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Une étude d’impact économique confirme l’ambition régionale du CHV

Il faut l’avouer, la surprise était de mise à l’annonce de cette information à la presse locale d’une étude consacrée à la pesée économique du Centre Hospitalier de Valenciennes ! Et pourtant, toute sa pertinence s’est faite jour au fil de cet échange à bâtons rompus, le CHV clame haut et fort sa dimension régionale dans de multiples domaines… !

Rodolphe Bourret, directeur général du CHV : « Le passage en CHR serait une reconnaissance populationnelle ».

Cette étude d’impact économique demandée à un intervenant extérieur, la CCI Hauts de France, s’est réalisée durant une année sur la base des données très complètes en 2016 et 2017. Vu la chirurgie de la méthode, les données 2018 ne sont pas toutes disponibles, voire pas connues. Certes, l’établissement public de santé est présenté à chaque fois comme l’employeur numéro un d’une commune, mais jamais comme un acteur macro/économique sur un territoire de 800 000 habitants comprenant le Cambrésis, la Sambre-Avesnois, et le Valenciennois. Autre donnée connue avant cette introspection, cette étude intervient sur un territoire où les indicateurs de santé sont désastreux.

« Le CHV a atteint une taille plus importante que certains CHU (Centre Hospitalier Universitaire), c’est un établissement de santé de référence, un acteur économique sur son territoire. C’est pourquoi, il nous a semblé important de mettre en exergue sa valeur ajoutée sur le plan économique », entame Rodolphe Bourret.

Pour sa part, Armand Audegond, président du Conseil de Surveillance du CHV, souligne : « Le CHV est un employeur qui recrute 100 emplois par an (5 200 fiches de paye en 2019), c’est assez rare à l’heure où les collectivités locales et territoriales ne remplacent plus les départs (en retraite). Il est important de connaître comment ce territoire réagit. Quelles sont les attentes des agents du CHV, de la patientèle ? Que peuvent faire les élus ? Quelle est l’attractivité du CHV ? » .

En digression, l’axe politique du gouvernement vers une suppression de la tarification à l’acte, pour de nouveau un budget global, ne rentre pas dans cette approche du CHV. « Ce n’est pas la suppression de la T2A, mais une meilleure performance du soin, du pain béni pour nous, on s’améliore tous les jours. Cette étude s’inscrit parfaitement dans le projet d’établissement du GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) », répond le Dr Isabelle Girard-Buttaz, ça c’est dit ! « De toute façon, la santé à un prix. On s’adaptera aux nouveaux modes de gestion », ajoute Rodolphe Bourret.

« Le CHV s’est mis à nu », Gregory Stanislawski

Comme pour toute analyse approfondie, il est indispensable que le sujet d’étude soit collaboratif… « Le CHV s’est mis à nu, les données sont très fines. Je remercie le service marketing de Magali Fillette pour sa collaboration », entame Gregory Stanislawski de la CCI Hauts de France.

La première pierre de cette étude est avant tout le territoire concerné. En l’occurrence, le périmètre est assez connu. Il englobe le Valenciennois, le Cambrésis, et la Sambre-Avesnois, c’est celui validé par l’ARS (Agence Régionale de Santé) dans le cadre des territoires de la GHT. D’ailleurs, c’est également celui retenu par la CCI Grand Hainaut, mais également par l’Université Polytechnique Hauts de France.

Sur 2017, l’effectif du CHV se décomposait comme suit, 4 116 agents non médicaux, et 532 médicaux, soit 4648 salariés contre près de 5 200 en 2019. En 2017, cela représentait 4380,4 ETP (Equivalent Temps Plein) pour un montant de rémunération annuelle de 229,7 millions d’euros (charge comprise).

Les agents du CHV habitent où ?

Cette étude démontre que la majorité du personnel non médical habite sur l’arrondissement. Par contre, concernant le personnel non médical, il réside principalement sur la métropole lilloise. « La principale explication est une première vie sur Lille (10 ans) durant les études. Ils ont déjà une vie avant d’arriver à Valenciennes. De plus, 70% des personnes recrutées sont des femmes dans le médical », commente Isabelle Girard-Buttaz.

L’impact direct : achats et investissement du CHV

En 2016, le CHV a réalisé 111,5 millions d’euros d’achats. Ce chiffre conséquent est concentré dans les Hauts de France, 26% des achats pour 43% des fournisseurs, et surtout en île de France, soit 56 % du montant des achats réalisés sur 18% des fournisseurs. Néanmoins, toutes les régions de France ont des fournisseurs travaillant avec le CHV.

