Un conseil municipal agité à Saint-Amand-les-Eaux !
Le dernier conseil municipal de Saint-Amand-les-Eaux a été riche en polémiques, des sujets de fond comme le recours à l’emprunt en 2025, les chèques pouvoir d’achat, le projet « M », le fonds booster, mais également sur la forme où la pratique politique est formatée pour la prochaine campagne municipale.

(Visuel 49 Grand Place à Saint-Amand-les-Eaux)
Fabien Roussel : « Je ne suis pas là pour faire de l’intérim »
En propos liminaire, outre un rappel d’une situation mondiale chaotique, il souligne le prochain achèvement de la rénovation « verte » du Parc de la Scarpe, la signature du Contrat thermal avec de nombreux partenaires, anciens et nouveaux le 11 juillet ; sans oublier le retour d’intervilles le 17 et 24 juillet prochain.
Ensuite, il est rare de commenter la forme en premier dans un suivi de conseil municipal, mais cet exercice particulier a révélé une nouveauté dans la perspective de la prochaine campagne municipale. En effet, le temps est fini où le tir de barrage se concentrait sur l’édile, Alain Bocquet hier et Fabien Roussel aujourd’hui. Maintenant, même si le premier magistrat demeure une cible de choix, les deux camps de l’opposition, Eric Renaud et ses collègues élus, puis Eric Castelain accompagné, ou inversement, de Guillaume Florquin et Bérangère Maurisse, vont s’envoyer des missiles. En clair, le maire sortant a une forte probabilité de figurer au second tour. Par capillarité, la présence au second tour exige de mettre à distance son opposant le plus direct sur la cité et logiquement…, il faut impérativement se démarquer le plus possible, se différencier de fait, malin !
A tel point qu’à un moment, Fabien Roussel s’est glissé entre les balles… « je peux aller boire un verre ailleurs si vous le souhaitez. » C’est un changement sur la forme, mais il est le plus révélateur de toute cette soirée très politique… !
Le SDIS, une nouvelle caserne (enfin)
Au moins, la thématique d’une nouvelle caserne des pompiers sur St-Amand-les-Eaux a fait consensus dans cet hémicycle local bouillonnant. Bien sûr, l’édile rend hommage aux deux pompiers décédés sur Laon très récemment : « On pense d’abord à vous et à vos missions dangereuses ! »

Pour cette présentation du futur projet bâtimentaire, Nicolas Lewandowski, chef de projet SDIS 59, était à la manoeuvre. Le site retenu sera aux abords du fameux « Rond point de la Bouteille ». C’est un emplacement stratégique proche des axes routiers, notamment la RD 169. Ensuite, sur 8 000 M2, le projet architectural réalisera une caserne très moderne, le dernier cri en la matière. « Nous déposerons un permis de construire d’ici la fin de l’année 2025. Puis, après un appel d’offres et le choix du projet architectural en 2026, nous aurons une durée entre 14 et 16 mois de travaux. La livraison et la bascule de la caserne vers ce nouveau site est prévue à l’automne 2027. Sur cette caserne, nous avons 8 pompiers permanents le jour et 7 la nuit », commente Nicolas Lewandowski.
Cette caserne disposera de dix chambres pour les pompiers professionnels, une pour les pompiers volontaires, et surtout d’une section dédiée aux pompiers femmes. C’est une revendication de longue date par les pompiers. Tous les espaces nécessaires à l’exercice de cette profession, dangereuse, au service des citoyens seront présents avec toute la modernité requise. « Son coût sera de 5,4 millions d’euros HT pour les travaux, plus les frais de maîtrise d’oeuvre, et un montant total de 8 millions d’euros », conclut-il.
Sous l’égide du Conseil départemental, le SDIS va de fait faire peu neuve sur l’Amandinois. Le conseiller départemental, Eric Renaud, regrette « le temps perdu pour le choix de ce site, validé dès 2019 par l’ancien président Jean-René Lecerf. Nous avons perdu 3 ans. Ensuite, cela n’est pas au détriment de la caserne des pompiers volontaires de Mortagne-du-Nord pour lesquels le Département a voté tous les matériaux roulants nécessaires. »
Franck de Neve souligne un aboutissement vers « une caserne moderne et évolutive avec l’intégration d’un espace femmes. Cet emplacement est le meilleur choix possible.»
