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La précarité étudiante, une synthèse de nos fragilités !

A l’UPHF comme ailleurs, la précarité étudiante a pris une autre dimension pendant la Covid, puis après cette pandémie dans notre conscience collective. C’est pourquoi, la réponse doit être nationale comme locale même si l’équation est quasi insoluble. A ce titre, le milieu universitaire doit être exemplaire face à la souffrance sociale dans ses murs ; rencontre avec Dorothée Callens, vice-président à la réussite étudiante et à la vie étudiante en compagnie de Thomas Bourgois, étudiant en 3ème année de STAPS, élu en décembre 2023 pour représenter les apprenants comme vice-président au sein du Bureau de l’Université Polytechnique Hauts de France. Par ailleurs, cette interview croisée tombe le jour où l’élection du prochain Bureau du CROUS régional intervient le 06, 07, et 08 février 2024 et chaque étudiant de l’UPHF peut voter pour ou contre la liste proposée.

(A gauche Thomas Bourgois et un intervenant à l’AGORAE et à droite Dorothée Callens et une intervenante à l’AGORAE)

Avec 12 000 étudiants, l’Université Hauts de France avait un taux de 38,2% de boursiers durant l’année universitaire 2022/2023, contre 37,1% le cycle précédent, 36,1% en 2020/2021, et 37,40% en 2019-2020. « C’est une donnée stable au même niveau que la moyenne nationale de 37,7%de 2021-2022 », indique Dorothée Callens.

Bien sûr, le confinement a généré de nouveaux services à destination d’un public en grande souffrance, notamment les étudiants logés sur les différents campus. Parmi ces difficultés, la fracture numérique à laquelle « nous répondons à travers un dispositif de prêt informatique. Au début, nous avions 150 postes, aujourd’hui’ 350, nous musclons régulièrement ce stock ! », commente la vice-présidente.

Ensuite, la rénovation lourde du collectif bâtimentaire des années 60, comme le site « Eisen » revu et corrigé, a compris un nouveau lieu pour l’AGORAE, l’épicerie solidaire de ladite université. « On réfléchissait déjà avant la Covid à un agrandissement de l’AGORAE, dans un local trop petit de 20M2, et nous avons profité de cette réhabilitation pour bénéficier au rez-de-chaussée d’un local de 180 M2. D’ailleurs, les travaux ne sont pas achevés, car nous souhaitons installer un lieu de convivialité à l’intérieur », poursuit Dorothée Callens. Nouveau lieu, nouvelle attractivité, cette transformation majuscule devrait contribuer à étendre le nombre de bénéficiaires, car la précarité ne faiblit pas. Nous le voyons également sur le site des « resto du coeur », proche IMTD.

Nouveau bâtiment « Eisen » avec l’AGORAE au rez-de-chaussée

A ce stade, « nous avons 120 bénéficiaires, il n’y a pas de hausse spectaculaire du nombre de bénéficiaires », précise Thomas Bourgois.  5 personnes y travaillent, dont 2 services civiques, chaque semaine avec des horaires du lundi au samedi pour 24 heures d’ouverture par semaine. Cette structure permet de proposer à 10% du prix de vente habituel des produits alimentaires, de l’habillement avec une cabine d’essayage et la possibilité de laver et sécher son linge, et des produits d’hygiène. Face à l’ambition bâtimentaire au sein d’une université des années 60, la transition est trouvée pour une élection importante pour le bien-être étudiant.

« Chaque étudiant peut voter », Thomas Bourgois

En effet, l’offre de logements par sa vétusté, pêche sur le Valenciennois, voire le Maubeugeois et Cambrésis, avec en point d’orgue le site Jules Mousseron… dans son jus sur Aulnoy-lez-Valenciennes. D’ailleurs, ce lieu a concentré l’aide sociale durant les différents confinements inhérent à l’épidémie de la Covid. 

Sur la table, une enveloppe « de 40 millions d’euros a été validée par le CROUS régional, mais nous ne connaissons pas du tout le calendrier. D’ailleurs, les travaux sur cet édifice ont été plusieurs fois retardés. Il y a  aussi un projet concret de 80 logements sur Maubeuge et un souhait sur le Cambrésis également  », commente Dorothée Callens. On l’a compris, le CROUS régional détient les clés de la temporalité en la matière. 

« Durant 3 jours, les 06, 07, et 08 février, tous les étudiants peuvent voter pour le renouvellement  du Bureau. C’est un vote électronique, chaque étudiant a reçu un mail sur son adresse étudiant et perso. Nous présentons une liste commune « Bouge ton Crous », la FEV (Grand Hainaut), Galille sur le Lillois, avec un représentant du Valenciennois en 3ème et 8ème position », déclare Thomas Bourgois. Evidemment, les requêtes sont régionales sur le logement ici et ailleurs, la « généralisation du repas à un euro dans chaque RU (loi repoussée à l’Assemblée nationale à une voix près) et une meilleure qualité de la restauration très hétérogène au niveau régional », poursuit-il.

Comme pour toute élection, le droit de critiquer, s’exprimer, commenter, voire d’adouber une candidature… commence par un vote dans une démocratie !

Aide sociale étudiante 

La réponse serait bien insuffisante si la main tendue de l’UPHF s’arrêtait aux 4 murs. Dorothée Callens met en exergue « l’aide sociale étudiante au cas par cas. Nous étudions chaque dossier afin de gérer la difficulté spécifique de l’étudiant. Sur étude, nous pouvons attribuer une aide de 1 000 euros sur un cycle de licence et 1 200 euros sur un Master. Cette somme a été votée par le Bureau de l’UPHF, elle est très encadrée ». Sur cette aide sociale, la vice-présidente et l’élu étudiant souligne de concert « beaucoup d’échanges entre nous ». 

Les étudiants étrangers à l’UPHF

Le nombre d’étudiants étrangers demeure stable à l’UPHF, environ 10% et elle a choisi d’appliquer la loi sur le coût différencié d’inscription pour les étudiants étrangers. D’autres universités ont choisi de ne pas le faire sans être inquiété pour autant. « Je suis favorable à ce qu’un étudiant canadien (par exemple) paye ce coût depuis la rentrée 2019-2020 ( 2.770 euros pour s’inscrire à une licence (contre 170 euros auparavant) et 3 770 euros pour un Master (contre 243 et 38O euros précédemment). Par contre, un étudiant d’un pays en difficulté peut bénéficier d’un coût dérogatoire », commente le Président de l’UPHF, Abdelhakim Artiba.

Concrètement, le dispositif est clair. « Il y a une exception géographique (et, ou) d’excellence d’exonération pour les étudiants en licence en provenance de certains pays. Ensuite, ce même critère d’excellence est maintenu en Master », déclare Dorothée Callens. 

On peut sans se tromper indiquer que cette thématique est en mouvement perpétuel avec des causes exogènes multiples, d’où une action endogène à durée illimitée.

Daniel Carlier

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