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(U2P) Juste une question d’équilibre… !

Ce lundi 05 novembre, l’U2P (Union des Entreprises de Proximité) Hauts-de-France s’est mobilisée sur la ville de Valenciennes afin de sensibiliser le grand public, et les élus, sur la situation de l’entreprise de proximité.

Laurent Rigaud, président de l’U2P Hauts-de-France : «  Quelle sera la place du commerçant dans les programmes des candidats aux prochaines municipales ? »

Etrange, mais l’actualité rapproche parfois les grandes causes. En effet, l’itinérance mémorielle du Président de la République assortie d’un échange sur le terrain avec l’économie de proximité rappelle le combat de l’U2P pour l’activité économique au coin de la rue, celle les yeux dans les yeux.

Sujet local d’une portée nationale, l’exécutif a lancé un vaste programme « Coeur de Ville » visant à redynamiser les centres-villes, et les centres-bourgs de France. « Il y a 22 conventions-Coeur de Ville- dans les Hauts-de-France, l’Etat ne peut pas investir des milliards dans ce dossier si c’est pour se comporter comme depuis 30 ans. Alors, c’est quoi le projet  ? », assène Laurent Rigaud.

On sait déjà « que le FISAC en 2019 n’aura plus de moyens, et nous ne voulons pas, sauf exception, d’une arrivée de la grande distribution dans les centres-villes. Il faut se mettre autour de la table, et négocier », ajoute-t-il.

« Nous voulons un équilibre commercial », Laurent Rigaud

La demande est pragmatique, simple, et d’une logique implacable. « Nous voulons un équilibre commercial. Par exemple, les centres commerciaux ne peuvent rester ouverts 7j/7. Il existe un arrêté notamment pour la vente du pain avec un jour de fermeture obligatoire. La loi doit s’appliquer partout », ajoute le président de l’U2P.

« Nul n’est censé ignoré la loi »…, le respect de la loi, simple, basique dirait le chanteur Orelsan. Dans cette optique, l’action de terrain est la meilleure d’où cette démonstration (pacifique), mais efficace au niveau du rond-point de la Place du Canada, par les membres de l’U2P, et de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat comme Patricia Fournier, sa représentante locale.

L’action de terrain est très concrète. Sur le Valenciennois par exemple… « une enseigne Louise s’est installée à l’entrée de Condé-sur-l’Escaut, elle était ouverte 7j/7. J’ai contacté trois fois le maire Grégory Lelong, à la troisième, il est intervenu auprès de l’’entreprise afin qu’elle respecte un jour de fermeture. Je félicite Grégory Lelong pour son engagement », explique Laurent Rigaud.

Facile de comprendre ente les lignes, le politique peut beaucoup pour le commerce de proximité. « Je n’ai rien contre les maires. J’ai même beaucoup de respect par rapport à leurs responsabilités. Par contre, quelle sera la place du commerçant dans les programmes des candidats aux prochaines municipales ? Nous ne voulons pas juste des paroles, mais des propositions concertées avec les syndicats professionnels, les unions du commerce etc. Enfin, il n’y a pas de profil type, puisque les besoins sont différents entre Valenciennes, Fourmies, et Château-Thierry », conclut Laurent Rigaud.

«  Nous voulons revenir dans les CDAC et CNAC », Gabriel Hollander

Cette manifestation à Valenciennes a réuni de nombreux représentants des U2P, Henri-Luc Sprimont, représentant U2P59, José Faucheux, représentant U2P02, mais également Gabriel Hollander pour l’U2P62 etc. Outre la thématique de l’ouverture 7j/7, les élus de l’U2P montent au créneau : « Le consommateur a le choix. Nous ne sommes pas contre la rénovation de l’existant, mais c’est assez pour les nouvelles implantations. C’est un moratoire national dont nous avons besoin. L’exemple du refus de l’agrandissement du site d’Auchan Petite-Forêt est très parlant, c’est une bonne nouvelle  », indique Gabriel Hollander. Toutefois, un bémol entre en jeu sur une rénovation lourde… « si c’est une opération déguisée pour s’agrandir », tance un membre de l’U2P. 

Dans ce concert d’influence sur la durée, le lobbying a réussi à sortir des CDAC, et CNAC, les membres de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, tout comme la voix de la CCI. C’était un petit meurtre du commerce de proximité, un crime parfait digne d’Edgar Allan Poe ! « Nous n’avons pas assez bougé à l’époque, nous avons eu tort suite à cette éviction. Aujourd’hui, nous voulons revenir dans les CDAC et CNAC afin de voter », plante sans ambiguïté Gabriel Hollander. Toujours dans cette même logique du respect de la loi, comment peut-on décider des choix stratégiques commerciaux sur un territoire sans ces deux piliers institutionnels ? Demain, va-t-on réformer une activité artisanale sans les professionnels concernés ? On marche sur la tête dans une logique de proposition commerciale large en faisant fi des acteurs du commerce de proximité, notamment dans les communes petites et moyennes. Toutefois, sous l’impulsion du Sénat, l’article 54 de la loi ELAN, voté en octobre 2018, intègre de nouveau ces deux institutions dans les CDAC, et CNAC, mais à titre consultatif. Ce n’est pas un droit de vote, mais c’est un pas en avant obtenu grâce au lobbying des CCI et des Chambres des Métiers et de l’Artisanat (rappel article sur la loi ELAN https://www.va-infos.fr/2018/10/29/la-loi-elan-contre-les-friches-urbaines/ )

Incontestablement, cette prochaine campagne municipale sera un juge de paix concernant l’engagement des candidats en faveur du commerce de proximité. L’élu local doit le comprendre, sans pirouette entre le Conseil municipal, l’intercommunalité, et autres composantes de ce mille-feuille administratif franco-français, franco inefficace dans la protection de l’âme d’une commune rurale ou plus urbaine.  L’Etat prend tout de même la mesure de ce trou béant dans la raquette de la reprise économique, il n’est jamais trop tard pour bien faire… en interdisant sur le terrain l’ouverture 7j/7 de la grande distribution, juste une question d’équilibre… entre les parties !

Daniel Carlier

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