Fabien Roussel conclut ce moment de consensus sur l’objectif final : « Tout le monde a déployé beaucoup d’énergies pour y arriver. Enfin, c’est là. »
Le Centre aquatique de l’Amandinois
Depuis février 2014, l’apparition d’un nouveau centre aquatique en lieu et place d’une piscine municipale très vieillissante a fait le bonheur des nageurs dans l’Amandinois. Avant d’aborder le rapport d’exploitation du site en question, il faut poser quelques faits tangibles sur ce type d’équipement sportif. Par essence, une piscine est mécaniquement déficitaire d’où une subvention publique indispensable à l’équilibre financier. Certains pourraient se demander pourquoi une dépense publique de plus alors que le privé pourrait gérer seul ce type d’équipement. La réponse se résume en une donnée, le nombre pléthorique de jeunes mort par noyade en mer, dans un lac, un étang, voire une piscine…, année après année. C’est effrayant, car le chiffre ne baisse pas au niveau national. La vie de nos enfants se chiffre-t-elle dans notre comptabilité publique ?
Cette piscine intercommunale, baptisée le Dragon d’eau, a fêté ses dix ans le 14 février 2024 à 14h00. « Cet équipement a connu une hausse globale des activités de fréquentation du grand public de 9%, notamment de 6,2% du public de la SPL (19 communes), sans oublier les 450 000 scolaires chaque année. Cette année a été marquée aussi par la tenue des Championnats de France de natation synchronisée et d’un gala aquatique », explique Sylvie Wiart, l’adjointe aux finances. De plus, son mode de gouvernance sous SPL (Société Publique Locale), avec uniquement des actionnaires au sein d’une société de Droit privé, a été très précieuse durant La Covid. « Grâce à cette entreprise privée (SPL), nous avons pu bénéficier des indemnisations pour le chômage et des autres aides de l’Etat », précise Sylvie Wiart.
Suite à ce rapport, Eric Renaud confirme que la fonction sociale (savoir nager) est « pleinement réussie. Pour autant, il y a un potentiel de développement dans les activités ludiques. Il faudrait travailler sur de nouvelles pratiques. Je dois faire aussi mon méa culpa. Je pensais que l’arrivée de nouveaux équipements aquatiques sur le Valenciennois (Valenciennes, Denain, Trith-st-Léger) pénaliserait plus ce centre aquatique. Il a bien résisté ! »
Pour sa part, Eric Castelain reprend la présentation de l’adjointe aux finances : « On ne peut pas dire que ce centre aquatique est bénéficiaire. Elle équilibre son budget grâce à la subvention municipale. »
Le maire conclut en maintenant le cap suivi par Alain Bocquet : « Nous avons poursuivi nos objectifs sans écouter les oiseaux de mauvais augure, les pronostics très pessimistes. Je constate plus 17 800 usagers en 2024 et un résultat financier à la hausse. Toutefois, le plus important est que nos enfants, en sortie de CM2, sachent nager. »
La DSP du casinotier « Groupe Partouche »
L’autre DSP majeure pour la cité thermale est l’existence d’un Casino sur ses terres. « Là au moins cela rapporte de l’argent à la commune », clame Eric Castelain. En effet, que l’on soit pour ou contre les jeux d’argent, le casino est un important contribuable au niveau local comme national. A titre d’exemple en 2024, le casino de Saint-Amand-les-Eaux a payé 27 millions d’euros de taxes, 6 277 000 euros à la commune et le reste à l’Etat.. ! Cela mérite un temps de réflexion face aux plus fidèles détracteurs sur ce type d’équipement. « Nous prévoyons une baisse de 10% de notre chiffre d’affaires compte tenu du chantier (énorme) pour la rénovation/extension de notre casino », commente un responsable un Groupe Partouche dont le 1er établissement a été ouvert sur Saint-Amand-les-Eaux en 1973 par Isidore Partouche, décédé cette année.
Un emprunt très controversé !
Au détour d’une délibération sur le choix de l’organisme bancaire, pour un emprunt de 2,5 millions d’euros acté par la majorité municipale, la polémique enfle. « Cet emprunt va nous servir à réaliser des travaux, notamment des chantiers de voiries très attendus par la population. Ensuite, il y aura bien d’autres travaux d’investissement sur la durée. Je parle d’un prochain mandat, car je ne suis pas là pour faire de l’intérim », répond Fabien Roussel à Eric Renaud et Eric Castelain très remontés contre ce choix financier.
« C’est pour payer les factures du pont d’opérette sur la Grand Place ! », assène Eric Renaud. « Rien ne justifie ce prêt ! », ajoute Eric Castelain.