Par contre, les investissements du CHV laissent une empreinte beaucoup plus marquée sur la proximité. En effet, 83% des investissements sont effectués dans les Hauts-de-France sur 49% des fournisseurs. « Pour certains appels d’offres, nous sommes obligés de passer par une centrale d’achat, le plus souvent sur la région parisienne », précise le directeur général du CHV.

L’addition est copieuse avec un impact économique direct sur ce territoire (social + investissement) de 185.168.165 euros, soit 53% du volet économique 349. 046.111 euros. Sur le volet social, c’est 3 857,8 emplois directs ETP.

L’impact indirect : les patients

« Le CHV accueille 2 millions de patients et accompagnants chaque année », précise Rodolphe Bourret. Pour autant, la dépense moyenne par patient (hors CHV) est de 5,45€. « C’est très faible. Il y a clairement un potentiel de progrès dans le développement de l’offre », précise Gregory Stanislawski.

Au total, cela représente 132 088 € en impact économique indirect. L’étude souligne que les patients viennent de territoires très différents, la Métropole lilloise, le Douaisis, la Belgique avec la région autour de Mons, voire Amiens, Saint-Quentin, etc. « Nous avons des spécialités de pointe comme la cancérologie, la chirurgie des mains, un service de grande qualité en neurologie… », précise Rodolphe Bourret.

L’impact induit

Pour chaque étude, un taux d’impact par capillarité sur un territoire est défini. En clair, les retombées économiques stricto sensu sur le périmètre étudié. Sur le CHV, le coefficient validé est de 1,75. De facto, le CHV génère un impact économique induit de 324. 275.444 €.

Sur le volet social, les sous-traitants du CHV peuvent se quantifier à 3 203 emplois ETP.

L’impact total

Les trois segments associés débouchent sur un chiffre total de 509.575.698 €, et sur le volet social 6 882 emplois ETP.

Au niveau d’un CHR

Cet agglomérat de chiffres vise à démontrer le degré de cet établissement public de santé. « Il est d’un niveau régional. Un CHU (Centre Hospitalier Universitaire) doit irriguer 1,5 millions d’habitants. Il existe deux CHU (Lille et Amiens) sur la région des Hauts de France dotée de plus 6 millions d’habitants », indique Rodolphe Bourret.

C’est pourquoi, l’idée que le CHV devienne un CHR (Centre Hospitalier Régional) n’est pas incongrue. « Nous sommes à une taille critique. Le passage en CHR donnerait au CHV des moyens financiers nouveaux. De même, cette régionalisation apporterait de la crédibilité supplémentaire pour le recrutement, c’est très attractif. Le passage en CHR serait également une reconnaissance populationnelle », précise le DG.

Un point très sensible, car « nous avons des difficultés de recrutement. Par exemple, nous avons un grand besoin d’infirmières, mais nous ne trouvons pas de candidates ! », précise Isabelle Girard-Buttaz. D’autant plus que « le CHV n’a pas de problème avec son effectif, mais il est sous tension, c’est presque un repoussoir. Le CHR nous ferait passer un cap », ajoute-t-elle.

« Je trouve très paradoxal que l’on constate depuis des décennies des indicateurs de santé très délabrés sur ce territoire, et dans la foulée, on nous refuse le passage en CHR. C’est la position tenue par l’ARS, et encore très récemment dans une réunion au mois de janvier dernier », commente Armand Audegond.

Comme l’ARS est le bras armé régional de l’Etat, bien plus que l’ex ARH, il paraît logique que cette décision intervienne au plus haut niveau. Le CHV est un établissement de santé bénéficiaire, bien géré, sous l’ancienne direction de Philippe Jahan, et sous la nouvelle avec Rodolphe Bourret, cet état de fait est-il pénalisant ?

En résumé, la décision finale dépend tout simplement de la position du curseur. Si le Ministère de la Santé s’arrête au volet financier. Rien ne bougera, car le CHV se développe tout en restant excédentaire, pas besoin de plus de déficit public. Par contre, si vous mesurez ce passage au bénéfice des patients, plus de service médical performant, des indicateurs de santé en baisse, moins de recours à la Sécurité Sociale etc. Tout réside dans la position du miroir, la santé est-elle d’un intérêt supérieur au besoin financier nécessaire ou les moyens alloués s’inscrivent-ils dans une logique budgétaire, point final… Après tout, les mauvais indicateurs de santé ne sont que des chiffres, les morts défilent rarement le samedi… !

Au fond, tout tient de bon matin, le jour du Conseil des ministres, comme quoi la santé de centaines de milliers d’individus tient à peu de choses !

Daniel Carlier

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