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Le Sacré-Coeur sur l’autel de la discorde à Denain

Une délibération du Conseil municipal de Denain était très attendue par un public plus nombreux que d’habitude, voire les élus, celle concernant l’acquisition par la commune de l’édifice du Sacré-Coeur désacralisé. La joute verbale n’a pas manqué au rendez-vous, cela promet pour cette élection municipale où la majorité sortante se voit challenger par le Rassemblement National, victorieux aux dernières législatives en juin 2017 dans la 19ème circonscription (visuel public au Conseil municipal).

Le procès de l’action publique

Pour rappel des faits tangibles sur ce dossier devenu épidermique courant de l’été 2019, cette bâtisse, baptisée « Eglise D’Usinor », a été achevée en 1906. Pas une date anodine, puisque la loi du 09 décembre 1905 concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat avait attribué tous les édifices religieux aux communes de France. Par contre, l’église demeure l’affectataire permanent  et perpétuelle de ces édifices… communaux. Donc, après 1905, toutes les constructions d’églises sont à la charge du l’église, en l’occurrence celle du diocèse de Cambrai pour le Sacré-Coeur. Ce n’est un secret pour personne, le Diocèse de proximité n’a pas les moyens du Vatican, et de facto l’entretien des édifices religieux à sa charge constitue un casse-tête financier permanent. D’ailleurs, Monseigneur Dollmann, successeur de Monseigneur Garnier décédé le 15 août 2018, a choisi de missionner l’Abbé Jean-Marie Launay (depuis le 01 septembre 2019) pour dialoguer avec les communes sur l’état bâtimentaire des églises du Valenciennois, Denain compris de fait.

Bref, à une année près, la polémique ne serait pas la même du tout et un certain tract aurait pu être vrai.

« Vous mentez tout comme Sebastien Chenu », Anne-Lise Dufour

La première magistrate de la ville de Denain brandit un document papier. « Sur ce tract distribué aux Denaisiens, Sébastien Chenu ment, de même que dans une vidéo. Il indique que la ville de Denain a vendu le Sacré-Coeur », assène Anne-Lise Dufour. Comme vu dans le premier paragraphe, c’est impossible de par la loi du 09 décembre 1905, l’église du Sacré-Coeur, fermée en 2007, et désacralisée en 2012, fut vendue par le Diocèse de Cambrai à l’association « La Maison de Mam’Jo » pour un euro symbolique. Le RN ferait bien de travailler ses dossiers… !

Ensuite, Michelle Dandois évoque un intérêt sur ce dossier du présentateur emblématique du patrimoine Stéphane Bern, grâce à l’entremise du député de la 19ème circonscription. « Je lis dans la presse de septembre 2016 que Stephane Bern s’intéresse à cette église du Sacré-Coeur », poursuit Anne-Lise Dufour. Toute chose étant égale par ailleurs, le nouveau loto du patrimoine a conduit les élus locaux à chercher la lumière pour leur pépite en mal de financement, l’amour pour les vielles pierres bat son plein. Et en même temps, les dons des particuliers ne sont pas une légende, on l’a vu pour Notre-Dame de Paris, et bien sûr la Fondation du Patrimoine avec sa ligne ouverte pour le patrimoine minier (https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/patrimoine-minier-en-danger).

« Votre manoeuvre électorale ne trompe personne », Michelle Dandois

Enfin, Michelle Dandois fustige la première magistrate sur le moment choisi pour lancer cette acquisition. « Cette délibération résume votre gestion et votre mandat, dépenser l’argent que l’on n’a pas. Les Denaisiens ont appris la nouvelle sur Facebook au coeur de l’été, cette manoeuvre électorale ne trompe personne. C’est un effet d’annonce ! », lâche Michelle Dandois.

Sur le point du timing estival, force est de constater que des élus aguerris, comme c’est le cas à Denain, ne pouvaient ignorer la polémique instantanée à quelques encablures des municipales. Pour le reste, il y a 50 ans, une commune de gauche aurait sauver du patrimoine bâti pour l’ouvrir au public, comme le Château Lebret. Aujourd’hui, toutes les municipalités de gauche, voire les intercommunalités de gauche, sauvent également les églises… à donner une grosse migraine à notre laïcité constitutionnelle, mais tout le monde s’en fout. Que l’on passe vite au régime Alsacien, où la puissance publique peut soutenir légalement les communautés religieuses, ce sera moins hypocrite au final.

