François Bayrou perd largement son « vote de confiance »
Ce lundi 08 septembre 2025, les députés de l’Assemblée nationale ont rejeté « le vote de confiance ». C’est la 1ère fois qu’un(e) Premier Ministre est désavoué(e) suite à la mise en oeuvre de l’article 49-1… par lui-même. François Bayrou va présenter demain matin (09 septembre) sa démission au Président de la République comme le prévoit la Constitution de la 5ème République. Le Gouvernement sera de facto « démissionnaire » afin d’assurer les affaires courantes pour quelques heures visiblement, les tractations en coulisses des professionnels de la politique sont intenses pour la nomination d’un nouveau Premier ministre…(visuel DR).

Une journée écrite d’avance par la classe politique professionnelle française
Après l’article 49-3, utilisé avec abondance, voici l’article 49-1 choisi par le Premier Ministre pour solliciter la confiance, ou pas, des députés de l’Assemblée nationale. Si cette démarche est plus classique lorsque le locataire de Matignon bénéficie d’une majorité absolue, les précédents chef(fe)s du gouvernement n’ont pas osé avec une majorité relative en juin 2022, voire très très relative en juin 2024. Pour autant, comme un défi ou une volonté de retourner dans sa belle ville de Pau, François Bayrou a défié les partis politiques. Par contre, on ne peut enlever à l’homme politique béarnais le sujet de la dette publique qu’il porte depuis la campagne présidentielle 2007. Ce dernier item est revenu en boomerang durant cet été 2025 comme un rappel à la responsabilité.
Des discours, des hommes et des femmes, et la suite ?
Sur la forme, le comportement de notre classe politique explique déjà (presque tout). Après le discours du Premier ministre, les Présidents des groupes parlementaires se succédèrent au pupitre et dans le même temps, les autres formations politiques quittent l’hémicycle pour ne pas écouter un autre avis, une autre idée ! Cela relève de l’anecdote, mais elle explique tout de notre personnel politique !
Bien sûr François Bayrou rappelle que ce vote de confiance (sur le budget 2026) « est une question historique pour la prochaine génération, la question politique est pour la prochaine élection. » Evidemment, le chef du Gouvernement a martelé le danger de « cette dette silencieuse avec une invisible hémorragie. »
Pour le P.S, Boris Vallaud a sorti le bazooka avec un propos d’une rare violence verbale : « Il ne suffit pas d’être centriste pour être central. Non, vous n’êtes pas Pierre Mendes France. » Ensuite, il revendique une arrivée à la tête de l’exécutif : « C’est à la gauche arrivée en tête de gouverner. » Le PS cherche une coalition de gauche avec le bloc central et son porte parole assène un discours qui fera date avec quelques belles phrases gratuites, pour rien !
Pour Laurent Wauquiez (LR), il pointe du doigt « ces vieux démons de l’instabilité, un poison économique ! Cette dette amène à un sursaut collectif ! »
Cyrielle Chatelain, Les Ecologistes, a eu le mérite de parler d’un programme de gouvernement, une vision que l’on partage ou pas, mais au moins il y avait un chemin et pas une succession de bons mots… !
Mathilde Panot, LFI, insiste sur tant « d’efforts pour ne pas respecter le vote des Français. » Ensuite, elle détruit le projet de budget, mort né, de François Bayrou. Comme d’habitude, un discours dans la caricature, mais dans la lignée d’une rupture souhaitée par ce parti politique. Elle égratigne également son meilleur ennemie ! « La Lepénie, votre assurance vie, elle travaille également avec les grands patrons aujourd’hui ! »
Marine Le Pen, pour le Rassemblement National, dont le sort judiciaire se jouera du 13 janvier au 11 février 2026, ne fait pas semblant ! « Cette journée est un moment d’histoire de la vie parlementaire de notre pays. Elle marque l’agonie d’un gouvernement fantôme. » Elle réclame à cor et à cri la dissolution : « C’est un levier institutionnel et Emmanuel Macron doit agir par devoir, pas par intérêt ! »
Pour le bloc central, les chefs des Groupes parlementaires étaient pathétiquement inaudibles. Peu importe leurs vérités, leurs solutions, une majorité des françaises et des français ne veulent plus les entendre.
En guise de mot d’adieu, François Bayrou remet une couche sur la lucidité nécessaire face à la dette publique… « un vote n’efface pas la réalité ! ».
L’addition des oppositions, de tous les bords politiques, au « vote du confiance » ne faisait aucun doute depuis quelques jours. Le résultat du vote était inéluctable à tel point que depuis 3 à 4 jours, les experts se répandaient en scénario politique en mode post Bayrou. Convoqués en session extraordinaire, les 574 députés (3 postes vacants) de l’Assemblée nationale ont donc rejeté ce vote de confiance avec 194 voix pour contre 364 voix contre (558 votes exprimés). Une nouvelle page du livre d’histoire de la république française s’écrit sous nos yeux éclairant la vétusté de nos institutions… à l’aulne de la Présidentielle 2027 !
Daniel Carlier