(Municipales 2026) Joël Dordain : « Je veux un débat public avec Pierre Michel Bernard » sur Anzin
La campagne municipale 2026 se tend de plus en plus sur l’arrondissement du Valenciennois et la collectivité locale d’Anzin, 13 500 habitants environ, sera incontestablement un lieu saillant de cette contestation d’une gouvernance sortante. A cet effet, Joël Dordain, figure politique locale connue et reconnue, se lance dans une joute sans concessions contre l’édile actuel, Pierre Michel Bernard. Entretien avec Joël Dordain et Claudio Macaluso, son Directeur de campagne, dans le vif d’une candidature inattendue, mais avec des racines parfaitement identifiées par le candidat au fauteuil majoral.
Joël Dordain : « Il faut faire barrage à la monarchie familiale ! »
Comme souvent dans la vie politique, un sympathisant déçu a des mots bien plus rudes qu’un(e) opposant(e) classique. Oui, on sent de la colère chez Joël Dordain, car il n’aurait pas dû revenir dans le champ politique. En effet, après trois mandats comme adjoint avec André Parent (1983 jusqu’en 2001), Géry Duval devient maire, puis « Michel Bernard vient me voir pour rentrer sur la liste de son fils, Pierre-Michel, que je ne connaissais pas. A l’époque, j’étais le secrétaire de la section du PS, de gauche, d’Anzin avec 170 membres, la plus grosse section du Nord. Par ailleurs, je ne courrais pas après un mandat de maire », raconte l’ancien adjoint. Et l’histoire s’écrit de nouveau avec un double mandat comme 1er adjoint avec Pierre-Miche Bernard 2008-2020. Enfin, il ne rempile pas pour raisons personnelles en 2020, apporte un soutien sans faille au maire, mais avoue « avoir vécu une fin de mandat 2014-2020 difficile. »
Sur les choix politiques de l’édile actuel, il plante le décor : « En 2008, lorsque que je lui parle d’une alliance avec le PCF, il me répond – le PCF est trop révolutionnaire pour moi –, et en 2014, il court après Fabien Roussel… D’ailleurs, j’ai rencontré ce dernier aux 3 Jours Gourmands qui m’a chaleureusement salué en me disant – je ne peux pas te soutenir, car cela serait l’apocalypse – » En tout état de cause, le PS ne soutiendra aucun des deux candidats. »
« Une liste citoyenne de rassemblement », Joël Dordain
Sur son positionnement politique 2025 pour cette campagne locale iconoclaste en France, il a laissé sa carte du P.S et revendique « une liste citoyenne de rassemblement. Elle comprend l’opposition actuelle au maire, la droite et le centre droit, mais également une majeure partie du PS, même si certains cartés seront sur la liste du candidat sortant, et plus globalement une gauche élargie ! » Le périmètre est très large ! Est-ce tenable ? Il décoche une flèche à l’endroit de Patrick Kanner, ex ministre et sénateur du Nord « je pense qu’il aura son soutien. Patrick Kanner à l’habitude de poignarder les gens dans le dos. »
« Attention, nous avons signé une charte de confiance entre toutes et tous les leaders. Même si nous pouvons avoir des opinions différentes au niveau national, on travaille sur Anzin. Nous sommes dans l’action locale », précise Claudio Macaluso, ex candidat en 2008 pour le parti de gauche, et Directeur de campagne.
« Je suis très hostile au transfert du théâtre d’Anzin à l’agglo », Joël Dordain
Premier point de discorde, la convention de cession du fleuron culturel de cette collectivité locale , le fameux théâtre d’Anzin, ne passe pas. « Pourquoi ? Certes, le bâtiment est vétuste et il y a des travaux à réaliser (début des travaux BP 2026 de la CAVM), mais nous pouvions dégager les finances nécessaires pour le faire. C’est un choix politique ! Ensuite, nous n’avons même plus la maîtrise de la programmation culturelle ! », s’étonne le candidat.
Dans la foulée, des friches emblématiques « sont restés à l’abandon comme celle de l’ex concession FORD, voire une partie des Jardins de Valmont, etc. C’est incompréhensible, regardez le développement de la ville de Beuvrages ou de Valenciennes à côté », ajoute l’ex élu très remonté.
Enfin, il rajoute une couche sur Valenciennes Métropole : « Si je suis élu, mon premier rendez-vous sera un entretien avec le ou la Président(e) de la CAVM. Je veux des réponses à mes questions et à défaut je ferai le choix de quitter Valenciennes Métropole pour rejoindre La Porte du Hainaut, j’assume le délai de carence pour y arriver. »
« Une préemption de la Croix d’Anzin à Raismes », Joël Dordain
L’ancien élu s’étrangle lorsqu’il évoque l’état du commerce de proximité sur Anzin, et « même la Place Salengro. Vous regardez de la Croix d’Anzin à Raismes le type de commerce existant. Moi, je souhaite une préemption urbaine (renforcée comme sur Valenciennes) de la Croix d’Anzin à Raismes afin de récupérer les locaux, ou fonds de commerce, à vendre afin de rénover les cellules commerciales et de choisir (avec un jury) les artisans/commerçants dont la ville a besoin. »
Sur le cimetière… « c’est une honte ». Concernant les impôts, il ajoute : « Le maire ment. Certes, les impôts locaux n’ont pas augmenté, mais in fine les Anzinoises et Anzinois payent plus. Je connais des communes qui ont adapté leur taux pour compenser cette hausse. »
Sur l’insécurité, il est également vent debout contre la police pluricommunale avec Raismes et Petite-Forêt. « Pendant que les forces de l’ordre sont ailleurs, elles ne sont pas sur notre commune », commente Claudio Macaluso. « Moi, je propose la tenue d’un comité citoyen tous les trois mois avec la Police Nationale et on débat de tous les sujets de sécurité », comme une version XXL du dispositif « Voisins vigilants ».
Comme symptôme d’une mauvaise gestion présumée de la commune, l’ex adjoint cite « les agences immobilières n’osent même plus affichés le nom d’Anzin sur un bien à vendre. La chute de la valeur immobilière est énorme ! Tout est à refaire sur Anzin, une ville en déclin ! »
Question de famille
Enfin, et c’est peut-être le dénominateur commun des soutiens, comme Elisabeth Gondy, de cette liste. « 18 ans, ça suffit ! Il faut faire barrage à la monarchie familiale (M., Mme Bernard et un gendre dans le conseil municipal) », tance Joël Dordain.
Il y a comme un parfum de reconquête qui avait marqué la campagne de 2008 entre Géry Duval et Pierre-Michel Bernard, et c’est pourquoi le candidat veut « un débat public avec Pierre Michel Bernard dans une salle municipale. Il doit répondre aux questions, expliquer ses choix et que nous évoquions nos solutions pour y remédier. C’est la démocratie ! »
On ne connaît pas le reste du paysage politique sur la ligne de départ, mais cette joute locale s’annonce épique sur la 2ème ville de la ceinture valenciennoise avec une 1ère vice-présidence à Valenciennes Métropole.
Daniel Carlier




