Pour sa part, Emmanuel Cherrier justifie ce moment en indiquant que l’on ne pouvait pas le faire avant. « Si certains travaux avaient été entrepris, sous l’ancienne mandature, sur le Château Lebret. Nous n’aurions pas eu besoin de le détruire en 2016, car dans l’impossibilité de mettre sur le table 8 millions d’euros », tance l’adjoint à la culture en réponse à la diatribe de Véronique Lehue… « vous n’avez rien fait sur la Fosse Mathilde, la mine image, la signalétique sur Denain, Avesnes le Sec a réussi a sauvé son château ».

Pour sa part… « certes, je suis ravi pour les catholiques, mais vous avancez à l’aveugle sur ce dossier », Djemaï Drizi

Anne-Lise Dufour promet une consultation des denaisiens sur les choix potentiels de projets. « Nous achetons pour l’euro symbolique le Sacré Coeur, mais nous finançons 500 000 € pour une étude et des travaux de mise en sécurité. Après, nous ferons un choix sur les projets en consultant les denaisiens », ajoute Anne-Lise Dufour. Sauf que les administrés ne pourront plus dire, le Sacré Coeur- nous n’en voulons pas-. C’est un peu l’histoire de la semaine de 4 jours et demi, où l’enfant était de nouveau au coeur de la réflexion scolaire, sauf que dans la pratique cette loi était incroyablement inégalitaire en terme de cohésion territoriale, riche ou pas, surtout équipé en structures ou pas, la compensation financière ne suffisant pas. Et le résultat est que les Denaisiens n’en voulaient pas, voire ne se sont pas déplacés pour le dire !

Sur la fosse Mathilde dont l’absence de rénovation lourde est pointée du doigt par l’opposition municipale, Anne-Lise Dufour annonce « que nous discutons avec l’EPF, propriétaire de la Fosse Mathilde, nous devons présenter un projet concret afin que l’EPF ne démarre la réhabilitation. En l’occurrence, nous allons réaliser un projet de ferme urbaine ».

« Vous participez à la course à la démagogie de Sébastien Chenu », Jacky Boucot

Jacky Boucot, l’élu de Lutte Ouvrière, a résumé la situation avec un esprit de synthèse confondant. D’abord, il cloue au pilori le Diocèse de Cambrai pour son absence d’’entretien de son église. Comme nous l’avons vu plus haut, Monseigneur Garnier disait sans se cacher « nous avons les finances d’une ville de 15 000 habitants pour tout le Diocèse de Cambrai », il suffit de regarder le périmètre de ce Diocèse qui explose toutes les frontières administratives des EPCI connus pour mieux comprendre. Bref, Denain n’était pas une priorité pour le Diocèse de Cambrai !

Ensuite, il rappelle un élément tangible, puisque ce n’est pas un fait nouveau l’état du Sacré-Coeur, les « estimations variaient entre 300 000 euros et 7 millions, un expert avait ciblé la dépense entre 2,5 et 3,5 millions d’euros. Vous participez à la course à la démagogie de Sébastien Chenu. Ce sera une rénovation pour un coût de 10 millions d’euros, soit 500 € par tête de denaisien », déclare Jacky Boucot.

L ‘édile ne se démonte pas : « Nous avons d’abord fait les travaux là où nous devions les faire. En 2008, nous avions 11 écoles, sur 18, proches de la fermeture administrative. Aujourd’hui, je signe en juillet un ANRU 2 où je constate que 130 millions d’euros seront engagés sur Denain avec 120 millions d’euros subventionnés, grâce à l’Etat, la région Hauts-de-France pour lequel, d’ailleurs, Sébastien Chenu a refusé de voter une subvention pour Denain comme conseiller régional ».

La phrase du jour à Emmanuel Cherrier en réponse à une demande de l’opposition afin d’initier un RIC. « Ce serait un référendum municipal, car par définition un Référendum d’Initiative Citoyenne est réalisé par les citoyens… », ça pique !

Aide aux propriétaires du parc ancien

Une délibération cadre est très importante pour les Denaisiens en terme de travaux sur le parc ancien, incitation, contrainte, tout y passe. En effet, une aide conjuguée de la ville de Denain et de la Porte du Hainaut permettra aux propriétaires de bénéficier plus facilement des subventions de l’ANAH. « Nos services participeront surtout à une aide administrative des propriétaires, car c’est un peu le parcours du combattant pour remplir un dossier avec l’ANAH. Il n’y a pas de critères de revenus, seuls les payeurs de l’IFI sont exclus de ce dispositif », précise Anne-Lise Dufour.

Contactez dès que possible les services de la municipalité si vous avez un besoin en la matière.

Daniel Carlier

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