Des chèques « pouvoir d’achat »
Dans le cadre du retrait de provision des 16 millions d’euros de La Porte du Hainaut suite à une décision judiciaire favorable, tout en sachant que d’autres sont en cours initiés par Eric Renaud, l’EPCI a décidé de réinjecter 10 millions d’euros (sur les 16) vers les communes. Le montant alloué à la commune de Saint-Amand-les-Eaux est de 821 252 000 euros dont 635 000 euros sont fléchés vers des chèques KDO à 5 500 foyers Amandinois. « Je veux rendre du pouvoir d’achat aux Amandinois. »

Toutefois, si l’idée est argumentée à plus d’un titre, l’utilisation de cette somme est décriée par Eric Renaud : « Nous devez légalement mettre en provision pour risque cette somme de 821 252 000 euros, car il existe un risque juridique compte tenu des procédures en cours (La TEOM). Ensuite, Le Porte du Hainaut précise bien que ce montant est destiné à la réduction de la dette et au renforcement de l’autofinancement de la commune Par suite, votre délibération est dans l’illégalité la plus totale. D’ailleurs, la maire de Denain a mis cette somme de côté dans l’attente de sa conclusion juridique. »
Techniquement, les 5 500 foyers vont dépenser dans les commerces amandinois les 635 000 euros avant le 31 décembre 2025. Et la surprise est venue de la réplique habile (et politique) d’Éric Castelain. « On part dans un conflit juridico financier où vous allez mettre en difficultés les commerces de la commune. Comment la commune va payer les commerçants dans l’hypothèse où cette somme serait en provision ? ».
Concrètement, Eric Renaud n’a pas anticipé le coup de massue. « On ne va pas inverser les rôles. La commune est en faute. Elle devra d’un côté provisionné les 821 252 000 euros et de l’autre trouvé les 635 000 euros ailleurs », répond-t-il tout de go. Difficile de comprendre le reproche solide et argumenté sur un prêt de 2,5 million d’euros et de l’autre signifier à la majorité municipale, il suffit de…
Fabien Roussel répond aux « y a qu’à-faut qu’on. Sylvie Wiart vous a donné une réponse d’une professionnelle de la comptabilité publique ». En effet, en réponse à la diatribe d’Eric Renaud, l’adjointe aux finances insiste sur la légalité du choix municipal : « Je vous invite à lire le guide des collectivités communales. Ce dernier précise que cette provision n’est obligatoire que si cela représente une charge pour la commune. C’est différent de votre procédure sur la TEOM ! »
Le projet « M » retardé
On se souvient de cette présentation magistrale en novembre dernier par les deux protagonistes du projet « M » et votée à l’unanimité. Le calendrier présenté à cette époque avançait la date d’une fin de chantier au 3ème trimestre 2025, mais tout ne se passe pas comme prévu. « Ce projet a besoin de plus de temps pour des études complémentaires. C’est pourquoi, nous prolongeons le délai jusqu’au 31 décembre 2026 », prévient Fabien Roussel.
Eric Castelain, bien informé sur le dossier, s’exclame : « Ce n’est pas les porteurs qui ont besoin d’un délai, mais la commune. Vous n’avez pas fait les études de sol nécessaire. Vous faîtes perdre un an à ce projet. Attention, ce secteur est hyper concurrentiel. C’est une course de vitesse et j’ai peur que les porteurs de ce projet partent ailleurs ! »
Eric Renaud rebondit : « Pourquoi ne sommes nous pas en capacité de boucler ces études au 31 décembre 2025 ? »

Le maire réaffirme que la municipalité fait son maximum « afin de faire avancer ce dossier. J’ai régulièrement Mme Masson. J’ai bien conscience qu’il faut aller vite et nous accompagnons ce projet. Nous avons déjà lancé 9 études, à nos frais, mais il s’avère que la dernière étude de sol implique des études complémentaires compte tenu de la nature de l’exploitation. Ce dossier est un peu plus compliqué que cela ! »
Un nouveau commerce au 49 Grand Place
Parmi les mouvements fonciers en sortie ou en acquisition, la municipalité cède un foncier stratégique sur la Grand Place, le 49 Grand Place quasi à côté de Chez Suzanne. Acquis en 2010 à hauteur de 200 000 euros, il est revendu 420 000 euros au Groupe Vinci en 2025. On pourrait s’étonner de ce faible montant tant le prix du foncier a explosé en 15 ans. « L’intérieur du bâtiment est très dégradé (présence de la Mérule). Nous ne pouvons pas le vendre plus cher. Par contre, il y a une obligation d’installation en rez-de-chaussée d’un commerce. »
A ce titre, Pascal Teite se félicite de l’arrivée d’un nouveau commerçant/artisan sur la commune. « Je suis ravie de cette vente ! Je précise qu’en 2020, nous avions 191 commerçants et 236 en juin 2025. »
Daniel Carlier