Delobel, de ce public en quête de sourires.

Vous l’avez compris, l’édition 2023 du festival Les Turbulentes est un retour au partage artistique, le temps de l’Art dans la Rue in vivo est revenu, car il nous avait manqué terriblement. Rendez-vous début mai à Vieux-Condé, une ville sous emprise artistique http://leboulon.fr.

Daniel Carlier

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